Thème : Témoignages

Sur les pas de l’Archange

« Le décollage, vers le nord de la capitale encore endormie, nous laisse apercevoir très vite le trait côtier qu’il suffit de longer pour atteindre le Banc d’Arguin. Le soleil qui se lève à l’est au-dessus de l’immense désert encore baigné de fraîcheur, n’est pas gênant pour la vue du pilote. Le petit avion est équipé, si besoin, d’un pare-soleil découpé dans du Styrodur léger. Point besoin pour le moment. Le soleil rasant n’est pas encore agressif. Il se contente de réveiller les dunes ondulées. »

Tropique du Capricorne, Tropique du Cancer puis mythique ligne de l’Aéropostale de Nouakchott à Dinard. Ce sont trois carnets de vol émaillés de réminiscences, de souvenirs lumineux d’escales qui sont racontés. La nostalgie est de chaque plan, un père évoquant son fils disparu, Gildas, pilote de chasse sur Mirage, et leur commune passion pour l’aviation.

J’ai dessiné un cancer !

« Pour appréhender cette « alchimie » interne, il est indispensable de changer de point de vue sur nous-mêmes, prenant une autre focale que celle du microscope utilisé en biologie interne, pour passer au grand angle de la vision holistique permettant d’intégrer à notre analyse tous les éléments qui nous constituent au-delà du simpliste « bout de viande ». »

Après le diagnostic d’un cancer de la gorge, l’auteur décide de sonder sa propre psyché. Certain qu’une approche holistique est nécessaire, il explore ses pensées, croyances profondes et énergies spirituelles pour évaluer quels éléments « non physiques » ont pu contribuer à la naissance de sa maladie ?
Ces interrogations sont d’autant plus cruciales pour Elgé que, depuis deux décennies, il a travaillé sur ses blessures et ses dysfonctionnements intimes. Alors a-t-il oublié en chemin un trauma, terré quelque part dans son inconscient ?

L’ombre de l’enfance

« Pour moi, c’est l’une des seules journées dont je me souvienne où je me suis sentie vraiment joyeuse, heureuse et surtout libre et épanouie ! Ce qui a suivi n’a été pour moi, et je n’exagère pas, que tortures et souffrances… »

Des images fugaces, si brèves, d’une journée ensoleillée en famille. Un souvenir rayonnant qui sera suivi de jours sombres, envahis d’un pesant désespoir. L’auteure témoigne avec pudeur des drames qui ont entaché sa jeunesse, de la déchirure familiale aux agressions qu’elle a subies.
Pour que le passé ne soit plus une ombre portée sur l’ensemble de son existence, Zineb Lakriaa écrit pour tout raconter et expliquer aux autres, et à soi, comment la vie peut brutalement déraper.

Tout un automne

« Je n’arrive pas à croire à ce qui nous arrive.
Je pense que je suis dans un cauchemar.
Je ne peux imaginer la vie sans lui. »

Lorsque l’impensable se produit, écrire permet de conserver en mémoire les événements avec l’espoir de pouvoir un jour les raconter au principal intéressé.
L’auteure décrit l’effarement après l’annonce de l’accident de son fils Gwenaël, victime d’une rupture d’anévrisme cérébral. À la stupeur va s’ajouter l’attente, épuisante, et qui met à mal l’entourage familial.
Témoignage d’une mère face à la maladie de son enfant, Tout un automne prend la forme d’un journal de bord sans concession. Daphné Dumont agrippe les souvenirs, les beaux et les plus tristes, pour dire la brièveté de la vie et la force des liens qui unissent un parent à son enfant, envers et contre tout. Elle dévoile aussi combien la souffrance d’un être cher agit comme une onde sismique, dévastant tout sur son passage.

La maison des petits bonheurs

« Je ne veux pas que mes souvenirs s’échappent et m’échappent. Je ne supporterais pas de devoir les laisser filer eux aussi. Je veux les garder près de moi, intacts, jusqu’à mon dernier souffle. Je ne veux pas les voir partir en fumée. Je ne veux pas ranger leurs cendres dans une boîte et les réduire au silence. Ils ne tiendraient pas de toute manière. Je préfère les serrer contre moi, dans mon cœur et ma mémoire, et les avoir pour toujours avec moi. »

À la mort de ses grands-parents, la narratrice doit dire adieu à leur demeure. La maison de son enfance et des grandes vacances. Elle la retrouve au cours d’un dernier voyage par le biais de ses souvenirs et de ses sens. Une odeur, une couleur, une saveur ou encore la grâce d’une fleur. Elle accepte de laisser la maison derrière elle car elle sait qu’elle peut la retrouver, intacte, dans sa mémoire.

