Thème : Poésie contemporaine

Les bonheurs invisionnables

« Les fleurs du silence s’assèchent par la haine
Et les sources taries d’amour se font rares
(…)
Les fleurs du silence disparaissent dans les nuits
Les sentiments étranges des hommes maudits. »

Timo lorsqu’il peint, Timothy lorsqu’il s’adonne à la musique et la chanson, Timothy Hagelstein est tout à la fois poète, auteur, compositeur, peintre. Il a écrit et interprété de nombreux succès tant en France, qu’en Belgique ou au Portugal, premier pays à reconnaître son talent.
Il visite encore souvent le Portugal, son pays de cœur, où ses livres sont traduits. Mais il reste désormais habité de bonheurs « invisionnables », après une vie riche en aventures artistiques, personnelles ou sentimentales.
Ce livre concentre tous les sentiments d’un poète nourri par une sensibilité à fleur de peau.
De sa lecture on ne sort pas intact, peut-être parce qu’il reflète une part cachée de nos vies parfois inavouée.

D’un mec l’autre

« Le pétale d’une fleur
Permet la guérison du cœur.
L’accent d’un mot
Permet le drame de l’auteur. »

La sensualité d’une épaule, l’angle émouvant d’une mâchoire, Steeve Minder les dépeint d’un trait de plume, d’un mot de pastel. À la recherche du mot juste, qui vibrera sur la toile et sur la page, il esquisse les contours du désir. Poésie du trouble, du vertige, de la rime mélodique qui fait tressaillir le cœur et qui permet d’être pleinement en vie.

Écrire, c’est ne pas écrire

« Je prouve aux centres et épigrammes le double de leurs ergots, leurs joues se fendillent de honte, elles se désa- grègent. Qui ose se fondre alors dans le spectacle de leurs rubans, portes anoblies ? »

Les mots ont leur propre vie, ce sont eux qui nous forment, et non l’inverse comme nous avons la prétention de le croire.
Avec « Homme exfolié » (Éditions du Panthéon, 2023), l’auteur cherchait à contraindre le langage à sa propre exigence. Dans « Écrire, c’est ne pas écrire », il accepte le mystère du langage humain. Il s’incline face à l’écriture, prête l’oreille à son murmure, comme on écoute celui de l’océan à travers une conque.

Un jardin de l’Inde

« Enlace-moi
Comme le serpent
Raat kee raani :
La reine de la nuit
Dans un jardin de l’Inde. »

Influencée par ses origines indiennes, l’auteure transcrit dans ce premier recueil les émois tendres et les grands transports d’un amour qui a changé le cours de son existence. Elle raconte les caresses et les attentes, les voyages dans le monde comme ceux que l’on fait en fermant les yeux, rendant hommage à cette relation ainsi qu’à la nature, très présente dans ses écrits.

Rendez-nous les étés de notre âme suivi de Escales bretonnes

« Plus rude est le pays breton
plus sa candeur hausse le ton
et plus la mer joue la démesure
mieux la plage se ressaisit
intemporelle »

Le vent marin, les souvenirs adolescents, ce recueil dit le mouvement des saisons et le temps qui s’égrène. Le paysage est l’écrin de ces textes ciselés, où chaque mot orne le vers, fait résonner une mélodie quelquefois nostalgique. Poèmes intimistes, sensuels, attachés à la volupté et aux joies des corps apaisés, ces étés et escales attisent la vague toujours renouvelée du désir.

Pensées pour un autre lendemain

« Les corps bougent et ondulent,
Les pensées divaguent.
Sont-ils réellement présents ?

L’esprit est ailleurs.
L’amour, la vie, la mort,
Qu’est ce qui importe vraiment ? »

L’italien et l’anglais se faufilent parfois entre les pages de ce recueil trilingue. L’autrice y dévoile des émotions crues, nues, à vif. Elle explore la part sombre de ses pensées et lui donne forme, la façonne, la dompte pour ne plus la craindre, pour qu’elle n’existe que dans ses termes à elle. Un voyage sensible qui montre la douleur sous son visage le plus laid, le plus franc, un sort que seuls les mots peuvent conjurer.

