Thème : Témoignages

Dans ma peau – « journal intime d’une passagère venue d’ailleurs »

« À sept ans j’ai pris la décision de partir en France. Je peux dire « j’ai décidé » car cette idée ne vint de personne d’autre que moi. En 1980, de Pointe-Noire nous sommes retournés vivre à Brazzaville. J’avais cinq ans. Je n’y étais pas vraiment à mon aise. À l’École Élémentaire de la Fraternité, c’étaient brimades sur brimades ! Tous les jours ou quasi, pour des broutilles, le maître d’école nous faisait frapper avec une règle en fer, soit sur les doigts joints, soit sur le bas des cuisses en pied-avant, mains au sol et jambes surélevées. Pour des futilités, des détails comme des chuchotements, l’oubli d’une gomme ou d’un stylo-couleur, nous étions matés, corrigés durement.»

Gwladys Berliocchi nous livre avec sincérité et ferveur un témoignage bouleversant sur son propre parcours. Née à Brazzaville une décennie après l’indépendance, poursuivie, happée par des événements plus que sombres, ballottée entre France et Congo, malmenée par des situations improbables autant que par les conséquences des décisions pas toujours bonnes qu’elle fut amenée à prendre pour leur résister, elle exorcise sur le papier ses expériences, ses joies et ses douleurs. Elle nous parle au cœur et particulièrement au cœur de ceux qui, comme elle, ont traversé la vie dans les cahots et les heurts, avec cette certitude née de l’espérance que seul un retour à l’authentique de soi peut nous libérer de ce que l’on nomme trop souvent la fatalité.

L’intimité d’un journal

« J’aimerais être allongée dans l’herbe à regarder le ciel étoilé et les signes qui s’y forment, j’aimerais penser à l’avenir, sourire à la vie et me dire que demain ne sera que meilleur, j’aimerais avoir ma tête posée sur l’épaule de celui que j’aime et qu’il me parle du futur, de nos projets, des voyages, du travail, des enfants, j’aimerais vouloir vivre. J’aimerais pleurer, sécher mes larmes et puis me dire que ça passera, que ce n’est rien, que toutes les étapes de la vie ne sont là que pour nous faire grandir. J’aimerais croire. J’aimerais être bien. »

Dans ce journal tenu sur une année, Meryem Jaouhari met à nu sans fards et sans retenue sa bataille quotidienne contre la dépression, qui révèle à demi-mots son envie de vivre à travers les pulsions de mort. Recherchant la lumière dans ce couloir obscur qu’est parfois l’existence, elle fait part de ses ressentis, de ses réflexions et nous mène vers sa vérité : la résilience.

Le bateau qui mène au pays des rêves

« Car il est de ces personnes qui entrent dans ta vie comme un éclair, comprennent tout de toi sans que tu n’aies à expliquer, donnent tout d’elles sans que tu n’aies à demander et, l’ayant transformée en quelques heures au-delà de tout espoir, s’en éloignent aussi soudainement qu’elles y sont entrées, sans jamais réellement la quitter. »

Le prince charmant, ce rêve d’enfant, n’est pas toujours celui que l’on croit. Et si, de son vivant, il n’a pu sauver sa princesse, il veille désormais de l’autre côté du voile.
En partageant cette correspondance intime, Hélène Deslandes envoie promener les certitudes, le temps d’un voyage entre deux mondes.
Un puissant message d’espoir pour celles et ceux séparés d’un être cher.
Un hymne à la liberté pour toutes les femmes enfermées dans la violence physique ou psychologique.

Chauffeur-Taxi Parisien Tome V

« Après avoir exercé comme chauffeur de taxi parisien pendant plus de 37 ans, j’ai constaté que l’équilibre émotionnel de certains de mes clients s’était progressivement dégradé dans la population, à mesure qu’augmentaient les résultats douteux et l’efficacité controversée. J’ai eu la chance, grâce au monde invisible, c’est-à-dire certains de mes clients que je rencontre au jour le jour dans mon taxi, de comprendre que certaines difficultés dans ma vie professionnelle sont empoisonnées et que ce sont des enseignements.
Ces trajectoires professionnelles, ces enseignements, ces contributions et innovations conceptuelles, font de moi l’une des références actuelles majeures dans le champ de la santé mentale des taxis parisiens. »

Emmanuel Yomba II sillonne Paris à bord de son taxi et observe, amusé, ses semblables et leurs manies.
Attentif aux confidences de ses passagers, il se livre également volontiers à l’exercice de l’introspection ; conduire les autres, c’est savoir écouter et, par un effet de miroir, s’interroger soi-même. Prenant comme exemples certains conflits qui peuvent l’opposer à un confrère ou un client indélicat, il nous incite à la distance, à l’humour et à la bienveillance. Il attire notre attention sur la force que l’on peut gagner à savoir prendre du champ avant de juger l’autre.

