« Nos têtes sont inclinées près du visage blafard de notre mère. Ses yeux sont clos. Ses belles mains amaigries reposent sur le drap blanc.
La petite aiguille de son horloge intime s’est arrêtée à dix heures. J’ai crié encore une fois « maman ». Ce mot tellement répété s’est étouffé dans ma poitrine. Dans le grand silence de cette chambre, nous l’avons regardée longtemps. Nous voulions nous imprégner d’elle. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés, muets, figés. Mon frère s’est levé :
– Rose, je vais au jardin.
Le vent rabat quelques légers flocons de neige contre les vitres.
Je ne peux pas la quitter, je sais ce qu’elle attend encore de moi. »
Marcelle est une petite suissesse. Entourée d’une famille aimante, elle grandit dans un pays qu’elle chérit. Mais lorsque la fillette va avoir douze ans, son père décide de s’exiler en France. Devant quitter tout ce à quoi elle est attachée, une profonde rupture naît en elle. Marcelle est bouleversée, ce changement de vie la marquera à jamais.
D’une plume triste et sincère, l’auteure dévoile l’histoire d’une femme en proie à toutes les difficultés d’aimer. Brisée dès son plus jeune âge, celle qui n’arrivera jamais à se défaire de cet éloignement nous transporte dans un spleen sans équivoque.
Sensible à toutes les formes d’expressions artistiques depuis l’enfance, la vie d’Annie-Gisèle Cousty s’est conjuguée autour de la danse classique et de la musique. Passionnée de littérature, elle compte parmi ses auteurs favoris : Patrick Modiano, Stefan Zweig et l’éternelle Marguerite Duras, forcément…
D’un stigmate de l’enfance, Annie-Gisèle Cousty en fait un chemin de vie et nous amène à reconsidérer les épisodes survenus trop tôt dans nos existences. Lucide et profondément humain, ce roman interroge, enseigne et submerge.