Rencontre avec... Annabelle Ducret

1. Pouvez-vous nous présenter votre livre ?

C’est, avant d’être un recueil de poèmes, un récit, à la chronologie non linéaire, de ma vie et des différentes émotions que j’ai pu vivre à un moment ou un autre de celle-ci.

Autrement, c’est un recueil qui tranche souvent, qui peut choquer, faire pleurer, aimer, mais c’est avant tout une œuvre vraie et sans artifice autre que les figures styles.

Mon recueil est une succession de propos authentiques, personnels, polémiques, violents, doux, attentionnés, j’en passe et c’est pour ça qu’il est à lire avec attention mais aussi, probablement, avec passion.

2. Quelles sont vos sources d’inspirations ?

Avant tout, moi-même ; parfois j’écris hors de mon ressenti mais je puise toujours un peu dans mon vécu afin de pouvoir être la plus juste dans la retranscription des émotions.

D’une manière plus générale, je m’inspire beaucoup du réel et notre manière de le percevoir : j’écris ce qui est, comment nous voyons ce qui est et comment nous voulons que ce qui est soit.

Enfin, je m’inspire également de ce que je lis, entends, écoute : une discussion, un livre, un commentaire sur internet, une chanson, un poème, tout peut être source d’inspiration si tant est que l’on prête attention à ce qu’il faut.

3. Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?

Romances sans paroles de Verlaine qu’on m’a donné à lire en seconde, j’ai adoré ce livre et je le relis sans problème de temps à autres.

En revanche, je n’avais pas réellement l’envie de me faire publier jusqu’à un certain oral blanc de français en prépa. Mon professeur, à qui j’avais demandé de lire mon premier poème et de m’en faire un retour, m’a donné un texte de Sartre (dont j’ai oublié la source) dans lequel l’auteur défendait la thèse qu’une œuvre littéraire ne peut être complète sans l’intervention d’un lecteur ou d’une lectrice ; je l’ai vu comme un message de la part de mon professeur et j’ai décidé d’écrire encore plus et d’essayer de me faire publier.

4. Si vous deviez vous décrire en trois mots, quels seraient-ils ?

Rêveuse, passionnée et curieuse.

5. Quelle est votre citation favorite ?

« L’important, c’est pas la chute, c’est l’atterrissage ».
Je trouve qu’il y a plusieurs sens de lecture à cette phrase. On peut la prendre comme une inspiration à toujours nous fier à nous-même et de faire ce que l’on sent bien et que ce sera le résultat qui importera ; on peut aussi considérer que l’on est toujours dans une chute perpétuelle au bout de laquelle il y aura un atterrissage mais rien ne dit s’il sera douloureux ou non et c’est à nous de faire en sorte qu’il ne le soit pas ; enfin, on peut considérer que malgré tous nos efforts, si l’on échoue, nos efforts n’auront pas compté et c’est une vision très pessimiste mais malheureusement juste, à mon avis, du monde dans lequel nous sommes : on nous pousse au résultat qu’importent les méthodes, bonnes ou mauvaises et je trouve cela profondément injuste.

6. Quel est votre mot préféré ?

Définir un mot préféré est un exercice difficile, il y en a tellement qui sont si beaux que ce serait difficile d’en choisir un seul ; de manière générale, je trouve que les mots qui comportent une allitération et/ou une assonance sont très beaux, par exemple « précipice » ou « octogone ».

7. Quel est votre rituel d’écriture ?

Je n’en ai pas vraiment, j’ai plutôt des situations types.

La plupart du temps, je me décide à écrire sur un certain sujet et j’essaie de trouver l’inspiration pour, que ce soit en regardant dans mon passé, dans l’actualité ou en rêvant la situation.
Parfois, je lis quelque chose qui me plaît et qui me donne envie d’écrire, dans ce cas, je réfléchis aux différents angles de vue et de réflexion pour prendre pas forcément le meilleur (si tant est qu’il y en ait un) mais celui qui me plaît et me parle le plus.

Enfin, et c’est comme ça que j’ai écrit mes poèmes préférés, je vaque à mes activités et une phrase, un vers, une strophe me vient en tête, je réfléchis alors à comment le tourner, comment rythmer et rimer de la manière qui me va le plus, alors je commence à étoffer comme des fondations sur lesquelles on viendrait construire l’ensemble du texte.

8. Le livre que vous auriez aimé écrire ?

Aucun. Pour moi, un livre, ce n’est pas qu’un ensemble de mots sur un papier ou une histoire racontée, c’est aussi et surtout la réflexion et la transcription d’une pensée de l’auteur ou l’autrice au moment de son écriture ; c’est pour ça que je n’ai pas envie de le faire et que toute manière, il me le serait impossible.

En d’autres termes, écrire un livre à la place de quelqu’un entraînerait nécessairement de le modifier et donc de le dénaturer, même s’il est mieux écrit, il sera tout de même écrit différemment et ne pourrait plus être considérer comme étant le même ; on pourrait comparer ça à un dessin : il est parfois aisé de reproduire le style d’un dessinateur ou d’une dessinatrice mais il y aura toujours un coup de crayon qui ne sera pas exactement le même, un peu plus appuyé, légèrement décalé.

9. Stylo ou clavier ?

Porte mines et gomme, j’aime pouvoir effacer autant que je veux sans avoir de ratures et j’aime aussi la sensation du crayon contre le papier. En revanche, je compile ensuite tous mes poèmes sur ordinateur une fois qu’ils sont écrits.

10. Le mot de la fin ?

Écrivez !

Parfois ça vient de rien et on découvre qu’on a un talent pour l’écriture alors qu’on n’y croyait pas. Pour ma part, j’ai toujours été mauvaise élève en cours de français, notamment en dissertation et je pensais, alors que j’en ai toujours, ou presque, eu envie, que je n’aurais jamais les capacités nécessaires pour pouvoir me faire éditer mais j’ai essayé un jour d’écrire parce que j’en ai eu l’envie et l’inspiration (ça se travaille à force d’écrire).