« L’une s’appelait Prune, et l’autre, c’était Claire.
L’une avait la peau douce et l’autre, l’avait claire.
Le regard était brun, pareil à ses cheveux,
Mais la blonde crinière adoucissait les yeux.
Joyeuses, dans le temps, rieuses dans le monde,
L’harmonie est au cœur où elle vagabonde.
L’aurore est éblouie à perdre ses rayons,
Et nous sommes tous prêts à bannir nos raisons. »
À la lueur du clair de l’une, et parfois celle d’une autre, Raymond Augé déploie ses poèmes avec minutie et élégance, entretenant savamment l’ambiguïté de ses tranches de vie. En choisissant la forme délicate du sonnet, il appose la rigueur de l’exercice sur des blessures anciennes ou contemporaines, et travaille l’âme humaine par un usage méticuleux de la langue. En questionnant le monde, c’est lui-même qu’il interroge. Premier destinataire de ses interrogations, il sonde notre société et ses maux qu’il convoque en face-à-face. Divertissant, résolument singulier, voilà un recueil écrit avec le cœur, l’esprit et l’instinct.
Alors qu’il délaisse longtemps ses œuvres au profit de sa carrière bancaire à l’étranger, Raymond Augé fait publier à la fin de cette dernière un premier recueil de poèmes intitulé «Pêle-Mêle». Admis à la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques en 1953, il compose la musique de plusieurs opérettes enfantines. Il lui est décerné la Médaille de la Ville de Bordeaux et celle du Théâtre d’Art de Bordeaux où il obtient ses prix de chant, opéra, opéra-comique et comédie. Il reçoit du Ministère du Travail les quatre grandes médailles : Argent, Vermeil, Or et Grand-Or. En 1995, il publie un livret de poésie retraçant entre autres les Mois Révolutionnaires de 1789, intitulé Odes et Ides. Enfin, le titre de « Poète Émérite » lui a été décerné en 1998 pour son « talent poétique exceptionnel » par la Bibliothèque Internationale de Poésie (Owings Mills – USA).
Fort d'une carrière poétique riche en production et distinctions honorifiques, Raymond Augé nous livre aujourd'hui des riens, des petits bouts de pas grand chose, de l'indicible. C'est que seul le poète sait transformer des nèfles en grenades, et qu'il ne manque jamais d'en ouvrir le coeur.