Rencontre avec... Marc Dauphin
- Pouvez-vous nous présenter votre livre ?
De Gaulle et moi, c’est l’histoire de Marcel Petit, un jeune homme de vingt ans qui participa à la Libération de Paris, à l’été 1944. Marcel n’était en rien destiné à jouer les héros. À quinze ans, évacué de Strasbourg comme six cent mille de ses concitoyens lors de la déclaration de la guerre en 1939, il se retrouve vite orphelin et séparé de son frère et sa sœur lorsque précipité sur les routes, au printemps 1940. Gravement blessé, il est soigné par des religieuses à Chartres. Une fois rétabli, Marcel décide de retourner à Paris, dernier endroit où il a vécu. N’y retrouvant ni son frère ni sa sœur, il se déniche un poste de garçon dans un café de quartier près des Halles.
L’histoire commence au printemps 44, alors que la planète entière attend avec fébrilité l’inévitable débarquement qui devra sceller le sort de la guerre. Découvrons ensemble ce café où se côtoient les habitants du quartier qui ne sont pas toujours qui ils semblent. Entre collaborationnistes, trafiquants du marché noir, la mafia corse, des résistants dénués de sens de l’humour, les policiers, la Gestapo, des prostituées adolescentes et les propriétaires du café Au bon Métayer, suivons Marcel qui se voit peu à peu entraîné dans un engrenage qui l’amènera à risquer sa vie pour la liberté de sa ville.
- Quel message voulez-vous transmettre au lecteur ?
On ne naît pas héros. On le devient tout simplement lorsqu’on accomplit son devoir et qu’on va là où la vie nous emmène. Sans hésiter. Parce que c’est ce qu’il faut faire.
- Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Lorsque j’avais dix-huit ans, j’ai réussi à obtenir un emploi d’été dans un café terrasse du vieux Québec. C’était, cette année-là, la seule terrasse de toute la ville. Chaque matin, avant de rentrer travailler, le chef, un vétéran français de la Campagne de’40, m’amenait à la taverne voisine et me racontait ses histoires de cette tragique bataille. Ça m’est resté, ainsi que sa frustration à n’avoir pu arrêter les envahisseurs. Il avait été de ceux qui voulaient se battre, quitte à y laisser sa vie.
Une quinzaine d’années plus tard, lorsque Gilles Carle a lancé son film, Le Crime d’Ovide Plouffe, j’ai été fasciné par le personnage de Marie, cette jeune Française réfugiée à Québec après la guerre. Je me demandais quelle sorte de vie elle avait eue pendant l’Occupation et je me suis souvent pris à l’imaginer.
Plus tard, avec mon épouse Christine, nous avons écrit une saga racontant l’histoire d’une famille allemande pendant la 2e Guerre. Un des personnages périphériques du Tome II, Marcel Petit, y est laissé pour mort. Je l’ai simplement fait se réveiller et l’histoire s’est écrite toute seule.
- Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?
À l’ouest, rien de nouveau, d’Erich-Maria Remarque. C’est, lorsque j’avais une dizaine d’années, le premier livre d’adulte que j’ai lu. Depuis, l’histoire des Allemands n’a cessé de me hanter.
Adolescent, j’ai dû m’enrôler dans les Forces armées canadiennes pour payer mes études. J’ai eu la chance d’être muté trois fois en Allemagne, dont la première fois à vingt ans. Irrité de ne rien comprendre, j’ai appris la langue, ce qui m’a valu d’y être re-muté une fois gradué. Comme je me débrouillais dans la langue de Goethe, on m’a envoyé servir comme officier d’état-major dans une division de la Bundeswehr. Là, j’y ai côtoyé des vétérans de la 2e Guerre qui m’ont raconté leur histoire. Celle-ci ne correspondait en rien à ce qu’on nous avait enseigné. Je ne l’ai donc pas crue.
Ce n’est que des années plus tard, lorsque le rideau de fer est tombé et que nos historiens ont eu accès aux archives des Forces armées allemandes demeurées jusqu’alors secrètes, que la vraie histoire est entièrement sortie. Je me suis alors dit : « Toutes ces années, ces gars-là avaient dit la vérité et personne ne les croyait. » Ça m’a donné l’envie d’écrire leur histoire.
D’où mon premier livre, L’Anneau de Gabriele (Les Éditions Libre Expression, Montréal, 1 998). Par la suite, nous avons découvert l’immense talent d’écrivaine de mon épouse, Christine Gauthier. Lorsque je fus libéré des Forces armées, après mon retour d’Afghanistan, nous avons republié l’Anneau, de même que les tomes II et II de cette saga que nous avons intitulée Plus jamais la guerre.
- Si vous deviez vous décrire en trois mots, quels seraient-ils ?
Curieux, fonceur, chanceux.
- Quelle est votre citation favorite ?
Ne regardez pas derrière vous car quelque chose pourrait être en train de vous rattraper.
- Quel est votre rituel d’écriture ?
Je n’en ai pas. Lorsqu’une histoire me brûle les doigts, je m’y mets. Sans compter mes heures.
- Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Continuer d’écrire notre saga dont les trois premiers tomes sont déjà publiés. L’écriture du Tome IV nous rebute depuis des années parce qu’il doit se passer pendant la Shoah.
Cette année, nous espérons pouvoir publier en Grande Bretagne notre premier tome, L’Anneau, que j’ai pris deux ans à traduire en anglais.
- Comment s’est fait le choix de votre maison d’édition ?
J’ai soumis le manuscrit de De Gaulle et moi à quelques maisons d’édition au Québec et en France. L’histoire n’a suscité aucun intérêt au Québec, tandis qu’en France, cinq maisons se sont montrées intéressées. Je suis donc allé à Paris rencontrer ces gens et mon choix est tombé sur Les Éditions du Panthéon.
- Le mot de la fin
L’exploration de l’Histoire et des personnages qui l’ont composée est fascinante. Pour y intéresser les gens, il s’agit de la leur raconter.
J’espère que celle-ci vous fascinera.