Seydina Issa Dione a choisi de se placer à la croisée des sciences exactes et des sciences humaines en poursuivant un DEUG de Mathématiques appliquées et de Sciences Sociales. Mathématicien et poète, sa double passion l’a vu cheminer jusqu’au doctorat en Mathématique de la décision / Recherche Opérationnelle à l’Université de Dakar.

DE L'AUTEUR
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Rencontre avec... Seydina Issa Dione

Pouvez-vous nous présenter votre livre ?

« Mathématique d’un vécu » est un recueil construit sur une écriture qui allie d’une part le sens du message, la musicalité des mots et le travail sur les figures poétiques, et d’autre part, l’introduction du sens mathématique des mots et des expressions pour enrichir les images poétiques.

C’est un livre qui mise beaucoup sur le travail artistique de la matière première du poète : les mots.

« Mathématique d’un vécu » aborde la vie dans beaucoup de ses aspects, en passant par la foi et l’espoir, la solitude et le besoin de folie, les peurs et les doutes, la reconnaissance et l’endurance, les regrets et le repentir, la quête du savoir et d’un amour qui nous fuit, mais également la citoyenneté et particulièrement le Sénégal de l’auteur ; dans une langue au goût logique des mathématiques, de la musicalité des mots et de la suggestion poétique.

On notera également la position suggestive que souhaite tenir l’auteur et qui est visible à plusieurs endroits du livre à travers ce constant appel à contribution en direction du lecteur.

 

Quel message voulez-vous transmettre au lecteur ?

D’abord la reconnaissance, puis la Méditation et le partage de sens.

Les vers qui reflètent le mieux le message de ce recueil sont à mon avis les suivants, tirés du poème dédié à ma mère :

Dieu nous forme, nous informe et certes nous réforme

Mais jamais par lui-même.

Dans ces vers, au-delà de l’allitération (m), de la répétition de la sonorité « forme » et du sens mathématique de ce mot pouvant nous mener aux formes géométriques et à toutes les trajectoires possibles d’un être, il y a le message de reconnaissance. D’abord une reconnaissance de l’existence d’un esprit supérieur (Dieu) qui domine le monde et la reconnaissance envers les êtres et les choses qui nous entourent et qui impactent nos vies, de même que ceux qu’on rencontre parfois fortuitement.

Par ailleurs, il y a ce lien entre les mots « former », « informer » et « réformer ». D’un côté lors la conception d’un être vivant, d’un homme particulièrement, depuis le ventre de sa maman, le fœtus reçoit à travers sa mère des informations génétiques, nutritionnelles, émotionnelles entre autres, à chaque étape de son évolution jusqu’au moment de sa naissance.

Et d’un autre côté, ce processus continue dans toute formation physique intellectuelle ou émotionnelle qu’on reçoit, il nous est transmis de l’information par un formateur bien déterminé dans le but d’être une autre personne et d’agir en conséquence.

 

Quelles sont vos sources d’inspirations ?

C’est plus la lecture de citations et de proverbes. Je reçois ces pensées comme des piqûres, des déclencheurs.

Ce que j’apprécie le plus dans ces fragments de textes, c’est le rôle des mots qui viennent d’abord au service du message sans forcément viser l’aspect poétique ou une quelconque forme artistique du texte. Quoique les deux (le fond et la forme) peuvent parfois subsister dans ces textes rendant la piqûre plus vivace.

 

Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?

Je dirais que ce n’est pas exactement un livre mais une citation ; la célèbre citation de Nicolas Boileau dans l’art poétique, « Hâtez-vous lentement… »

En 2006, j’étais en première année de Mathématiques appliquées et Sciences Sociales à l’Université Gaston Berger du Sénégal, et le professeur de Français avait évoqué cette citation qui est devenue ma favorite. En fait je me souviens, ce n’était même pas un cours de littérature mais plutôt de techniques de rédaction administrative. C’est cette année-là que j’ai commencé à écrire les premiers textes qui seront plus tard les bases de ce recueil, en me disant que les textes ne seront pas parfaits au premier coup mais avec le travail, je pourrais atteindre un niveau acceptable. D’ailleurs, le recueil a pris plusieurs titres au fil des années avant d’arriver à celui de Mathématique d’un vécu.

 

Si vous deviez vous décrire en trois mots, quels seraient-ils ?

Méthodique, imprévisible, Solitaire-sociable

 

Quelle est votre citation favorite ?

Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : polissez-le sans cesse et le repolissez ; ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

Nicolas Boileau

 

Quel est votre rituel d’écriture ?

Parfois j’écris les idées comme elles me viennent et par la suite je travaille sur les mots et la structure du texte à chaque relecture.

Quelquefois, je tombe sur un proverbe ou une citation et j’ai envie d’en modifier la structure ou une partie puis ça aboutit à un texte.

Par moments je dresse une banque de mots et c’est le plus souvent pour reproduire une sonorité bien donnée dans un poème.

Quand j’apprenais un concept mathématique également j’essaie de me faire une idée sur une situation de mon quotidien qu’il pourrait refléter.

Leur dénominateur commun est sûrement le fait de polir et de repolir jusqu’à même ne plus connaître réellement la date d’écriture, si je devais dater les textes.

 

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?

Dans l’immédiat, cela reste de la poésie et on verra par la suite. Je suis plus fan du réel que la fiction donc je pense que je me pencherais encore un moment sur la recherche de matières à poétiser.

 

Comment s’est fait le choix de votre maison d’édition ?

J’avais soumis le manuscrit auprès de plusieurs éditeurs en même temps et reçu par la suite plusieurs acceptations de publication au Sénégal et en France. Le choix s’est fait à travers les propositions reçues. Les éditions du Panthéon avaient convaincu par la structure de leur proposition et tout ce qui est documentation (guides annoncés) décrivant le projet de production de l’ouvrage et la gestion post-publication.

 

Le mot de la fin ?

En écrivant les premiers vers de « Mathématique d’un vécu », il y a plus de quinze ans, je ne savais pas que j’étais en train de rédiger les premiers pages d’un livre, ce n’était même pas un projet. Je répondais simplement à un besoin personnel de reconnaissance envers ma mère à travers un poème que j’avais démarré par les mots suivants : Aujourd’hui, là où je suis // Je mesure ce que je suis // Et je me découvre petit à petit,

Oui ! dire « je mesure » comme pour initier l’évaluation mathématique de la longueur du bout de vie parcouru, mesurer l’étendue des épreuves traversées, la densité des relations autour de soi, la hauteur des aspirations personnelles, spirituelles et par la suite des aspirations pour son pays, pour l’Afrique, le monde, pour l’humanité, bref l’évaluation de tout un vécu.

Aujourd’hui, après la publication de ce recueil, c’est encore ce sentiment de reconnaissance des premières heures qui m’anime. Je suis extrêmement reconnaissant d’avoir été entouré de personnes aussi inspirantes. Je suis extrêmement redevable et reconnaissant d’avoir eu le privilège d’évoluer au milieu d’hommes et de femmes qui sont eux-mêmes des livres.