Thème : Poésie contemporaine

Avec le temps

« Sur le sable la mer glisse
Nos dessins s’effacent du grain
De nos peaux si essoufflées

Dans les branches les feuilles se tissent
L’automne qui arrive, incertain,
Par nos courses sans arrivées »

À travers ce recueil sensible et éthéré, Marie Coutant raconte et interroge le temps. Le temps de parcourir le monde, sur la terre comme en soi. Le temps de vivre et de mourir, et entre-temps, de grandir. Le temps d’aimer, de craindre pour soi et pour les autres puis, celui de crier, de pleurer, de regarder la pluie s’installer puis repartir, chassée par le soleil. Un temps pour soi, en soi, sur quelques mots de soie.

Au seuil de ma mémoire

« Nomade j’étais avant de naître
Nomade je suis à présent
Nomade je resterai après la mort
Nomade dans l’amour, l’amitié
Et la vie, je suis
Je t’aime infiniment et pour toujours
Mais dès que le vent se lève Emportant le sable
Je pars aussi. »

Marocaine de culture française, Noria Yamna El Aimani nous fait traverser dans les deux sens une frontière volontairement floue entre deux cultures que tout oppose, à travers des thématiques universelles. On rencontrera la Mort, l’Amour, la Liberté ou l’Enfance entre ces pages pleines de délicatesse et de sincérité, où les mots brillent ensemble comme un phare pour se retrouver, dans soi-même ou dans les autres.

Florilège

« Qu’ils soient poèmes, sculptures ou tableaux, ces instants partagés vous parleront de nostalgie et de bonheur, de soleil et d’amour, de paysages lointains et de mondes oniriques… »

« Chacun, devant une œuvre, a son appropriation : les fameux “regardeurs” dont parlait Duchamp cité par Jean de Loisy “Je crois sincèrement que le tableau est autant fait par le regardeur que par l’artiste”.
Dans tout ce que je crée, j’aimerais que le regardeur reçoive une forme de bonheur et d’entrée dans le rêve. Dans mes écrits, mes tableaux, mes gravures, mes sculptures, se retrouvent les mêmes thèmes : l’expression d’un bonheur bien ancré dans la vie et la Nature mais aussi d’une certaine nostalgie sereine, le sens du temps qui passe mais aussi la force de l’intemporel, la place essentielle du rêve et de la spiritualité mais aussi de la tendresse et de l’épanouissement charnel… au fond une expression assez universelle de la vie… »

Une vie d’amour : de la révolte à la sérénité

« Il y en a qui misent sur un monde meilleur,
Et d’autres qui attisent un nouveau malheur.
Il y a toi et moi,
Maintes fois ignorés,
Unis par nos émois
De vivre sans regrets.
Et puis il y en a
Qui ne le savent pas. »

Tantôt bringuebalé par les courants de l’existence, tantôt y virevoltant avec aisance, Martial Martzloff a vécu une vie d’amour et l’a cachée dans ses vers, qu’il décide aujourd’hui d’appeler au grand jour pour célébrer l’émotion. Celle qui fait vivre, qui met en joie, en colère parfois. Celle qui apporte au corps et au cœur des sensations de brises et de bourrasques, avec le bonheur clé en main.

Encore à corps

« S’immerger l’un à l’autre.
Se noyer dans nos effluves.

Vrombir de nos tempêtes.
Plus rien d’autre n’existe. »

Dans « Encore à corps », Amandine forme une délicate dentelle de mots autour d’un amour passionnel, à la fois animal et tendre. Elle dépeint en mots comme en images l’envoûtante danse de la séduction, celle qui prend le corps et saisit le cœur dans son rythme velours et sensuel. Une façon de voir l’amour matérialisé dans les rapports charnels qui s’est un peu perdue, qu’elle nous fait un peu retrouver, le temps d’un poème illustré.

