De la créativité avant toute chose, c’est le credo de l’autrice. Dessin, travail sur bois, écriture, Christiane St-Amand exerce ses talents avec toute la liberté que lui prodigue le temps de la retraite. Infiniment sensible aux écueils de la nature humaine, elle les tient en respect à travers son travail de romancière.

DE L'AUTEUR
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Rencontre avec... Christiane St-Amand

1 : Pouvez-vous nous présenter votre livre?

Tout d’abord, mon livre est un roman qui se situe dans la catégorie « fiction ». Il s’intitule : Jean-Christophe Sauvé au pied du mont Sinaï.

L’histoire que j’ai créée se déroule dans un décor bien réel où chaque lieu et mode de vie existent en Égypte, dans la péninsule sinaïtique, ainsi qu’à Jérusalem. Le scénario, quant à lui, contient des faits inouïs avec des personnages entièrement fictifs.

En ce qui concerne le Sinaï, toute l’intrigue commence au monastère Sainte-Catherine. Ce lieu, depuis l’époque de Moïse, est reconnu pour son caractère hautement mystique. Tout événement extraordinaire peut donc se produire en cet endroit.

Pour ce qui est de mon personnage central, Jean-Christophe, il est un phénomène en soi. Est-il humain ou divin? Tout indique, dès son « apparition » qu’il est Jésus-Christ revenu sur terre. De nombreuses personnes y croient fermement, alors que d’autres n’y croient pas dutout. Pour les croyants, c’est le retour tant annoncé du Sauveur. Pour les récalcitrants, c’est un imposteur. À travers ces derniers, se manifeste sévèrement leur chef, un intégriste islamiste nommé Omar, qui se découvre une haine incommensurable envers le prétendu Sauveur, au point de vouloir sa mort à tout prix. Car Jean- Christophe est là pour sauver le peuple qu’Omar veut exterminer, les Bédouins. La venue de Jean-Christophe devient donc pour Omar l’obstacle à abattre. Aussi, plusieurs personnes entourent et soutiennent soit Jean-Christophe, soit Omar. Par l’intermédiaire de ces deux adversaires, c’est la lumière et les ténèbres qui s’affrontent dans une force absolue.

2 : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

J’ai de nombreuses sources d’inspiration. Par exemple, quand je regarde un film, je réagis vite à toutes formes d’événements et à différents genres de personnages. Un lieu peut m’inspirer, une personne, un animal, un objet quelconque, un climat, une époque, des vêtements et ainsi de suite. Ma liste d’inspirations est à l’infini.

Alors, ce qui a été à l’origine de mon roman s’est passé comme dans un flash lorsque j’ai regardé, pour la centième fois, le film : Jésus de Nazareth. En voyant Jésus, je me suis mise à l’imaginer à notre époque. Dans ma tête, je voyais ses apôtres, son père Joseph, sa mère et le peuple qui l’entourait en train de discuter ensemble. En étant dans cet étrange songe éveillé, l’idée de faire de Jean-Christophe un personnage à l’effigie de Jésus m’apparaissait amusante et réalisable. Plus j’imaginais Jésus à notre époque, plus je voyais clairement ce que je voulais écrire. Et ce n’est pas tout ; dans ma quête d’une histoire remplie d’éléments inusités, je cherchais un nouveau prénom pour Jésus. Toutefois, il fallait que je le change, tout en conservant le sien. Je me suis alors inspirée de son titre : Jésus-Christ Sauveur. Ce qui a finalement donné : Jean-Christophe Sauvé. Ce nom joue un rôle primordial dans l’histoire.