Poèmes en couleurs et étoilés

« Ton cœur scintille de joie
Ton cœur est rempli d’amour
Ton cœur forme une fleur qui vient
Se loger dans le cœur de celui
Que tu aimes. »

Voir le monde côté paillettes plutôt qu’avec des lunettes noires. C’est une invitation ô combien joyeuse que nous tend ce recueil aux couleurs de l’espérance. Étoile parmi les étoiles, l’Amour qui fait vibrer les esprits et chanter les cœurs et que l’auteure fait rimer à tous les temps.

L’inexistée

« Je te rêve et je te veux,
Si près de moi…
Que je ne peux imaginer
Comment vont les jours
Ni comment ils passent,
Comment la nuit visite le quartier
Ni comment elle le quitte… »

L’enfant qui n’est pas né, la maladie, les rêves égarés forment la constellation poignante de ce recueil. Les sentiments qui y gravitent reflètent les chimères de la vie auxquelles les vers donnent corps. Traversés de fulgurances, d’appels tendres ou déchirants, ces poèmes invitent à rencontrer une plume singulière.

La clarté des nébuleuses

« Maison aux volets verts
Sur les chemins déserts
Maison aux volets clos
Incitant au repos
Le souffle de la mer
Sur les roses trémières
La douceur de la nuit
Fait oublier l’ennui
Et l’on se laisse aller
À des baisers salés »

Rythmés, animés de néologismes, explorant diverses formes, les poèmes de « La clarté des nébuleuses » jouent à faire s’entrechoquer mots, émotions et sensations et nous entraînent dans un monde clair-obscur aux accents lyriques. Écrits entre 1977 et 2023, ils sont le reflet fidèle de leur auteure et une fenêtre entrouverte sur ses rêves et ses démons.

La tête dans les nuages

« Voler comme un oiseau,
Avoir la vue d’un aigle,
Avoir l’intelligence d’un corbeau,
Dépasser toutes les règles. »

Émouvant et tendre, ce recueil concentre les premiers poèmes d’une jeune autrice en herbe.
En vers aiguisés, elle décrit le monde, s’exerce à l’observation de ses semblables avec sensibilité et humour. Elle s’aventure également dans des univers imaginaires, tissant des récits empreints d’émotions universelles qui résonnent au-delà de sa propre histoire personnelle.
Son plaisir réside dans l’art de jongler avec la profondeur des sentiments, des rimes et des vers.

Les Transfigurés

« Tandis qu’en bas, la peste se déchaîne
Je m’en vais, je n’étais que de passage
Sans rancune, si je vous laisse à la peine ?
Je ne suis que le Marcheur de Nuages. »

Ce recueil transforme le réel, l’enchante et le poétise. S’emparant du banal comme de l’exceptionnel, il apporte un doux éclairage sur le quotidien, démontrant par là que pour apprécier sa vie, il suffit parfois de savoir la regarder.

Mots décomposés

« Un air lancinant, grinçant, acidulé
Et tellement, tellement lourd, et perçant, vibratif
C’est à ce son presque pur que je m’adresse :
Pourquoi vouloir détruire le monde et nos tympans ? »

Est-ce un poème ? Est-ce une liste ? Peut-être est-ce juste… une vue d’artiste ? Les textes des « Mots décomposés » sont surtout un immense terrain de jeu pour Michel De Cock qui nous y dévoile sa façon d’appréhender l’existence : en dansant sur les rimes, et en rythme. Avec tendresse parfois, avec humour souvent, il dessine des images d’endroits rêvés, où il fait bon se blottir ou s’amuser.

Être soi avec l’autre

« Dans nos mains, le maître du temps,
Nous remontons à la Source
Le temps, et l’inverse
Être soi, sans peur du juge »

Pour contrer le sort et la maladie qui l’entravent, l’auteur jette sur le papier des volutes de mots. Sur la partition de sa vie, il tempère d’harmonie ce qui est chaos et doutes. Dans un vertige de rimes et de rythme, il permet à l’esprit de voler, détaché de l’angoisse des quotidiens brumeux. Un saut de l’ange sans filet.