Ma vie de papa à une main

« Tiens, papa, c’est celui-là ! Prends ! Prends !

Jules, c’est un de tes préférés, celui-là, pourquoi tu lui as cassé une main ? (En fait, il avait cassé la main de son cow-boy de l’espace.)

Je ne sais pas…

Ben si, Jules, dis-moi…

Ben… ben… ben comme ça, il est comme papa… »

Cas pratique : comment aider votre enfant à fermer son blouson ou à faire ses lacets, si vous n’avez l’usage que d’une seule main ? Impossible, penserez-vous. Ces prouesses, pourtant, l’auteur les accomplit depuis la naissance de son fils.
Atteint d’une paralysie du plexus brachial, Vincent Engler évoque sans fard son quotidien de jeune papa confronté aux mille et un obstacles d’un quotidien ponctué de petites et grandes victoires.

Souffle de vie

« Il suffit d’un rien, d’une visite de contrôle chez le médecin, d’un bilan annuel, d’une voiture qui vient face à soi pour nous prendre ce que l’on a de plus précieux : la vie.
Et puis il faut, il faudrait, développer ce que l’on a tous en soi logé au creux du cœur, la foi, afin de donner à son âme une bonne envie de rester. »

L’auteure aurait pu accepter la sentence et sombrer à l’annonce de la maladie : tumeur du cerveau de grade 3.
Mais une fois la stupeur et le choc passés, elle décide d’embarquer dans cette bataille, en sachant que rien ne sera facile, s’y livrant corps et âme, de toutes ses forces.
Revient alors l’envie de vivre, alliée à un éveil à la spiritualité, à la quête de sens et de bien-être, grâce à des rencontres providentielles.

La vérité sur l’École d’aujourd’hui

« J’aurais aimé, avant de m’engager sur la voie du concours, qu’on me prévienne qu’être enseignant aujourd’hui, ce n’est pas ce qu’on imagine, ce n’est pas ce qu’on a connu. »

L’autrice a choisi d’enseigner par vocation. Une conviction qui s’est heurtée aux réalités du terrain. Entre complexités et absurdités administratives, manque de supervision, absence de soutien de sa hiérarchie, la jeune professeure a vu le désenchantement grandir, en même temps que l’édifice éducatif vacillait de plus belle autour d’elle.
Comment alors redresser la barre ? Est-il encore possible d’y parvenir ? Retournons sur les bancs de l’école pour appréhender l’enjeu.

Prisons – Un hôtel pour délinquants ?

« Aujourd’hui, j’ai fini par accepter ma peine ainsi que tout ce qui peut encore m’arriver dans la vie. Je dois tout de même remettre en cause partiellement mes croyances envers les mots juste et justice. En croyant à la justice, celle-ci me faisait-elle aussi crédit ? Elle recevait ma confiance, et en retour, elle me prive de liberté. Dois-je donc continuer à lui faire confiance ? »

Derrière les murs de la prison où il purge sa peine, l’auteur oublie ses rêves de plages exotiques pour prévenir les jeunes des dangers de l’irresponsabilité et de l’individualisme. Se fondant sur son vécu et les témoignages de codétenus, il dévoile un univers carcéral méconnu et souvent mal compris.
Appuyé par le langage fréquemment cru de ce milieu, ce récit permet de saisir les enjeux et les contradictions des prisons modernes.

L’amour inconditionnel est une condition

« Vous vous rappelez les conflits intérieurs avec votre mental et votre cœur que vous aviez, sans le savoir et comprendre, dans votre enfance ? Bien, voilà que vous y êtes confrontés. Alors maintenant, commençons à décortiquer dans la plus tendre, mais la plus clairvoyante de nos profondeurs ce que cela a bien pu créer en nous, pour nous faire croire ce que l’amour est réellement… »

Nos émotions, notre regard sur nous-même et sur nos relations aux autres. Tout cet ouvrage nous invite à aller d’abord vers l’intériorité pour ensuite nous ouvrir à l’autre. Ce cheminement est celui de l’amour, un amour dégagé des conditionnements et des croyances limitantes.
Guidés par la parole bienveillante de Joël Dougoud, nous sommes invités à plonger dans son texte et à affronter nos remous intérieurs pour en ressortir comme une nouvelle personne.
Alors, faisons maintenant connaissance avec l’amour.
« Tu t’attendais à une bande-annonce de ce livre, mais non, je veux juste que les yeux de ton cœur lisent mon histoire de vie jusqu’ici… Belle et douce lecture à toi… »
Joël Dougoud

La Porte

« J’écris avec sincérité des évènements lointains qui ont jalonné l’existence d’une femme que je ne suis plus. Pourtant, tout est dans mon corps, inscrit dans mon cerveau mémoire. J’ouvre ces tiroirs comme on sort des archives, sans état d’âme, comme un temps de paix après une guerre. C’est passé. »

L’autrice se livre à l’exercice difficile de la biographie avec une honnêteté désarmante. Elle fait le récit d’une existence bouleversée par un drame : le viol. Pour elle, les difficultés se sont enchaînées sans qu’elle ne trouve d’aide extérieure aux moments cruciaux, malgré les efforts déployés. Sans chercher d’excuses, consciente de ses manques, elle n’hésite pas également à interroger les relations avec sa fille.