Jésus a donc été ma première inspiration pour mon roman. Ensuite, j’ai voulu joindre à mon personnage principal seulement des endroits que j’aimais ou qui m’attiraient fortement, comme l’Égypte et Jérusalem. Surtout que ces lieux, aujourd’hui, gardent encore les traces d’un lointain passé physique et mystique. Les époques lointaines m’attirent beaucoup plus que l’époque moderne dans laquelle nous vivons. Dans mon désir de retourner dans les temps reculés, l’ère biblique m’interpellait plus que les autres. Car, j’avais tout simplement envie de ramener à la vie Jésus et d’une certaine manière son époque, c’était pour moi une façon de me plonger dans son vécu et de vivre comme au temps de la Bible, mais en y incluant notre modernité. Je dois dire que notre monde moderne avait une importance capitale, il m’aidait à ne pas répéter le même scénario vécu à l’époque de Jésus ; je ne voulais pas tomber dans le piège qui aurait pu faire de mon histoire un copier-coller. J’ai donc décidé de garder seulement quelques grandes lignes de sa vie et de sa personnalité, et ainsi d’arriver plus facilement à les adapter à notre époque.

Par ailleurs, lorsque je sortais de chez moi, j’examinais les gens qui m’entouraient. J’étais parfois témoins de discussions amusantes entre des pères et leurs fils. C’est à ce moment que j’ai eu l’idée d’inclure le père de Jean-Christophe dans mon scénario. De cette manière, je pouvais créer une histoire à double sens, c’est-à-dire en me servant du père humain et du Père divin. Dès lors où j’ai imaginé ces amusants morceaux d’histoire, tout le reste m’est venu à l’esprit très rapidement.

Il y a eu également la Bible qui m’a beaucoup inspirée. J’ai lu des passages au hasard. Et à un moment donné, les chapitres et les versets qui parlaient du retour de Jésus et de la montagne sacrée de Moïse me sont tombés gratuitement sous les yeux. Je n’ai jamais eu à chercher quoi que ce soit dans le Livre. C’était du gâteau qui venait nourrir efficacement mon imagination. Ensuite, j’ai découvert des livres à la bibliothèque qui m’ont apporté maintes idées détaillées à inclure dans mon histoire ; par exemple, la configuration de la Vieille Ville de Jérusalem. Toutefois, ce n’était pas suffisant comme informations. J’ai aussi rencontré quelques blocages dans ma quête : des éléments importants manquaient. Il faut dire également que la création de mon roman s’est faite en 2010, et qu’à cette époque je n’avais pas l’internet. Alors, un jour, j’ai trouvé le livre parfait pour finaliser mes recherches. C’était un guide de voyage. Dans celui-ci, j’ai déniché de nombreuses informations sur le monastère Sainte- Catherine et sur tout le territoire sinaïtique. À partir de ce moment, l’écriture a été rapide, j’avais plus d’informations qu’il ne m’en fallait.

Pour ce qui est de mes différents personnages, leurs traits de caractère et leur identité sociale propre ont mûri dans mon esprit avec le temps, car je les avais identifiés dès le début de mes recherches. Je les entendais s’exprimer de mille façons, chacun d’une manière particulière, et au fur et à mesure qu’ils discutaient dans ma tête, je laissais leurs personnalités se développer jusqu’à ce que j’aime parfaitement ce que j’avais fait d’eux.

3 : Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire?  

Il n’y a pas de livre en particulier qui m’a donné envie d’écrire. Ça ne s’est pas déroulé de cette façon.

Tout a commencé à l’école, dès ma première année. À tous les jours, j’avais hâte qu’arrive le cours de français. On découvrait d’abord les lettres de l’alphabet, et ensuite les mots qu’on pouvait créer avec ces mêmes lettres. Ça me fascinait tellement. J’étais fébrile à l’idée de tout ce que j’allais apprendre. Tout n’allait jamais assez vite pour moi.

Or, à la fin de ma première année scolaire, j’ai eu l’étrange idée de prendre les cahiers inutilisés de mes frères et sœur. J’ai enlevé les pages écrites pour ne garder que celles qui étaient vierges. J’ai attaché toutes ces feuilles ensemble pour me fabriquer un immense cahier à écrire. Il avait environ trois centimètres d’épaisseur. J’avais percé un trou dans le coin supérieur gauche de cet ensemble et j’ai enfilé à l’intérieur de ce trou une cordelette blanche pour attacher les feuilles ensemble, et à l’autre bout de la cordelette, j’ai attaché un crayon de plomb. J’avais aussi plusieurs autres crayons et des gommes à effacer. Bref, j’avais tout récupéré de l’année scolaire qui venait de se terminer.