Patrie pétrie

« Un jour pluvieux de lundi, je sortis de classe et rentrai à la maison trempé, les cahiers enfouis sous mes habits. Les mamans étaient là, en compagnie de mes frères et sœurs, telle une procession. Tous gardaient le même calme. Il y avait comme de la frayeur dans l’air, ce lourd silence qui fait du vacarme dans l’âme. »

À travers le récit de son enfance, c’est l’histoire de la Guinée que nous raconte le narrateur. Ancienne colonie française, ce pays de l’Afrique de l’Ouest a dû se battre, après son indépendance, pour survivre aux difficultés rencontrées. Le garçon relate quelques évènements particuliers de sa jeunesse, parlant des traditions mais aussi de ses relations avec ses parents et ses frères et sœur.

La dépendance à l’alcool : l’art-thérapie au cœur du dépassement

« On ne combat pas l’addiction ou la dépendance, on « capitule » devant elles. N’oublions pas qu’elles sont toujours plus fortes que nous : psychiquement et physiquement.
Elles gagnent toujours.
L’acte symbolique permet de matérialiser concrètement ces comportements impalpables. C’est en pratiquant régulièrement ces actes – et malheureusement, pour beaucoup de personnes addictives : à vie – que le lien à la substance se réduit, se déplace, se transforme, et se sublime.
C’est la reconstruction.
Réparer, reconstruire, créer, méditer : prendre soin de soi. »

L’addiction alcoolique, une maladie encore sous-estimée, entraîne sa victime dans le cercle infernal de la solitude et de la dépression. À travers ces pages, l’auteure fait part de son expérience, sans fard, et nous confie que l’espoir est là, bien vivant, recroquevillé dans un coin. En acceptant aide et accompagnement thérapeutique, on peut trouver la force de le laisser se déployer pour enfin quitter l’enfer.

Après la Violence, la Vie

« Il faut imaginer que 2 heures plus tôt, nous étions parents d’une fille de 17 ans avec un mal de ventre et qu’à présent, nous sommes devenus grands-parents d’une petite fille.
C’est compliqué à expliquer mais nous sommes comme « robotisés », des regards sans doute dans le vague mais conscients qu’il vient de se passer, dans notre vie de parents, quelque chose d’incroyable. »

Il aura suffi d’un week-end printanier pour bouleverser une famille. Hospitalisée en urgence pour des douleurs au ventre, la fille de l’auteur, âgée de 17 ans, est en train d’accoucher après un déni de grossesse…
Comment devenir grand-père en de telles circonstances ? L’auteur partage la brutalité de l’annonce, la souffrance devenue joie, les questions qu’on se pose sans toujours trouver de réponse.

Femme, noire, seule et handicapée : journal d’une migrante en France

« Pour moi, ceux qui travaillent sont plus avantagés que ceux qui ne travaillent pas. C’est pourquoi on donne le travail à ceux qu’on aime… Le corps, comme l’esprit, a besoin du mouvement, comme il a besoin de repos pour être en forme. Le lit ne nous apporte rien de bien, à part l’appauvrissement de l’esprit ! »

Entre anecdotes du quotidien et pensées douces-amères, la narratrice évoque sa vie de femme, handicapée, privée d’amour et de chaleur humaine, mais pas de sens critique ! Elle qui se range du côté des exclus, de ceux qui ne sont pas dans la norme, ose relever la tête et s’exprimer. Elle écrit en résistante, porteuse des valeurs de la justice humaine.

Aventurier de l’humanitaire

« Les rumeurs les plus incertaines couraient. Des troupes syriennes seraient entrées en Jordanie, portant l’uniforme de l’OLP, l’armée irakienne ferait mouvement, les forces israéliennes ne resteraient pas l’arme au pied et, enfin, la VIe flotte américaine en Méditerranée s’apprêterait à intervenir. Le Roi Hussein me convoqua en m’envoyant une voiture banalisée, blindée. Je m’y rendis accompagné du médecin et d’un collègue. Le trajet fut stressant, au son des balles et de projectiles divers heurtant la carrosserie. »

Le sort des « disparus » et des harkis à l’issue de la guerre d’indépendance de l’Algérie, la guerre civile au Yémen, la guerre des Six-Jours en Égypte, « Septembre noir » en Jordanie et le conflit armé du 6 octobre 1973, appelé « du Kippour » ou « du Ramadan ».
Délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Marcel Boisard a été engagé sur le plan humanitaire dans nombre de conflits qui ont ensanglanté le monde arabo-musulman, durant la seconde partie du XXe siècle.
Négocier avec les autorités politiques et militaires des belligérants pour l’application des Conventions de Genève, prêter secours aux populations civiles, veiller au bon traitement des prisonniers de guerre et improviser pour aider des victimes en tous genres, autant de missions réalisées dans l’urgence et avec peu de moyens. À l’avant-poste de ces opérations, l’auteur relate des anecdotes riches en enseignement et rappelle des faits historiques quelquefois passés sous silence. Les événements évoqués se révèlent toujours d’actualité tant ils préfigurent les enjeux et les conflits contemporains.

