Thème : Romans

Un insecte sur l’écran

« Chanceux. L’inaffectivité regorge de qualités. Elle est naturellement dépourvue des poisons mentaux. Peu jalouse, elle développe peu d’avidité et de désir, donc peu de colère ; peu colérique, elle est dénuée de trop d’orgueil, en revanche, son ignorance est phénoménale. Je suis d’une ignorance abyssale. Je n’ai jamais compris ce que je faisais là. Ce qu’on attendait de moi. »

Alors qu’il chute depuis les Aiguilles rouges, il voit sa vie défiler devant ses yeux, scènes hilarantes, déchirantes, instantanés dans le désordre d’une existence décousue. Tout lui revient, les femmes, les rêves, les victoires et les défaites. Autour de lui, le bec des choucas et le ricanement du vent. Avant de s’écraser au sol a-t-on encore le droit de rêver ?

Alice – La peur de l’oubli

« Je n’ai que dix-neuf ans et pourtant, j’ai déjà connu l’amour, le deuil, la naissance.
Aujourd’hui, on m’enlève, on nous arrache à notre destin, mais mon passé est en moi, tout simplement en moi, et personne ne peut et ne pourra me le voler. »

Au lendemain de la Première guerre mondiale, Alice, une jeune aristocrate, voit sa vie basculer. Victor, son amour de toujours, décède soudainement. De l’idylle brisée est née la petite Marguerite-Blanche. Alors, afin que les convenances soient respectées, la famille d’Alice va éloigner la jeune mère de son enfant. Malgré un mariage arrangé avec le baron Louis de Marly, Alice demeure prête à tout pour retrouver sa fillette, même si le prix à payer est l’acception de cette destinée toute tracée.
Elle pourra heureusement compter sur le soutien de ses deux sœurs, mais surtout celui de sa chère grand-mère qui semble, elle aussi, partager cette amère douleur qu’est la séparation forcée…

Dis, grand-père

« Sidi,
Je viens d’obtenir mon bac avec mention très bien. Je vais, comme mon père, faire les prépas pour intégrer une grande école.
Mon avenir est assuré, mais mon passé n’est pas maîtrisé. J’en sais beaucoup sur mon père, mais pas assez sur toi. »

À la faveur d’un dialogue intergénérationnel, cet ouvrage explore des thèmes complexes et ô combien actuels : l’immigration, la place de l’Islam en France, la crise des banlieues et la perte d’audience des médias traditionnels.
Le grand-père répond à son petit-fils qui s’interroge également sur la difficulté à préserver son identité sans renier ses origines. S’intégrer sans se trahir, garder la tête haute, conserver ses valeurs dans le respect d’autrui, autant de questions auxquels Sidi répond avec bienveillance et sagesse, fort de son expérience.

Le périple d’un jobard 

« C’était difficile, voire impossible, de traverser la frontière sans se faire arrêter. Et en plus de l’expulsion, ils risquaient d’autres sanctions, du coup, ils écartèrent cette deuxième piste. Et par conséquent, il restait un seul chemin possible, il faudrait traverser la mer Égée dans une embarcation pour joindre l’une des îles grecques les plus proches. C’était moins coûteux, mais dangereux. »

Syphax vit en Kabylie. Il a abandonné ses études pour aider ses sœurs et sa mère à subvenir à leurs besoins après le décès du patriarche ; il lui semble que jamais ses rêves d’ailleurs ne pourront s’accomplir. Alors, quand un ami d’enfance lui propose un travail de chantier à Alger, il y voit un signe du destin…
Ce sera le premier pas d’une odyssée qui conduira Syphax jusqu’en Turquie puis en France, au péril de sa vie.