La fille des ruines

« Nous avons en commun le fait d’être des victimes d’actes de pédophilie et d’abus sexuels, toutes ces questions qui rendent fou et cette quête viscérale de réponses, ce besoin de reconnaissance du crime et de la responsabilité de nos bourreaux. C’est la seule solution pour que la honte et la culpabilité changent de camp, pour réussir à tourner la page et à trouver un peu de paix. »

Il y a les filles « de » qui donneraient tout pour ne pas l’être. Celles dont le géniteur est montré du doigt. Celles qui ont honte. Alice Guitton a fait partie de cette caste.
Elle a grandi dans un univers familial toxique face à un père maltraitant, manipulateur et qui a su contourner un système judiciaire défaillant pour assouvir ses pulsions destructrices. Si elle a échappé aux abus incestueux de son père, elle est pourtant devenue le jouet d’un autre prédateur. Alors comment sortir de ce cercle infernal, de cette perversité psychologique qui conditionne un enfant maltraité à devenir une victime désignée ?
C’est ce combat que raconte Alice, pour libérer sa parole, faire reconnaître devant la cour son calvaire et se reconstruire sur les ruines d’une enfance saccagée.
Elle nous dit l’effroi au quotidien et la farouche volonté de tenir tête, avec panache, avec fierté, parce qu’on se doit à soi-même de survivre.

La revanche du Bonnet d’Âne

« Voyant les faces hilares de tous, les rires, les moqueries, sentant les boules de gomme, les boulettes de papier lancées sur moi, subissant la cruauté des professeurs qui excitaient la raillerie de leurs élèves, personne ne comprend, personne ne comprendra jamais qu’en cet instant, j’éprouvais un sentiment d’absolue délivrance malgré l’humiliation : je devins plus farouche et plus fort qu’un lion.
Non, plus jamais je ne me laisserais humilier à l’avenir. »

Comment s’en sortir lorsque tout se ligue contre vous depuis l’enfance ? Brutalisé par son père, privé de la tendresse d’une mère, l’auteur est laissé à son sort entre les murs d’un pensionnat, dès l’âge tendre de 7 ans. Le coup de grâce prend la forme du bonnet d’âne dont les pères l’affublent en une dégradante punition. Ils croyaient le faire sombrer, ce sera le contraire. Au propre comme au figuré, Jean-Luc Charrière se sauve. Il s’enfuit à Paris. Il n’a que 14 ans et va se relever, seul, et décider de prendre sa revanche en saisissant toutes les opportunités qui se présentent à lui.
Durant son service militaire, il obtient tous les permis de conduire possibles et part au Brésil piloter des engins de déforestation. Une première expérience suivie de biens d’autres au Moyen-Orient et en Afrique, jusqu’à la consécration : la fondation de sa propre entreprise de transports.

Le dernier prisonnier d’Arusha

« Je voudrais dire au lecteur qu’il a devant lui le récit d’un condamné par une juridiction dans laquelle il a toujours perçu des germes profonds d’injustice, cela même avant qu’il ne soit arrêté et jugé »

Durant plus de deux ans, l’auteur a été l’unique prisonnier du Centre de Détention onusienne à Arusha (Tanzanie), après le transfert de ses co-détenus dans d’autres pays.
Augustin Ngirabatware expose cette vie derrière les barreaux, pointant l’injustice qu’il a subie sans divulguer d’identités dans le respect des décisions du tribunal. Condamné par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), il s’étend sur les manipulations politiques et les lacunes de la quasi-totalité des procès du TPIR qui n’ont ciblé que les membres d’un seul groupe ethnique rwandais. Pour sauver la justice pénale internationale qu’il estime partisane, il propose la création par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une Commission Juridique Internationale Indépendante pour le Rwanda devant faire la relecture du legs du TPIR et proposer des solutions idoines.

