« Tout Kigali était en proie à des massacres.
Pourtant, il devait y avoir un ou deux réticents. Quelqu’un m’expliqua un jour que chaque récalcitrant était pris à part et qu’en partageant une bouteille de Primus, on leur expliquait l’importance et la nécessité des opérations. La façon de gérer un réticent, m’a-t-on dit, était de fournir plus de bière, de sélectionner un Tutsi et de lui ordonner de le tuer. En général, m’a dit mon informateur, cela faisait l’affaire. Et s’il y avait un insoumis qui refusait encore ? Celui qui se tenait systématiquement sur le côté lorsque les meurtres avaient lieu ? Une telle personne, m’a-t-on expliqué, était dangereuse pour la cohésion du groupe et devait servir d’exemple. »
Concentré sur des histoires individuelles, le récit de Charles Petrie rappelle combien la terreur peut être rapidement déclenchée. Lorsque le libre arbitre de quelques-uns cède, alors la bête immonde fait son entrée dévastatrice.
Fonctionnaire à l’ONU, Charles Petrie a été témoin des horreurs du génocide rwandais. Il a également dénoncé la complicité armée de certains de ses collègues, responsables de meurtres et dont les crimes restent impunis.
Dans ces récits du génocide rwandais, le fragile équilibre du libre arbitre vacille, laissant place à l'entrée dévastatrice de l'horreur. Une exploration poignante des limites de l'humanité face à la monstruosité qui sommeille en chacun de nous.
Témoignage poignant. Une publication d’une grande pertinence au moment de 30e anniversaire du génocide.
Ce livre prouve l’engagement à toute épreuve de l’auteur. Bravo pour cette courageuse quête de justice !