Les malheurs de Sophocle

« Oui, dis-je m’installant à côté d’elle
Écoutant cet apôtre du vivant et du réel,
Cependant que de moi s’éloignaient mes angoisses
Je me sentais un peu mieux, à l’épaule de ma mie.»

« L’argent, ah ! Fléau des humains », vers extrait d’une œuvre de Sophocle, est le point de départ de ce recueil. En déroulant le fil de ses réflexions, l’auteur imagine des poèmes intensément actuels, sur des thèmes intemporels. À cloche-pied entre tradition et modernité, il entrelace les formes classiques et les vers libres en un tout joyeusement débridé.

Carnet de poèmes

« Je me laisse naviguer
Encore un peu
Sous une…

Douce et douce, douce nuit
Cœur apaisé et fleurs effleuraient
Ton front et tes yeux »

Laissez-vous emporter dans une traversée en vers libres, à la prose légère comme une brise de printemps, pour évoquer avec le poète tout ce qu’il sait de l’amour et célébrer tout ce qu’il lui reste à en apprendre.

Sur les marges du possible

« Rien que d’exister à même les bords
Mille fois arpentés des rives de la vie
Ou embrassant d’un regard le monde
Du haut de l’Himalaya
Je me souviens de toi et
À peine assis sur le bord du temps
Tout d’un bloc m’assaille »

Ces poèmes en vers et en prose racontent dans ce recueil la nostalgie. En une double volute, ce qui fut et ce qui aurait pu advenir est déployé, comme les différentes facettes d’un même objet s’esquissant dans les lignes d’une même architecture imaginaire. Dans le fond, ce qui demeure, c’est l’aventure humaine et les multiples configurations qu’elle peut prendre, de la désespérance jusqu’au sublime.

Tu es l’Hibiscus, je suis le Lys

« Dans ce monde,
je suis Aussi libre qu’un oiseau
Dans une cage…

Dans mon monde,
Je suis tellement libre
Que je m’encage
Moi-même… »

Dans ce recueil teinté d’une tendresse douloureuse, l’auteure rend hommage aux émotions qui la traversent et qui laissent leur empreinte, pour un jour ou pour toujours. Une voix de femme authentique et sensible qui s’élève au nom de toutes les autres, celles qui parlent trop et celles qui se taisent trop, qui souffrent et qui sourient.

À l’ombre de mes pensées

« Senteur de l’existence à la fraîcheur du soir sous la couverture enflammée d’un ciel crépusculaire….
la nuit de noir vêtue, dans son linceul de silence, s’approche peu à peu dans l’ombre de la terre…. »

Une traversée des émotions humaines, un message de liberté, un hymne à la nature, ce recueil est cela et plus encore. Généreux, lyrique, piqueté de paillettes d’humour « À l’ombre de mes pensées » nous emporte dans le tourbillon de la vie. Rejoignez l’auteur, posté derrière une vitre et qui contemple et commente avec gourmandise ce qui se déroule sous ses yeux.

libre en son royaume

« une fois il était
dans un petit village
entre vagues et forêt
un homme d’un bel âge
comme tant d’autres
mais ne pas s’y fier
dans la tête du nôtre
une seule pensée
mourir
 
or tout semblait se liguer
contre ce désir fort singulier »

Dans un témoignage poétique sur l’accompagnement de fin de vie, pour dire les souffrances d’une relation filiale poussée à l’extrême, le pouvoir sans limites d’un amour inconditionnel, Hélène Deslandes casse harmonieusement les codes, à l’image de ce père qui souhaitait rester, envers et contre tous, jusqu’à son dernier souffle, libre en son royaume.

Over-rêve

« L’enfant a collé à son oreille,
Pour mieux imaginer de lointains rivages,
Un coquillage
Il a fermé les yeux…
Et amerrissent doucement ses songes.
Il est grand temps de rentrer. »

Remonter aux sources du temps et aux tréfonds des rêves, voici à quoi nous invite ce recueil tout en délicates volutes. D’un trait de plume, l’auteure y évoque le merveilleux des rêves enfantins ou encore la passion des voyages.