L’inconnue du Trocadéro

« On l’interrogeait rarement sur sa situation personnelle, était-il marié ou célibataire, peu importait puisqu’il savait peu durable ce type de relation d’un soir. Lui-même ne posait jamais de telles questions, il laissait venir et prenait ce qu’on lui disait, même s’il était capable de se faire une opinion. De ce point de vue, il se présentait tel qu’il était, il n’était pas du genre à se créer un personnage de circonstance. »

Pascal plaît aux femmes, il est charmant, plein d’esprit et, ô merveille, sans attaches particulières.
Sans doute cherche-t-il, sans se l’avouer, la femme idéale au gré de ses nombreux déplacements professionnels, qui lui donnent à réfléchir sur la relation entre les hommes et les femmes. Que seraient les unes sans les autres et réciproquement ?
Ces rencontres, qu’elles soient éphémères ou plus ou moins durables sont autant d’occasions de découvrir ce que veulent les femmes, souvent mystérieuses et pas forcément fixées sur la nature souhaitée de la rencontre. Pascal estime donc qu’il lui faut en connaître plusieurs, mariées ou célibataires, pour cerner l’énigme qui les entoure, les mieux découvrir et peut-être les aimer. Il faut parfois choisir entre la femme de sa vie ou la femme de ses envies.
Davantage qu’un badinage amoureux, c’est à une réflexion sur la séduction entre adultes consentants auquel nous convie cet amusant mais très sérieux roman.

Schizo

« Il réfléchit, perplexe. C’est vrai que cela fait quelques temps qu’il l’entend. Depuis qu’il a quitté Marseille. Et peut-être même avant. À Tunis déjà.
Jusqu’à présent, il n’y a guère prêté attention. La parole n’était que très rarement compréhensible. Quelqu’un qui lui parle un langage de grand, un langage qui n’est pas le sien. L’âge avançant -il a eu huit ans il y a trois jours …- le discours qui ne faisait que résonner dans sa tête raisonne désormais. Personne ne s’en inquiète. Les grands le disent rêveur, dans la lune. S’il y a une chose qui ne fait pas de doute, c’est qu’il lui est impossible d’aller dans la lune. »

Ce jour de février 1960 où on lui annonce le décès de sa mère, François âgé de huit ans est désorienté. Une voix intérieure qui lui était jusqu’alors inconnue, lui prodigue des conseils sur l’attitude à tenir. Il ne peut s’y résoudre. Qui se cache derrière cette voix ?
À Lyon en pleine guerre d’Algérie, les factions rivales multiplient les attentats. Son père policier est très sollicité. La vie de François est alors partagée entre pensionnat et colonie de vacances. Réflexions, discussions, débats parfois vifs sont le quotidien de l’enfant et de la voix. L’autonomie et la responsabilisation du jeune garçon forgeront son caractère. Très tôt, très vite, voire trop vite. Au détriment de l’enfance qui lui est sacrifiée.
Après les trois premiers romans de la saga familiale des Sellier, « Schizo » raconte la suite lyonnaise de la vie de François, fils unique et orphelin abordant les épreuves et les joies de sa nouvelle vie au travers de discussions avec l’Envahisseur. Cette voix lui soutient qu’elle n’est personne d’autre que lui-même. Ce sera difficile à admettre, jusqu’à enfin comprendre l’intérêt qu’elle présente pour lui. Et l’invasion deviendra peu à peu alliance.

Les enfants Murray – Tome 2

« Les visites chez les parents de Fabien devinrent plus nombreuses et certaines fins de semaine, c’était Fabien qui venait chez les Murray, au bonheur de toute la famille. Quand l’amoureux de leur sœur était là, les filles Murray se sentaient un peu plus en sécurité. Le jeune homme semblait créer une barrière face aux impudicités de Gratien. Les enfants Murray aimaient beaucoup Fabien. Ils appréciaient sa forte personnalité, sa façon de voir la vie. »

Les enfants Murray grandissent, et leurs parents ne desserrent pas leur poigne sur une éducation violente et stricte. La nature autour de la nouvelle demeure qu’ils occupent depuis peu saura-t-elle apaiser le tourment des adolescents ?
L’amitié de leur chien préféré et de leurs nouveaux petits voisins est une respiration dans un quotidien bien difficile. Mais les enfants redoutent le pire…
Un second tome de leurs aventures riche en émotion.

Tunisie d’amour, que reste-t-il de tes beaux jours ?

