Thème : Poésie contemporaine

Les échos de l’eau

« Je suis fatiguée de donner le change, de mettre en sourdine le chant de mes anges, de voir des pigeons au lieu des mésanges, de tourner en rond, ou même en losange.
J’avais des jours bleus et des nuits de Chine, des mers de pirates, des fleurs sans épines, des frissons d’étoiles, des fées Mélusine, des flammes de glace, des fées Carabine. »

Dans ce recueil coloré et riche en musicalité, Laurence Lambert nous livre un univers où l’allitération est reine, le jeu de mots trônant fièrement à ses côtés. Une incursion dans une poésie magique, qui évoque en nous l’enfant, le révolté, l’aventurier… Et aussi, un hommage à Rimbaud, dont l’influence sait se glisser entre les lignes avec facétie et une tendre espièglerie.

Le cimetière de nos rêves

« Je suis un grand rêveur, qui voudrait devenir
Dans un monde inconnu et parallèle au mien,
Où tout est transformé, la vie et le destin
Le petit souverain d’un royaume à venir »

Tisser des liens entre l’art, la mythologie et notre monde contemporain, c’est l’exercice auquel se prête l’auteur de ce recueil de poèmes. En conciliant la musicalité de l’alexandrin à l’élan de la jeunesse, ses vers dessinent tous les contrastes de nos attentes et de nos désillusions contemporaines.

Recueil cueilli

« C’était le clair-obscur d’un banal grand matin
Un albatros poussa soudain un cri perçant
C’était le signe clair du début d’un destin
Il fut inaperçu sauf par un chien errant. »

Couleur, fureur ; extase ou dégoût de vivre. L’ambivalence est la clé de ce recueil qui conjugue les contraires, et cultive farouchement tout ce qui est hétéroclite. Entre cabinet de curiosités et serre couvant d’étranges plantes, « Recueil cueilli » place au coude à coude mort et vie en un formidable exercice de style.

Ad vitam aeternam

« Que l’on vive seul ou bien avec l’être aimé,
Peu importe, l’on est bien seul avec soi-même.
L’autre ne saura de nous que ce qu’on essaime
Au bon vouloir des mots et gestes bien formés. »

Pour son premier recueil de poèmes, l’auteur cristallise des préoccupations universelles : l’existence supposée d’un destin, les latitudes du sentiment amoureux, ou encore la précarité des souvenirs.
Avec, en toile de fond, l’angoisse reine, l’essence de l’homme : son évanescence.
« Ad vitam aeternam », c’est la catharsis par les mots, expulsés sur le papier moins pour dire notre peur de disparaître que pour réaffirmer notre engagement : extraire la miette d’infini de chaque instant.

Rictus

« De ces amours qui naissent,
Aussi vite qu’ils cessent,
Lors d’un printemps.

Pour un peu de tendresse,
Pour un peu plus de caresses,
Du corps de ces amants,

Les sentiments en paresse,
D’une grossesse, je ne fus qu’une promesse,
Un enfant. »

Noirs, grinçants, délaissant les formes classiques pour des rivages plus actuels, les poèmes de ce recueil sont des coups de patte assénés à nos maux contemporains.
Illustrés des dessins de Jonathan Muyal, ils rendent compte d’un trait d’humour noir de nos doutes et de nos espoirs, qu’ils soient de miel ou de fiel.

Un instant dans mon esprit

« Musique, écrire et mes yeux
se ferment automatiquement.
Ici lieu de silence, havre de paix
et pourtant c’est la villa des âmes endommagées.»

Lorsque tout blesse, lorsque le désarroi s’immisce dans chaque instant, les mots deviennent le seul remède fiable. Capsules de survie, ils permettent de trouver sa bouffée d’oxygène en climat hostile. Illustré par les dessins de Colineiscool, « Un instant dans mon esprit » nous convie à partager ces moments de doute et de grâce.

Photoésies

« Quand j’aurai tant appris de ma si courte vie
Que les moindres secrets de mon coeur chavirant
Auront enfin percé ce qui les asservit
Et se feront l’écho des fonds du  firmament »

Prélude à la création de ces poèmes, la photographie d’un paysage libournais, d’un bâtiment ou encore l’envol d’un akène.
Des images fortes qui reflètent, avec étrangeté, des sensations humaines. Il s’y mêle la mélancolie, l’amour universel, les doutes, les blocages psychologiques, la beauté de la résilience ou encore l’indignation face à l’absurdité du monde.

