Thème : Essais littéraires

Mots rebelles, vies nouvelles

« Soyons joyeux, notre chair n’est pas triste et nous n’avons pas lu tous les livres, nous pouvons continuer à inventer des mots, à ignorer les ignorants et à ne pas hésiter à aller vers le latin de messe, « Confiteor, Deo Gracias, Urbi et Orbi », à aller vers Thélème, pour les désirs et les soifs de demain. Gargantua est le grand géant à grande bouche, il mange dix mille poules en un seul repas et avale dix fleuves de vin, Pantagruel est une pente à gruau et à gruyère, avaleur de montagnes. »

Comment vient ce mouvement des mots en révolte ? À l’écoute des échanges quotidiens avec des hommes, des femmes, des enfants et des adolescents en perpétuelle contestation. Par-delà les couches et les conglomérats, les alluvions et les sédiments, la géologie et toute cette accumulation océanique, s’ouvrent les lèvres du futur : une rébellion contre le sens, une échappée du désir de vivre.

Le sens de la vie

Dans un environnement marqué par la prédation des comportements et la recherche stérile des récompenses, la place de l’homme est indéniablement questionnée, et la recherche d’un bien standardisé de civilisation menace d’accomplir un repli sur soi : caractéristique générale du pratico-inerte, du corps sans organe historique.

À l’heure où l’économie et le sens de la propriété prennent le pas sur la solidarité et l’engagement artistique, comment redonner sens à une vie trop émoussée par notre société de normalisation ?

L’alternative est donc posée, entre une adhésion défaitiste au modèle occidental – financier et matérialiste – asphyxié par le spectre de la dangerosité de l’anormal, et un nouvel espoir pour le devenir et l’accomplissement de l’homme fondé sur l’éducation, la créativité artistique et le partage collectif. En somme, une nouvelle exigence sociale et politique, qui refuse le confort et les certitudes du matérialisme pseudo-démocratique, où la place de l’homme s’avère incompatible avec les exigences très lisses du gestionnaire.

S’appuyant sur des références philosophiques et littéraires similaires à son premier essai, Le sens de l’histoire (Sartre, Foucault, Deleuze et Badiou), Christophe Agogué s’attache à positionner l’homme face à ses finalités et ses vérités, au sein d’un monde fragilisé par une crise économique, culturelle et éducative. Perspicace, son message est un appel à un sursaut civique, politique et éthique.