« Et ce faisant, on croyait se diriger vers une douce, paisible et fraternelle démocratie qui serait bien pratiquée au sein d’une société, historiquement laïque, coutumièrement ouverte, et traditionnellement tolérante. »

Le roman s’ouvre alors que sonne l’heure de la retraite pour Sawwah et la fin de son expatriation professionnelle. Il espère maintenant profiter paisiblement de son bled natal et de ses chers oliviers, et retrouver l’être qui lui a transmis la vertu de son essence.
Cependant, au moment même où l’année 2010 tire sa révérence, Sawwah est saisi de sombres pressentiments. Il perçoit les signes avant-coureurs d’inquiétants bouleversements sociaux. Quelques semaines plus tard, la débâcle de l’ancien régime politique et sa banqueroute étatique sont suivies de la révolte anarchique. C’est à partir de cette période postrévolutionnaire que le récit prend une tournure pessimiste, évoquant la succession désastreuse des régimes qui ont pris la Tunisie en otage, la faisant marcher à reculons et sombrer dans un abîme ruineux.
Sawwah n’a plus de larmes pour pleurer le sort de son pays natal. Pour apaiser sa détresse et adoucir sa douleur, il fait des escapades imaginaires dans l’espace et dans le temps en se remémorant les bons souvenirs de sa belle Tunisie d’antan.

Un gamin comme les autres

« Il revint quelques heures après, alors que le jour tombait. Il se tint au pied du manguier de Tahiti, puis grimpa dans cet arbre qui avait tant compté dans sa vie précédente, qui avait accom-pagné les années de son enfance, son enfance d’avant le pen-sionnat. Là-haut, dans les branches, au souvenir de ces années heureuses, les larmes lui montèrent aux yeux. »

Fin des années cinquante, François Croce d’Agriate intègre le pensionnat du Sacré-Cœur à Nouméa. En l’absence de ses parents, en congé et partis en métropole pour l’année scolaire entière, le jeune garçon doit trouver sa place dans le monde brutal de l’internat. Mais comment s’en sortir lorsque l’on a 10 ans et une sensibilité à fleur de peau, sinon s’endurcir à toute force ? La naissance de solides amitiés offrira au gamin, après de longues années de pensionnaire, à la fois la sécurité affective et les fondations d’un avenir heureux, en belle compagnie, loin de la férule des frères maristes.
Avec cette saga du Pacifique, au cœur de la mosaïque ethnique de ses îles, l’auteur nous emporte à la suite d’un attachant jeune héros depuis les Nouvelles-Hébrides jusqu’à l’Australie et la Nouvelle-Calédonie.

Cet homme, aujourd’hui

« Eh bien oui, je l’ai vécu vraiment, moi aussi, tout comme lui. J’ai essayé, du mieux que je le pouvais, d’enfouir cette fragilité en moi, de cacher mes blessures, mes plaies restées ouvertes ; puis, à un moment donné, eh bien, tu finis par craquer !… »

Avec ce premier roman, l’autrice nous emmène sur le pas de Xavié, un héros pas comme les autres, en lutte contre ses démons intérieurs. Un voyage à travers la fragilité de l’esprit humain, et une exploration de toutes les choses brillantes et merveilleuses qui peuvent ressortir de nos plus grandes détresses. La question de la santé mentale est au cœur de ce récit, présentée comme une véritable force, pour peu qu’on sache l’accepter et l’accueillir en soi.

À l’ombre de Saint-Epvre

« Par deux fois déjà son stratagème avait réussi. Il était parvenu à se glisser dans la basilique à la faveur de la distraction du bedeau en conversation avec le mendiant.
Pour lui c’était un signe. Il était sur la bonne voie.
Ce n’avait d’abord été qu’un vague sentiment d’intérêt qui s’était éveillé en lui le jour où, à Dijon, alors qu’il attendait que la bibliothécaire lui remît l’ouvrage qu’il avait commandé, il avait consulté distraitement un vieux livre laissé là par un lecteur négligent. Il y était question de la famille des « de Valois-Bourgogne » et de celui qui était devenu le plus célèbre de la branche, Charles. »

Les personnages de ce roman tentent de reprendre en main un destin qui parfois leur a échappé. Dans ce quartier de Nancy où ils vivent, ils forment un entrelacs de personnalités et de parcours, une tapisserie comme animée de vie.
En toile de fond, apparaît une ombre : la fin tragique du Téméraire, Charles de Bourgogne, dont la dépouille fut retrouvée à quelques mètres de là, sur les rives de l’étang Saint-Jean.