Poèmes d’une nuit ou de toute une vie

« Le printemps pose son lit de fleurs,
Pendant ce temps,
Toi et moi pleurons des heures,
Enlacés dans ce champ.

Ne me réveille pas de ce rêve,
La réalité me tente
Mais lorsque je me lève,
Je veux voir ta personne rayonnante.»

Dans ce premier recueil empli d’émotions intenses, fortes et tendres à la fois, l’auteure nous invite à découvrir son âme mise à nu. Abordant le désespoir, le chagrin et la douleur d’un cœur brisé, elle nous fait également tourner nos regards vers le soleil, lueur à travers les nuages.

Mathématique d’un vécu

« Ma thématique est mathématique,
Mathématique sans axiomes,
Algèbre de figures de style,
Anneaux, corps, topologie de soucis,
Matrice inversible au déterminant nul,
Groupe sans loi et aux multiples éléments neutres. »

La dimension et la richesse poétiques des mathématiques sont mises à l’honneur dans ce recueil qui mêle algèbre, géométrie et, de façon plus inattendue, émotions. Équation à double inconnue, la rime permet d’allier pureté mathématique et jeux sur la forme, en une singulière variation des fonctions.

Le feu dans les yeux

« Je brume en bulles, j’en perds mes bulles
Je bulle d’une brume qui me brûle »

Une ligne mélodique entêtante, un rythme qui s’ajuste à nos pulsations : les poèmes du « Feu dans les yeux » font vibrer l’air de leurs singuliers échos. La déchirante beauté du monde, l’amour et ses frissons, la flamme ardente des émotions sont autant de galets polis, sculptés par l’auteure. Leur heurt, dans le lit du recueil, produit le tintement caractéristique de la vie même.

Brins de fantaisie

« Un matin bleu,
Le soleil rebondira sur les vagues,
Les feuilles des plantes auront des ailes,
Les poissons s’esclafferont hors de leurs paniers,
Les sources chaudes pousseront les pavés, »

Espace de liberté, la page laisse libre cours à l’esprit vagabond de l’auteure. Avec la poésie, cette dernière s’amuse d’associations surprenantes de mots, de jeux sonores et d’images qui font vibrer les sens. De vertiges en pensées tourbillonnantes, ces « Brins de fantaisie » sont autant de croisées sur nos existences, rêvées ou réelles.

Amba

« J’étais fait pour les sentiers de forêt, les routes cabossées, les chemins de traverse, les voies ferrées dont on ne connaît pas la fin, les petites routes où il ne passe jamais personne.
J’étais fait pour les pommes d’amour, les brochettes de cerises au sirop, les hamburgers aux oignons grillés nappés de ketchup et les gaufres de Bruxelles à la chantilly.
J’étais fait pour rester enfant. »

Capturés sous la forme de poèmes en prose, ironiques et souvent surréalistes, ces instantanés racontent le parcours d’un homme de la prime enfance jusqu’à l’âge mûr. Poids du temps qui passe, amour des siens, inquiétude face à la marche du monde, l’auteur explore les différentes facettes d’une existence, des plus brillantes aux plus sombres.

Reviviscences

« J’ai fini par grandir avec la misanthropie.
Pendant plusieurs années, elle était ma meilleure amie. On ne peut compter que sur soi-même.
L’être humain est décevant.
Lorsque nous lui donnons un peu de notre confiance, il pense être puissant.
Un peu d’attention et un peu d’amour,
il se prendra pour un prophète. »

Dans ce premier recueil, l’auteur dévoile le chemin d’un apprentissage spirituel à travers les affres de l’adolescence, des bourrasques et des brises qui forgent l’esprit et nuancent le cœur. Plus que tout, cet ouvrage est une ode à la résilience, à cette manière héroïque de garder la tête hors de l’eau quand tout vous submerge. Une introspection sensible.

