Rencontre avec... Philippe Buteri de Préville
Pouvez-vous nous présenter votre livre ?
Cela fait sans doute près d’une trentaine d’années que je disais à mes proches mon envie d’écrire. Mais je ne m’étais jamais senti prêt. Trop de choses à faire dans l’immédiat, la vie qui bouscule. Et puis je me suis retrouvé à garder l’appartement d’une amie qui était en déplacement en Europe pour plusieurs mois, un loft de 250 mètres carrés, bizarrement agencé. Des chats. Des orchidées. Un grand bureau.
Je ne saurais dire pourquoi mais cet univers m’a inspiré, j’ai été comme aspiré. Je m’y suis mis et, étonnamment, les mots sont venus facilement.
Selon ma vision initiale de projet d’écriture, cela aurait dû commencer par un livre majeur inspiré de la vie de ma grand-mère maternelle, une femme d’exception, un personnage de roman. Mais en fait, au lieu de cela, je me suis tout de suite attelé à un récit que j’avais imaginé arriver dans un second temps, un livre s’appuyant sur mon propre parcours. Ça a été une épreuve de force, une sorte de thérapie, à extirper de douloureuses émotions enfouies. Puis très vite c’est devenu comme une sorte de devoir, l’obligation morale de donner voix à mes nombreux compagnons d’infortune restés dans l’ombre et la solitude.
Le travail s’est fait en deux temps :
– environ trois mois en Nouvelle Calédonie puis deux mois en Australie pour la première version en fin 2020 – début 2021 qui est très vite apparue trop autobiographique aux yeux de diverses pré-lectrices et d’une grande maison d’édition parisienne à laquelle j’avais adressé mon manuscrit. Cela était principalement centré sur la vie du jeune héros François Croce d’Agriate. J’ai abandonné le roman pendant près de deux ans.
– je m’y suis remis en fin 2023 avec la ferme intention de transformer le premier jet en un véritable roman, ce qui a été achevé en à peu près trois mois.
Finalement, si le cœur du livre concerne toujours le jeune héros d’Agriate, le roman raconte bien d’autres personnages et intrigues qui ont pour cadre l’histoire et la géographie de ces magnifiques territoires du sud-ouest de l’océan Pacifique : Nouvelles Hébrides (aujourd’hui République du Vanuatu), Nouvelle Calédonie, Australie. Il donne en particulier l’occasion de livrer un portrait de l’histoire et de la vie calédonienne que les récents dramatiques évènements occultent. Il aborde également les stratégies coloniales respectives de la France et de la Grande-Bretagne.
Quel message voulez-vous transmettre au lecteur ?
Les hommes, les sociétés, la nature, la planète sont fragiles. Respectez-les, aimez-les. Et surtout, si vous avez des enfants, surtout, réfléchissez avant de les mettre en pension. Cela pourrait bien les détruire et saccager leur vie. Essayez absolument de trouver une autre solution.
Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Je suis un admirateur du Mahatma Gandhi. Mais j’admire tout ayant certains grands capitaines d’industrie. J’aime les inventeurs, les gens qui forcent le destin, qui imaginent différemment le futur, qui sortent du bocal. L’avenir pourrait bien être l’utopie ! Inconditionnel de Jacques Brel et de Leonard Cohen.
Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?
Des livres ! Des livres qui font rêver ! « Les cavaliers » de Joseph Kessel. Les romans d’Alexandre Dumas. Mais aussi « L’œuvre au noir » de Marguerite Yourcenar (en me disant que je n’arriverais jamais à une telle culture et à une telle perfection).
Si vous deviez vous décrire en trois mots, quels seraient-ils ?
Rebelle (rejet de l’autorité, autonome et indépendant)
Incrédule assoiffé de connaissances
Hypersensible (caractéristique liée à mon profil intellectuel)
Quelle est votre citation favorite ?
– Nicolas Boileau :
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément. »
– et une seconde pour la route (c’est un inventeur qui le dit !) :
« Que ceux qui croient que c’est impossible ne dérangent pas ceux qui sont en train de le réaliser ».
Quel est votre rituel d’écriture ?
Il n’y a pas de véritable rituel. Mon ordinateur, mon clavier, mon dictionnaire. Si, peut-être, une musique de jazz en fond sonore, du piano, ou de l’opéra italien (Luisa Miller, Tosca…).
Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Si un petit succès accompagnait la parution de « Un gamin comme les autres », mon objectif serait d’écrire, en plusieurs autres « maillons », une saga du Pacifique incluant les Nouvelles Hébrides, l’Australie, la Nouvelle Zélande, la Polynésie française, avec peut-être un saut (une nouvelle) en Corse et éventuellement un autre en Asie du sud-est. Ce premier roman entrebâille quelques portes.
Comment s’est fait le choix de votre maison d’édition ?
J’ai découvert l’univers de la publication avec ce premier roman.
Il me semble que les grandes maisons d’édition ne prennent pas de risques et ne s’intéressent aujourd’hui qu’aux talents confirmés. Principe de réalisme que j’ai fait mien, ce qui m’a conduit à proposer la seconde version de mon manuscrit à des maisons d’édition de deuxième rang qui, la plupart du temps, demandent une contribution financière à l’auteur pour alléger les risques.
J’ai reçu ainsi trois propositions de publication et j’ai choisi celle qui me paraissait la meilleure.
Le mot de la fin ?
Ah ! Si j’avais le temps !