L’Escale

« Perdrier était depuis longtemps convaincu que notre existence n’est qu’une transition et que, tel un port, la mort ouvre toujours sur une nouvelle vie, un autre voyage tout aussi transitoire. Et cette promenade autour du port, qui l’amenait à tourner en rond à tous les sens du terme, le ramenait ainsi à l’idée d’un éternel et fatal recommencement dans lequel, selon les jours et les heures, il puisait réconfort ou désespoir. »

Avec pour toile de fond le quotidien d’un consul de France dans les années 90, ce roman se déroule dans un État de la Corne de l’Afrique. En prenant ses fonctions à Baradji, Mathieu Perdrier était loin de se douter qu’en quelques mois sa vie allait basculer et son chemin de croix s’accomplir dans un pays qui l’avait tant envoûté au départ.
Adoptant la théorie de la juste peine de Melvin J. Lerner, l’auteur propose, à travers les dramatiques déboires de son personnage principal, de donner sens à la souffrance. Il souhaite nous aider à mieux endurer nos épreuves et la misère du monde, notre existence n’étant elle-même, à l’image du port de Baradji qui séduisait tant Perdrier, qu’une simple escale dans l’océan du temps.

C’est jamais fini

« Ce fut vraiment une mauvaise journée : je suis tombé sur le trottoir suite à un harcèlement, j’ai atterri à l’hôpital et mon père m’a soupçonné d’avoir insulté la CPE. Ces images choquantes circulent dans ma tête et ne veulent pas s’en aller. »

Yuri, seize ans, est harcelé, jour après jour, depuis le début de son adolescence. À l’école, ses différences déclenchent les railleries et les regards en coin, sous l’œil fataliste des enseignants… Témoins du calvaire de leur enfant, les parents de Yuri sont bien décidés à l’aider à surmonter ces épreuves et à lui montrer le chemin. Yuri parviendra-t-il à s’affranchir du regard des autres et à être heureux, enfin ?
Afin que les témoins de harcèlement osent agir et se manifester, afin que les harceleurs prennent la mesure des désastres qu’ils créent, Alex Delphin prend la parole au travers de son jeune personnage qui ose la lumière.

Cœur en altitude

« Nous nous dirigeons d’un pas assuré vers le tapis rouge, laissant derrière nous une traînée de regards admiratifs. Les flashs des appareils photo illuminent notre passage, immortalisant chaque instant de notre arrivée. Monsieur Brown, toujours aussi élégant, me guide avec grâce et assurance, saluant d’un léger hochement de tête les célébrités qui le reconnaissent. »

Hôtesse de l’air au sein d’une compagnie de jets privés, Jessica fait la connaissance de Ben aussi beau qu’énigmatique. La jeune femme, captivée par cet homme, se laisse volontiers entraîner dans un tourbillon de luxe. Mais tant d’opulence a un revers ; pour Jessica, ce sera une paranoïa dévorante. Sa relation avec Ben pourra-t-elle y résister ?

La Jasse du Pin Parasol

« – Tu es un grand seigneur, et tu as un cœur grand comme ça, dit-elle en écartant les bras. Je ne te dis pas adieu, je ne connais pas quel sera l’avenir. Je ne suis voyante que pour les autres, pas pour moi. Je t’aime. Et elle m’embrassa sur la bouche.
Elle s’en alla, en me faisant au revoir avec la main. »

Le héros de ce récit s’interroge, cherche à comprendre ce qu’il fait, ce qui l’anime. Tourmenté par ses sentiments et les frissons délicieux de la chair, il se demande lequel des deux dirige l’autre. Mêlant l’observation quasi détachée et les escarmouches en chambre, La Jasse du Pin Parasol dit avé l’accent, combien il est beau et difficile de vivre.

Yumiko Prime

« L’insouciance se définit justement par ce qu’il est impossible de la déceler au moment même où on la vit. À l’image d’une particule élémentaire, elle perd de son charme et de ses possibilités dès lors qu’on se décide à la mesurer.
Bref, être adulte, ça craint. »

Yumiko, 33 ans, remet toute sa vie en question : elle a perdu son travail, quitté son fiancé et connu des problèmes de santé… elle est même retournée vivre chez ses parents. Surtout, elle semble avoir perdu toute inspiration.
L’arrivée de sa nièce japonaise et des esprits (les fameux yōkai) qu’elle transporte avec elle pourrait enfin lui ouvrir de nouvelles perspectives, et la réconcilier avec ses racines.