Asymptote

« Crise existentielle,
Enfance couleurs pastel,
Sauts innocents à la marelle.
Pff… Tu perdais ton temps à des bagatelles.
Tout c’qui reste de ces moments intemporels
Ce sont des cendres disparates placées en archipel.»

Plongez au creux de cet univers poétique à l’esprit libre et vivant. Explorez ces diverses thématiques qui nous bercent et nous ramènent à nous questionner sur les sens premiers de la vie. Redécouvrez le monde à travers les yeux innocents de l’enfant.

Soixante-huit

« Elle s’appelait Demain
Lui c’était Nostalgie
Le point du jour
La fin de la nuit »

Haikus, vers libres et prose se mêlent dans les pages de ce recueil. L’auteur y aborde le passage du temps, la présence de la mémoire et le sens de l’existence. Des évocations fortes et tendres, inspirées de la nature, des mythes et des hommes, qui mettent en lumière les émotions humaines et la fugacité de l’instant.

Dire ce que le cœur sait mais que la raison n’ose

« Sourire, regarder l’essence des choses 
Voir, comprendre dans la fleur 
Ce qui d’heure en heure se métamorphose… 
Aimer ! 
Et pleurer s’il le faut… »

Avec « Dire ce que le cœur sait mais que la raison n’ose », l’auteur dévoile une introspection émouvante sur un parcours de vie jalonné par l’amour et l’espoir, le deuil, la souffrance, autant de réalités humaines appelant compréhension, apaisement et résilience. À cela, quel autre remède sinon la poésie ?
Plus didactique, néanmoins teinté d’humour et d’espoir, « Aphorismes contemporains un brin sarcastiques » évoque le monde contemporain avec ses paradoxes et soulève des questions liées aux valeurs universelles d’amour, d’unité, de véracité et de justice.

Le tailleur de pierre

« Je suis cabossé,
Vacarme assourdissant
Un peu calaminé
C’était avant,
Je suis confluence,
L’atlantique,
D’un pas sage
La Loire,
Coulent,
Sans indulgence,
Secoué,
Chaviré,
Enfanté des abysses,
Déposé sur le rivage, »

La lune bleue

une onde bleue,
là s’entre lasse en contrebas,
un saule pleureur chatouille l’astre,
ci-après,
ci-gît des abymes,
que viens-tu faire,
Cyprès, si haut

C’est l’histoire d’une poésie qui « panse » tout haut : elle traverse et porte un mouvement au-delà de la chute. Florent Pennuen fait du kinsutgi un principe d’écriture en primitif, une nouvelle alphabétisation de l’altérité. Chez lui l’ombre est lumineuse, la gravité ascensionnelle et l’absente Sainte axe.

Monument

« Ceux qui perdent sont ceux qui mentent
Qui prient sans avoir la foi
Se salissent, mais jamais ne se nettoient
Qui voient en leurs yeux des regrets qui les hantent »

Après avoir construit une vie qu’on croyait solide, il est difficile d’en voir les fondations s’effriter. Émergeant d’une longue période de mutisme poétique, Cédric Fernand verse les mots sur le papier pour creuser, recouvrir, reconstruire méthodiquement après une rupture douloureuse. Des mots tangibles, des mots réels, aux angles sûrs, sur lesquels s’appuyer pour remonter la pente, d’un pas résilient, dans la mélodie légère d’un vers.

Les âmes menteuses

« Jardin secret
D’épines et de linge parfumé
Soyeux des picots, tranchant des draps
Rigueur des sentiments »

Au cœur de ces poèmes, une réflexion sur l’amour, la famille et le désir. Puis, le regard s’ouvre et se fait alors sentir la nécessité de prendre le temps. Car ce dont il est question ici, c’est bien de saisir la beauté qui s’offre à nous.

Poursuivre le chemin de sa vie

« Ah oui, la vie !
Tous les joueurs devront y prendre part
Et tous chercheront le même but ;
La quête perpétuelle du plaisir. »

À chaque instant de notre existence, il nous faut nous réinventer pour avancer, contre vents et marées. L’auteure s’amuse des montagnes russes de nos émotions et nous invite à une déambulation tendre et enjouée au creux de nos sentiments. Une quête de lumière pour sortir de l’ornière des préjugés.