Parkinson, ma renaissance grâce à la neurostimulation

« Je suis comme une fusée sur son pas de tir et le décompte pour le lancement est démarré. Pourvu qu’il n’y ait pas de souci imposant l’arrêt de ce compte à rebours. »

Daniel Schmitt est atteint de la maladie de Parkinson. Un jour, il se laisse convaincre de tenter une SCP ou stimulation cérébrale profonde, une opération lourde qui comporte des risques importants… mais qui peut atténuer ses symptômes et donc, changer sa vie. À travers ce témoignage, il cherche à convaincre les personnes atteintes de son mal de ne pas se laisser intimider par cette intervention grâce à laquelle il a repris goût à l’existence.

Itinéraire d’un enfant caché…

« Je me souviens de la phrase de mon frère Raphaël qui, pour nous protéger, m’a dit de ne jamais révéler que nous étions juifs car nous serions tous immédiatement tués. Mais pourquoi ? Qu’avait-on fait de mal ? Il a dû être très convaincant car depuis ce jour et pendant ces deux années de clandestinité, je n’ai jamais parlé, ce qui nous a certainement sauvé la vie. »

Paris, 1943, les persécutions contre les juifs et les rafles s’intensifient. Les parents de l’auteur décident d’envoyer trois de leurs enfants en « vacances », loin de la capitale, pour les protéger. La séparation sera définitive, Raymonde, 3 ans, sa mère et son père sont arrêtés et déportés. Ils ne reviendront pas.
L’auteur a échappé à la mort mais pas au fardeau du souvenir. À ses petits-enfants, qui le pressaient de questions sur cette période, il peut enfin dévoiler ces deux années de clandestinité, à Baule, dans le Loiret, loin des siens. Il dit aussi, avec une pudeur infinie, la douleur toujours brûlante de l’arrachement à ses parents et à sa petite sœur.

L’imprévu peut être mortel

« Nous avons tous, un jour, prévu un déroulement précis pour la journée, pour un résultat final aux antipodes. Nombreux sommes-nous à vouloir prendre le train nous conduisant à un rendez-vous et voilà que ce train est trop rempli, on ne peut y accéder et la journée est foutue. C’est ton destin. Faut-il en faire un drame ? Faut-il s’énerver ? Faut-il insulter le conducteur du train, bousculer les gens sur son passage ? Sont-ils responsables ? Ben non, mais peut-être qu’ils sont responsables de notre chance du jour, mais ça, on ne peut le savoir qu’après, c’est ça, l’histoire. Et dis-toi bien que tu ne peux refaire l’histoire, c’est l’instant T. »

D’un rendez-vous manqué à un autre, Denis Guitteaud finit par croiser le regard de la mort. Elle l’approche si près, puis l’abandonne à son sort, comme un pantin dans son jardin. Les secours arrivent juste à temps.

Jésus-Christ maître de laïcité

« Dieu ne nous humilie pas pour son plaisir mais pour que nous puissions faire l’expérience de sa paternité, pour nous faire entrer dans la voie de la confiance et de l’abandon. »

Nouvelle vision de la foi en Jésus-Christ, ce témoignage s’inspire d’un rêve éveillé fait par l’auteur. Lui montrant le danger de l’emballement des sciences physiques, ce songe le conduit à penser une spiritualité différente. Il invite à une nouvelle maîtrise de la laïcité, portée par la foi et l’humilité du Christ.

La roue nomade

« Je consultais les cartes pour le tracé du voyage. Je bénéficiais de mon expérience deux ans auparavant lorsque j’avais réalisé à vélo la traversée du nord au sud de l’Union Européenne ; de l’île norvégienne de Vardo en mer de Barents à Constanţa en Roumanie sur la mer Noire. J’avais roulé 4000 km et traversé 9 pays. »

Après « La roue libre » qui nous emmenait de l’île de Vardo au Sud de la Roumanie, Françoise Dion nous entraîne cette fois de Strasbourg à la Russie, juchée sur son vélo. Elle nous raconte les rencontres, les bivouacs, l’histoire des pays traversés et nous livre les réflexions qui s’amoncellent dans sa tête au rythme des pédales, jusqu’au monastère des Solovki, près du cercle polaire. Un pèlerinage personnel et intime qui lui fait approcher « l’âme russe ».