Sexe, amour et questionnements

La boîte en carton, bien que peu volumineuse est assez lourde; elle contient deux livres; l’un relié avec une image pieuse comme marque-page, un roman russe de 1869 de Léon Tolstoï, et un autre livre, un carnet intime plutôt, avec une écriture penchée et très belle. Pour LN qui vit dans la dernière année du XXIe siècle, ces lignes manuscrites sont aussi exotiques que des hiéroglyphes.
Le seul objet restant, en métal lui aussi, ressemble à un plumier des temps jadis; effectivement, un porte-plume, ses Sergent-Major, et deux crayons à papier sont à l’intérieur. »

Paris, 2099. LN6666 vit avec son mari, sa femme et leurs deux enfants. Elle devrait être heureuse de son sort, la dernière guerre ayant privé de nombreuses femmes de leur fertilité, mais… Mais un jour, elle fait la découverte du journal intime d’Irène, une ancêtre ayant vécu au XIXe siècle et dont le quotidien mélancolique fait écho au sien. Avec les siècles et les évolutions, peut-on jauger l’amour ? Comment sait-on qu’on aime, et à quelle dose de bonheur on peut prétendre ?

L’incendie

« « Si seulement je voyais Rémy, pensa Julie en descendant l’escalier. Cela me remonterait un peu le moral. Mais je n’ai pas le droit d’être triste. Je suis bien, ici, j’ai eu de la chance, je gagne ma vie et j’ai une couverture, un toit sur ma tête et de quoi me nourrir. » Elle prit son petit chariot et, en traversant les rues sous le ciel matinal, elle regarda à gauche et à droite. Mais elle n’aperçut personne. Les rues étaient vides. Elle se sentait abandonnée »

Un incendie ravage une vaste demeure et laisse effarée la communauté de la petite ville où le drame s’est produit. S’agit-il d’un accident ou d’un crime ? En l’absence de preuves, l’enquête piétine. Pourtant deux jeunes gens ont été témoins du moment où le bâtiment a pris feu. Mais trop timides, et incertains de ce qu’ils ont réellement vu, ils se murent dans le silence.

L’éveil

« Puis, elle était là, en bas dans la cour. À marcher, ignorante de lui. La revoir dans la cour, celle que le si peu de lumière d’octobre attirait. Finalement ravi, puisqu’elle ne l’émouvait plus. Elle l’irritait même. Pas un sourire, ni même le début d’un regard. »

À l’aube de célébrer ses dix ans d’union avec Laura, François est persuadé d’avoir déjà vécu ses plus beaux moments… lorsqu’une découverte et une rencontre, simultanément, viennent bouleverser son existence comme jamais.
Il est embarqué dans une aventure, au propre comme au figuré mais avant tout dans une quête intérieure dont il ne comprendra la portée que très tard… Le voyage peut commencer.

Comme des lucioles

« Durant ce vol charter, Véïa avait su rester concentrée sur elle-même. Peut-être pour chasser cette impression d’être le point de mire d’un regard pesant et taquin. Un regard debout sur un sourire un peu trop cavalier à son goût. Pour elle, ce n’était qu’un de ces regards de prédateur soutenu par un sourire machiste. Peut-être aussi pour cacher sa crainte vis-à-vis de ce monde inconnu que l’on appelle « croisière ». « Qu’est-ce que c’est ? Comment ça se passe ? »

Après de longues années de séparation et d’oubli total, Véïa et Ted se retrouvent sur un bateau de croisière. Leur liaison a jadis été déchirée par les préjugés. Ces retrouvailles, jalonnées de péripéties, les conduiront à s’interroger sur la fragilité des relations humaines, et surtout, sur la propension de l’homme à cultiver le malheur en toute saison et en tout lieu.
Plus largement, les sociétés et les nations auraient-elles tendance, à l’instar des lucioles, à émettre leur propre lumière, non en vue de l’intérêt général, mais dans une logique de féroce compétition ?