Journaliste, l’ennemi qu’on adore

« (…) si le journalisme doit, sans cesse, se remettre en question et aspirer à une restructuration complète, après notamment l’effondrement de la presse papier, le public ne devrait-il pas passer, lui aussi, par une même phase de réflexion ? Souvenez-vous de ce jeudi 11 avril 2013, où une émission intitulée Le Grand Journal invite une pseudo-star de la télé-réalité française : Nabilla. Égérie connue exclusivement pour ses prouesses de bimbo et dont la toile se moque allègrement chaque jour. Cet épisode, ô combien marquant de la télévision française reflète bien la morosité journalistique ambiante : celle où il faut nourrir le buzz, celui-là même qui rapporte de l’argent. Ce n’est ici que la résultante de la loi du marché, qui consiste à faire plaisir à l’audimat, aux téléspectateurs, en leur offrant ce qu’ils sont venus chercher. »

XXIe siècle en France. Jamais les journalistes n’ont été aussi critiqués. Le monde journalistique ne cesse de se déliter. « La faute aux médias » est un argument récurrent et la thèse conspirationniste ne cesse de se développer au cœur de la société.

Mais ces impressions sont-elles absurdes ou l’expression d’une triste réalité ? La mal-information serait-elle devenue inévitable ? À travers une analyse des dérives et des illusions du journalisme, l’auteur en extrait pourtant des raisons de croire encore au bien-fondé de ce qui représente pour lui une vocation.

Rédiger sur son propre métier n’est pas une mince affaire mais Benjamin Bousquet se prête à l’exercice avec adresse. Affirmant les travers comme les qualités, il expose dans ce premier ouvrage une approche des plus réalistes.