Mon moi d’après

« Toujours penser à demain. Parce qu’après la nuit, le jour se lève. Ce jour tant attendu, qui sera rempli de soleil. Il faut toujours regarder loin devant soi. »

Confortablement installés dans notre quotidien douillet et souriant, nous ne sommes jamais vraiment préparés aux mauvaises nouvelles. Comme celle de la maladie, qui nous tombe dessus sans crier gare. Lucette Bohl nous raconte sa lutte pour garder les yeux rivés sur la lumière, au loin. Celle d’une guérison possible. Celle de l’espoir qui jamais ne doit s’éteindre. Un récit tendre et sincère, parfois empreint d’un humour espiègle et bienvenu… qui célèbre la vie.

Traversières de hasard

« Cet ouvrage, aboutissement d’une perpétuité consacrée à l’Administration pénitentiaire (AP), résulte d’une longue négociation avec moi-même. Instruit du chemin parcouru, j’ouvre ici une discussion avec mes souvenirs. Guidé par une conviction, celle d’œuvrer utilement en passeur de mémoire. »

À la croisée de tous les échecs sociaux se trouve la prison dont l’auteur nous dévoile des facettes méconnues. Sans aucune prédestination à ce milieu insolite, il est d’abord surveillant en mai 1968, puis dirige plusieurs établissements. Durant plus de quarante ans, il côtoie l’humanité carcérale et les déviances de tous ordres, et témoigne de la fragilité des frontières entre la marginalité et le supposé normal. Son jugement est sans appel : le système pénitentiaire en constante évolution, souvent remis en cause, est le réceptacle exacerbé des dérives sociétales. Une réponse controversée au besoin de justice et de réparation.

Le cadeau des anges

« Cela fait maintenant cinq ans…
Cinq années que nous partageons et mélangeons nos vies.
Cinq ans que l’on se dit je t’aime chaque soir avant d’éteindre la lumière, chaque matin avant de partir travailler. JE T’AIME… »

Une rencontre inespérée et voilà la passion qui emporte l’âme dans un tourbillon d’émotions. Les voyages, la vie à deux, les anecdotes qui forment le socle de la vie d’un couple sont ici relatés avec toute la tendresse que suscite le souvenir heureux.

Un enfant de Thagaste

« Pour moi, la mémoire est un trésor bien plus essentiel que n’importe quelle richesse. Quand les souvenirs s’envolent, il est impossible de les récupérer. Les miens sont ceux d’un enfant de Thagaste, ville où vécut saint Augustin, qui deviendra plus tard Souk-Ahras. L’olivier, sous lequel il se reposait, se situe sur la colline derrière ma maison natale. »

L’auteur nous entraîne dans le temps à la découverte des chemins de son enfance, en Algérie. Dans ce récit émouvant et nostalgique construit à rebours, nous suivons ses pas dans le pays de ses rêves, une terre devenue imaginaire où vivent à jamais les personnes et les paysages qu’il a aimés. Un témoignage riche et sincère qui ravivera les souvenirs des uns et embrasera de flammes douces l’imagination des autres.

Brisure, la renaissance

« Devenir autonome était devenu mon seul et unique but. L’étape cruciale à franchir était d’enclencher le processus et de cheminer jusqu’au jour où j’aurais atteint mon but. Mon défi était de ne plus centrer mon attention sur l’anxiété et la culpabilité, mais plutôt m’appliquer à faire circuler une énergie positive sans justifier mes sentiments. »

Un accident survenu lors d’un plongeon dans une piscine paralyse Sylvain Bureau, cinq mois après la mort de son frère aîné. Par amour pour sa famille et en dépit d’une féroce dépression, il trouve la force et le courage d’exister, de continuer à goûter le sel de la vie malgré son handicap. Un témoignage poignant et sincère qui porte une immense détermination et un espoir sans bornes en la beauté de l’existence.

Jacques a dit… suce !

« Puisque personne ne rêverait pour moi, je me suis mise à rêver de grandeur toute seule ; souvent, le pire vous fait espérer le meilleur.
Parfois, aussi, du pire naît le meilleur… »

« Jacques a dit… suce ! », tout est dit.
La Bergerie, un établissement évangélique comme on en trouve peu : une secte à dire vrai.
Charlie Vincent, fille unique, nourrisson, y est placée. Elle y restera 18 ans et y connaîtra tout.
À la Bergerie, le secret est partout et le silence, un choix. Jusqu’à aujourd’hui. Charlie raconte le pire et ne nous épargne rien : une histoire brutale, folle, puissante et vivante, comme Charlie, la folie en moins. Un cri à la mort mais qui transpire la vie. Une leçon.
« Jacques a dit… suce ! », un récit bouleversant, qui dérange.