J’avais sept ans. Mon idée était de passer l’été à écrire. Je ne voulais pas que l’école s’arrête. Je pensais sans cesse à tous ces mots que j’y avais appris. Au regard d’aujourd’hui, c’était certes des petits mots insignifiants, mais à cette époque j’avais découvert la plus grande merveille du monde. Alors, plutôt que d’aller jouer avec mes amis, je m’installais sur les marches de l’escalier extérieur. Je glissais mes jambes sous la marche du haut, et celle-ci me servait de pupitre pour écrire.

Dans mon installation intelligente, je pouvais être à la fois dehors pour profiter du soleil tout en réalisant mon grand désir d’écrire. Or, je ne savais pas comment écrire des mots d’une grande portée philosophique, je ne connaissais que des Lulu, papa, bonbon et ainsi de suite, c’est-à-dire que des petits mots bien innocents.

Étant donné que mon imagination débordait et que je sentais toujours cette urgence d’écrire, j’avais trouvé un truc d’écriture qui allait grandement me satisfaire : je ne faisais que tracer des vagues sur les lignes de mon immense cahier. J’allais tellement vite. Je remplissais des feuilles à une vitesse inimaginable. Je n’éprouvais que du bonheur, j’étais enfin comblée de pouvoir faire ce pourquoi j’étais faite : écrire.

Après quelques heures d’une transe profonde, je suis allée voir ma grand-mère qui se berçait à l’intérieur de la maison, et toute fière de ce que j’avais accompli, je lui ai montré ce que j’avais écrit. Elle a regardé mon gros cahier avec stupeur, une sorte de désolation est apparue sur son visage. Elle m’a alors dit : « Pourquoi tu n’as pas écrit des vrais mots? » Je ne comprenais pas pourquoi elle me disait ça, moi qui avais mis tout mon cœur dans mes écrits. Je suis donc allée voir ma mère, tout de suite après, pour lui montrer mon chef-d’œuvre d’écriture. Ma mère l’a regardé et en ouvrant grand ses yeux, elle m’a dit : « Continue, c’est beau ce que tu as écrit! » J’ai couru dehors, tellement j’étais heureuse de ce que ma mère m’avait dit. Dans mon innocence d’enfant, ma mère avait compris mon écriture.

Par la suite, dans les années qui ont suivi cet événement, je pouvais enfin lire tous les livres que je voulais, car j’avais appris beaucoup de mots, et pas seulement des petits. J’allais à la bibliothèque de l’école, et je prenais plusieurs livres à la fois. Rendue chez moi, je les dévorais tous rapidement. Toutes ces histoires que je lisais nourrissaient mon imaginaire, mais aucun, en particulier, m’a donné l’envie d’écrire, car j’avais déjà connu cet envie dès mon premier jour d’école.

4 : Si vous deviez vous décrire en trois mots, quels seraient-ils ?

Intègre, respectueuse, créative

5 : Quelle est votre citation favorite ?

Les larmes envoient toujours les messages que le cœur ne peut envoyer en paroles.
(Je ne connais pas l’auteur de cette citation).

6 : Quel est votre mot préféré ?

Jésus

7 : Quel est votre rituel d’écriture ?

Je n’ai pas de rituel d’écriture, je suis beaucoup trop indisciplinée. J’écris quand l’envie me vient. Cela se produit autant la nuit que durant le jour. Quand je suis en période d’écriture, je me réveille souvent la nuit avec plein d’idées qui se bousculent dans ma tête. Dans ces moments, je me lève parce que je sais que tant que je n’aurai pas tout écrit ce qui est là, je ne pourrai pas me rendormir. En d’autres mots, j’écris dans des moments qui ne sont pas choisis, tout comme je mange seulement quand j’ai faim. Je ne mange pas parce que c’est l’heure de manger, alors je n’écris pas non plus parce que c’est l’heure d’écrire. J’attends toujours d’en avoir envie. Alors, si je dois expliquer un rituel, ce serait celui-là.

