Thème : Deuxième guerre mondiale

Mes enfants ne doivent pas mourir

« Depuis combien d’heures l’immense colonne de prisonniers civils avance-t-elle en trébuchant ? Plus personne ne sait si l’heure de midi est passée. Les enfants pleurent, les bonnes gens âgés gémissent, car leurs faibles jambes ne les portent presque plus.
– En avant ! En avant ! crient toujours et encore les escorteurs armés. »

Après une enfance paisible dans l’est de l’Allemagne, Christel Bersier Richard se retrouve prisonnière civile avec toute sa famille à la fin de la seconde guerre mondiale, lorsque la région tombe sous occupation russe. Dans ce témoignage poignant, elle relate ce long périple dans les méandres administratifs de l’après-guerre où ils lutteront ensemble pour survivre en attendant le précieux sésame : leurs visas pour s’enfuir en Suisse.

Itinéraire d’un enfant caché…

« Je me souviens de la phrase de mon frère Raphaël qui, pour nous protéger, m’a dit de ne jamais révéler que nous étions juifs car nous serions tous immédiatement tués. Mais pourquoi ? Qu’avait-on fait de mal ? Il a dû être très convaincant car depuis ce jour et pendant ces deux années de clandestinité, je n’ai jamais parlé, ce qui nous a certainement sauvé la vie. »

Paris, 1943, les persécutions contre les juifs et les rafles s’intensifient. Les parents de l’auteur décident d’envoyer trois de leurs enfants en « vacances », loin de la capitale, pour les protéger. La séparation sera définitive, Raymonde, 3 ans, sa mère et son père sont arrêtés et déportés. Ils ne reviendront pas.
L’auteur a échappé à la mort mais pas au fardeau du souvenir. À ses petits-enfants, qui le pressaient de questions sur cette période, il peut enfin dévoiler ces deux années de clandestinité, à Baule, dans le Loiret, loin des siens. Il dit aussi, avec une pudeur infinie, la douleur toujours brûlante de l’arrachement à ses parents et à sa petite sœur.

Le Feu sur la Neige

« En 1966, quand il écrit son histoire, j’étais adolescent et je n’y avais pas attaché d’importance, même s’il m’en avait alors raconté quelques anecdotes comme la rencontre avec un élan, le vol de la vache ou l’impressionnant hurlement des loups la nuit.
J’ai découvert le manuscrit en mai 2003, bien rangé au fond d’une malle du grenier. Son histoire m’a évidemment passionné. Bien qu’elle ait maintenant 75 ans, il m’a paru important de la sortir de l’ombre pour la faire connaître non seulement à ses dix petits enfants mais aussi, plus largement, aux nouvelles générations. »

Fait prisonnier à Toul en 1940, Charles Belbéoc’h est envoyé dans un camp en Prusse-Orientale, l’est de la Pologne actuelle. Il ne songe qu’à s’évader. Il sera repris à chaque fois. Il finira par atteindre les lignes russes en mars 1945 et aura, dans l’intervalle, vécu mille vies et cherché à aider toutes les personnes se trouvant sur sa route et ce, quelles que soient leurs origines. Un récit d’aventure humaine faite de faim et de solidarité, de mitraille et d’espoir, de mort et de fraternité et, dans cet hiver glacial, un rare et poignant témoignage du dramatique exode de la population prussienne terrorisée par l’armée soviétique.