Dans le monde infini des mots

« Le dictionnaire déchiqueté
Gisait abandonné sur un trottoir
Éventré, il exposait au ciel des lignes de mots
Hélas !
On ne peut pas assassiner les mots
Ni les mettre en prison
Ils existent dans l’espace abstrait »

Nut Monegal et Douglas McGuigue nous emportent avec eux dans une nouvelle valse littéraire. Primaux ou ciselés, calmes plats ou endiablés, les poèmes, arrangés à la manière d’un échange épistolaire, font tournoyer ensemble la mélancolie et l’exaltation, la tristesse et la fantaisie. Musical aux oreilles comme aux yeux, nous embarquerons avec eux pour un beau voyage en perspective…
Après « Mémoires Transhumantes et conversations avec Douglas » (Éditions du Panthéon, 2017), Nut Monegal et Douglas McGuigue poursuivent leur compagnonnage littéraire. Mots en échos et tourbillon de sensations font partie de la mélodie si caractéristique de leurs textes.

La beauté du spectacle

« Je t’écris du haut de ces années, qui m’ont fait découvrir la beauté des amours déçues, la douleur de la trahison, l’angoisse insupportable de l’attente et l’excitation des retrouvailles. Je t’écris en mémoire de ces rendez-vous volés, de ces silences, de ces regards suspendus. »

À travers ce recueil, Cyrielle Héronneau emmène le lecteur dans un voyage à la fois familier et toujours nouveau : celui du sentiment amoureux, de ses ressentis et ses contradictions, ses émotions et ses exaltations. Dans les mots qu’elle dessine avec sensibilité, elle nous fait traverser toutes ses formes avec une incroyable intensité.

Gouttes d’écriture

« Soudain une pensée,
Émotion passagère,
Un haïku naît… »

Parenthèse dans l’œuvre de Philippe Pauthonier, le haïku est à l’honneur dans ce sixième recueil poétique. Toujours entre absolue sincérité et espiègle douceur, il nous livre ses émotions par grappes de quelques mots. Des mots qui explorent avec tendresse ou mélancolie la beauté d’une nature toujours sauvagement parfaite, d’une chevelure au vent ou d’une étoile filante en plein été.

Émotions en liberté

« Je préfère les allumeurs de réverbères
Aux businessmen sans frontières.
Ils ignorent la spéculation boursière
Et nous offrent un peu de lumière.

Nous retrouvons dans ce cinquième recueil empreint de douceur la plume sincère et tendre de Philippe Pauthonier. À travers ses vers, il nous fait goûter, sentir, voir la vie sous toutes ses facettes, tour à tour sombre et glorieuse, héroïque et contemplative. L’être humain est mis en avant dans ces pages, dans un arc-en-ciel d’attitudes qui nous renvoient à notre moi intime, éthéré et parfois à l’abandon.

La guerre des mots

« La mère de vagues lumières
Et le Sinaï regarde le mont Nébo
Sous le pas de nos frères tombés
Au champ des armes, ruisseau
Qui court le long des corps
Six jours pour compter le temps
D’une prière, d’un kaddish
Trois lendemains pour se dire Ismaïl
Nous sommes frères. »

Les autres, leur différence, leur ressemblance avec nous… Jamel Mouaouya plonge dans ses racines arabe et juive pour faire saillir le lien indéfectible entre deux communautés. En vers sensibles, il raconte le conflit, l’incompréhension et les instants de fusion.

Le chant des Songes

« Dans les lycées dans les collèges
Sur les chevaux des grands manèges
Dans le sable et sur la neige
Il y a des tags »

Un poème acquiert une résonance toute particulière lorsqu’il est mis en musique. Entre créations originales et classiques revisités, Gérard Elleboode évoque l’âme de Paris et des Antilles et nous entraîne dans une ronde de mots à l’harmonie obsédante.

Instant présent

« Assis sur le sable,
Je regarde l’horizon.
Une brise me caresse le visage.
L’odeur des embruns m’envahit.»

Authenticité, sincérité, douceur sont les maîtres mots de ce recueil jeté sur le papier en quelques heures. L’auteur livre au lecteur le fruit de ses observations, célébrant avec simplicité les petits et grands plaisirs de la vie. Un chuchotement souriant, qui nous suggère que le bonheur se trouve bien souvent sous les yeux de qui sait prendre le temps de regarder autour de lui.

Les mots de mer

Pour ne plus paraître
Paraître pour sa survie
Se dire que nous suivons
Toujours un être
Qui paraît puis disparaît

Mer, mère… Jamel Mouaouya joue des possibilités et jeux de mots offerts par ces deux vocables. « Les mots de mer » offre la palette rafraîchissante d’un poète qui trouve en chaque regard, chaque objet, chaque rayon de lumière une source d’émerveillement et d’inspiration.