Question 8 : Le livre que vous auriez aimé écrire ?

Le livre que j’aurais aimé écrire, c’est justement le roman que je viens de créer. Il est exactement ce que j’ai attendu toute ma vie. Tout ce qui m’attire dans la vie est dedans. Mais si je dois en nommer un qui n’est pas de moi, c’est Harry Potter. J’aime tout ce qui se rapporte à la sorcellerie, ou le monde magique. De savoir que l’on a de grands pouvoirs en agitant une baguette magique tout en prononçant des mots, ça me fait rêver, ça me transporte dans une réalité qui n’a aucune limite, et cela a quelque chose de rassurant. Je suis amoureuse des mots, alors, toute magie avec des mots me convient à la perfection.

9 : Stylo ou clavier ?

Les deux. Tout dépend de l’endroit où je me situe et de ce que je suis en train de faire. Étant donné que je n’ai pas de rituel comme tel d’écriture. Quand il me vient soudainement une idée qui me plaît, j’attrape un crayon ou un stylo pour noter cette idée le plus vite possible, pour ne pas l’oublier. Si je suis devant mon ordinateur, alors j’utilise celui-ci pour écrire car c’est lui le plus proche de moi. Autrement dit, j’utilise toujours l’outil qui se trouve le premier à la portée de mes mains. Ensuite, je rassemble mes notes que je place dans un fichier de mon ordinateur, conçu à cet effet. Mais si je suis concentrée, en pleine période d’écriture, je peux mettre plusieurs heures sans m’arrêter. Dans ces moments, j’utilise toujours mon ordinateur, car c’est plus rapide et efficace en ce qui concerne lacomposition, la rédaction et la correction. Et c’est plus propre aussi pour se relire et apporter des modifications si nécessaires. Alors, j’utilise le stylo et le crayon plutôt comme outils de sauvegarde de mes idées que comme outil de composition.

10 : Le mot de la fin ?

J’ai réalisé, tout au long de ce questionnaire que je ne m’étais jamais arrêtée à savoir qui j’étais vraiment dans le monde de l’écriture. À la plupart des questions, j’ai eu à réfléchir longuement avant de pouvoir répondre. Je me plais toujours à dire aux gens que je ne suis pas une écrivaine mais plutôt une « écriveuse ». Je suis une « écriveuse » tout simplement par amour des mots et l’amour du pouvoir qu’ils ont sur les gens. Et pourquoi je ne me suis jamais vue comme une écrivaine? C’est parce que j’ai toujours cru que les véritables écrivains créent leurs œuvres littéraires avec une sorte de rigidité disciplinaire, et ceci dans le but de gagner leur vie financièrement. Et moi, n’ayant pas cette discipline du « véritable écrivain », j’en suis donc encore à me poser la question à savoir qui suis-je dans le monde de l’écriture? Je suis possiblement que cette simple « écriveuse ». Or, je sais avec conviction que mon but d’écrire a toujours été en rapport avec l’amour des mots et de leurspouvoirs sur autrui, même si financièrement ça ne m’a jamais rien apporté. Voir des lettres se dessiner sur un papier ou sur l’écran d’un ordinateur, c’est pour moi le même plaisir que j’ai ressenti à l’âge de sept ans, sur les marches extérieures de la maison. À la différence toutefois que là je ne trace plus des vagues sur les lignes de mon cahier, je trace des vraies lettres qui forment des vrais mots que ma grand-mère aurait beaucoup aimé lire. Durant toute ma vie, je suis restée en amour avec les mots, parce qu’aussi, ils ont le pouvoir magique de me ramener chez moi, à ce bonheur d’enfant que je veux conserver pour toujours.