« Soyons joyeux, notre chair n’est pas triste et nous n’avons pas lu tous les livres, nous pouvons continuer à inventer des mots, à ignorer les ignorants et à ne pas hésiter à aller vers le latin de messe, « Confiteor, Deo Gracias, Urbi et Orbi », à aller vers Thélème, pour les désirs et les soifs de demain. Gargantua est le grand géant à grande bouche, il mange dix mille poules en un seul repas et avale dix fleuves de vin, Pantagruel est une pente à gruau et à gruyère, avaleur de montagnes. »
Comment vient ce mouvement des mots en révolte ? À l’écoute des échanges quotidiens avec des hommes, des femmes, des enfants et des adolescents en perpétuelle contestation. Par-delà les couches et les conglomérats, les alluvions et les sédiments, la géologie et toute cette accumulation océanique, s’ouvrent les lèvres du futur : une rébellion contre le sens, une échappée du désir de vivre.
Jean-Joël Lemarchand, né en 1947, a reçu une formation philosophique et littéraire qui, très tôt, lui a donné l’amour des mots et, plus que leur sens, l’amour de leur son.
Mots rebelles, vies nouvelles est une révolte, un changement de vie, la présence d’une absence. Fait d’éclats et de morceaux fracassés, il s’agit de la dialectique même, de la protestation littéraire. Les mots enfin sont envoyés comme des dés roulant dans le jeu du hasard, sans destination si ce n’est celle du plaisir et de la musique. À lire comme à écouter.