À cœur vaillant

« Les gars… Faut que je vous annonce un truc de ouf ! J’ai un cancer ! Ah ! Vous ne vous attendiez pas à ça ? Vous pensiez que j’allais vous dire que j’avais enfin réussi à dompter le cœur de cette fille… Je vais dompter une nouvelle maladie, ça compte, non ? dis-je à ma bande en essayant de passer par l’humour pour qu’ils ne s’inquiètent pas. »

« Votre enfant a une maladie génétique très rare, nous ne savons pas ce qu’il a exactement ni… s’il survivra… » L’arrivée au monde de l’auteur a été saluée par ces mots suivis du funeste diagnostic de cytopathie mitochondriale. Terry Lourties a appris à marcher dans les couloirs de l’hôpital, frôlé la mort à plusieurs reprises et subi une greffe du foie.
Aujourd’hui, il court le monde et raconte avec un humour ravageur son parcours hors norme. Études, voyages, il dévore la vie à pleines dents, comme un pied de nez à la maladie qui l’a longtemps ligoté.

J’ai tué ma mère

« Je me sens tellement bien que je refuse à nouveau de me considérer comme une simple malade psychiatrique ! Je suis tombée à la suite de plusieurs échecs mais ce sont des accidents de parcours ! Je suis normale, comme les autres ! »

Tuer la mère ou le père, nous l’avons tous fait, la psychanalyse nous le confirme. Pour celle ou celui qui souffre de troubles psychiatriques, ce n’est pas un phénomène normal dans sa croissance psychique, mais une tension, source de grande détresse. Avec cette plongée autobiographique dans son mal-être, l’auteure nous entraîne dans son parcours souvent douloureux, constellé de doutes, à la recherche de solutions qui lui offriront un temps de répit.

La vie est un vaudeville

« Je repense au Vaudeville de ma vie et je plane. La vie est une fleur et l’amour est le miel et tout est si parfait que cela fait presque mal. Je pense à la maison que nous allons construire ensemble. Remplie de toiles d’araignées pour l’instant, il va falloir faire souffler notre vent. Que de fêtes allons-nous organiser dans notre maison ! Que de rires vont résonner dans ces murs ! »

Secrets d’un comique de situation réussi : la répétition, le quiproquo, la légèreté. La vie, nos vies, nous offrent tout cela avec une certaine constance. Aussi, plutôt qu’en prendre ombrage, profitons de ces faux pas offerts par le destin.
Faire son miel des belles choses et des plus tristes, en les écrivant, en les croquant, en les peignant, Anne de Kerchove et Annabelle Speeckaert ont fait leurs ce credo et le partagent avec entrain.

Mosaïque amoureuse

« Ils étaient mes muses éphémères – des hommes diurnes qui n’ont en chair plus que le mot, et de cher plus que le souvenir qui s’oublie.»

« Mosaïque amoureuse » est un recueil de fragments qui, chacun à leur façon, tentent de dire l’amour, et murmurent ses ruines quand il faillit. Tous sont nés de rencontres passionnées, parfois échouées, d’autres fois bienvenues. Certaines ne durèrent que le temps d’un soir, d’un rêve, d’autres furent un pan d’existence.
Aussi différents soient ces fragments, ils cherchent tous à raconter le souvenir, et aussi singuliers soient-ils, à évoquer un sentiment universel trop bien connu, mais à jamais trop peu compris – l’amour.

Touché par la grâce

« Dès les premiers soins, j’avais eu cette sensation qu’en fait, je n’étais qu’un miroir dans lequel les êtres se voyaient. Plus le miroir est pur, plus celui qui se regarde dedans voit son propre éclat, sa beauté. C’est le premier pas vers la guérison. La vérité est la lumière de l’âme. »

Après deux années de lutte, l’auteur a accepté la grâce qu’il a reçue, lui, l’homme ordinaire touché par l’extraordinaire. Cette expérience, il en témoigne, lui a apporté la Liberté d’âme. La foi, les vertus et les dons qui lui ont été confiés, font de lui un Serviteur du Vivant, un messager de la bonne parole.

Carnet d’un étranger au Japon

« Un torii surplombait l’entrée de l’allée, marquant la frontière entre la réalité et l’au-delà. Plus loin, tout était plus vieux, endommagé voire à l’abandon. Des portes, rouillées, tombaient en lambeaux. J’ai marché environ dix minutes sans savoir où cette voie me mènerait. Au bout trônait un sanctuaire recouvert de mousse, figé dans le temps. »

Récit d’un périple mémorable, ce carnet de voyage propose une aventure immersive au cœur de la beauté, de la diversité et de la richesse culturelle du Japon. L’auteur nous entraîne à sa suite dans une découverte du pays du Soleil Levant avec près de 600 km parcourus à pied et trois fois cette distance en train.
Sanctuaires paisibles au cœur de l’agitation urbaine, ruelles animées, expériences sensorielles retranscrites au plus près de l’émotion, ce livre est une invitation à l’émerveillement et à la curiosité.