Thème : Mémoires

Ce que mes enfants ne savent pas

« La censure de notre courrier enjolivait nos missives de dentelles. Une paire de ciseaux manipulée par un « lecteur-inquisiteur » extrayait des mots et des phrases de notre prose. Toute indication concernant l’industrie ou l’armée allemande, toute information sur les résultats ou dégâts causés par les bombardements étaient remplacés par un trou dans le papier. »

Une jeunesse volée par la guerre et la déportation. C’est ce que les enfants de l’auteur découvrent en parcourant le manuscrit laissé par leur père. Jules Eeckhout a consigné dans ses carnets son désarroi durant la seconde guerre mondiale, d’abord vécue à Liège puis à Berlin et en Pologne, au moment de sa déportation en camp de travail. Il n’en reviendra qu’en 1945, dans le sillon de l’Armée Rouge, pour s’engager comme volontaire dans la R.A.F.
Victime de son époque, du système, des attentes de ses parents même, le jeune homme crie sa peine et sa colère face à ces années envolées, en un récit tout en retenue.

Chroniques polynésiennes

« Avec ma femme, dans l’obscurité choisie de la terrasse, nous devisons tranquillement, écoutant le bruit de l’océan qui vient heurter la barrière de corail à l’ouest de la baie tout en se ravissant du bruissement des aitos, sorte de sapins aux aiguilles très fines qui poussent sur les flancs de la montagne, agités par la brise de mer. Le bonheur est parfois fait de choses simples !
Autour de nous, de-ci de-là, des lumières brillent devant les farés des Tahitiens. Ce serait leur manière de chasser les Toupapahous, esprits maléfiques dans le panthéon tahitien. »

1982. L’auteur, accompagné de sa femme et de leurs deux enfants, est muté en Polynésie, au Centre d’expérimentation nucléaire du Pacifique.
Durant deux années, Alexandre Herstein a soigneusement consigné dans ses carnets les souvenirs de cette parenthèse bénie, bien que marquée par l’éveil de périodes cycloniques dévastatrices et les aspects humains de son métier. Depuis son acclimatation à Tahiti et la découverte des atolls des archipels de la Société et des Tuamotu, jusqu’aux excursions en Nouvelle-Zélande et à Rapa Nui, il nous raconte, avec humour et nostalgie, ses rencontres avec les Polynésiens et la civilisation des Maoris.

Ma chambre de bonne au 8e étage

« J’achetais aussi le magazine « Le Film Français » qui énumérait tous les films en préparation ou en tournage avec le nom des metteurs en scène et des producteurs. Je manquais beaucoup d’assurance pour effectuer directement ces démarches. Parfois, j’arrivais devant la porte cossue d’un bureau de production et je repartais sans avoir eu le courage de sonner et d’entrer. C’était un apprentissage qui me semblait beaucoup plus difficile que de mémoriser des textes. »

1959, sa valise à la main et des projets plein la tête, Marcel Comtesse quitte sa Suisse natale pour Paris afin d’y poursuivre ses études de théâtre. Ces années-là seront celles de la liberté, des réussites mais aussi des désillusions.
Les tribulations du jeune comédien et ses rencontres mémorables avec des comédiens et écrivains célèbres sont racontées avec panache et humour, dans le Paris des années 1960.

Petite

« Il m’ausculte tout doucement, regarde Grand-mère, me fait faire des mouvements. Il me sourit, me repose tout doucement dans mon landau. Il regarde à nouveau Grand-mère. Son visage trahit son inquiétude. Elle est pendue à ses lèvres.
« Alors Docteur, dites-moi ! Elle a des chances de survivre ? Qu’y a-t-il ?
– Madame Le Toquin, elle n’a pas de chance de survivre ? Elle est tout simplement sauvée cette petite ! Grâce à vous, elle va vivre. Elle a pris 3 kg. »

Elle comprend dès sa plus tendre enfance qu’elle va devoir être forte. Sa mère ne l’aime pas et ne cherche pas à cacher l’animosité qu’elle éprouve envers sa petite fille, au point de renâcler à lui apporter l’attention la plus élémentaire.
Heureusement, la bonne fée est là, une grand-mère qui prend soin de la fillette et l’aime, tout simplement.
Son autre bouée de sauvetage, ce sera l’écriture, brute, sans fards, qui lui permettra d’élaborer son plan de survie au long cours.

La Muse suivi de L’Art de la Chute

« Je ne comprends pas Beethoven. Comment tant de ratures sur le brouillon aboutissent à un texte aussi indiscutable ? Depuis la rencontre heureuse de mon amie, professeure à l’académie licenciée, je pense que ce qui prend du temps, c’est de se rendre capable d’écrire telle œuvre. Après, l’écriture d’icelle coule de source. »

Euterpe. C’est elle, la muse de la musique qui préside à la destinée de l’auteur. Taquine, quelquefois ingrate, elle l’accompagne dans son périple accidenté de compositeur et musicien. Malicieuse, elle lui réserve nombre de surprises.

Les chemins de la destinée

« Paul Bouillot est un homme ordinaire avec ses qualités et ses défauts. Toute sa vie, il va enrichir ses connaissances avec cette soif de tout savoir, les sciences humaines, l’histoire, la géographie, la psychologie, l’astronomie et bien d’autres choses encore. Il aime résoudre les mystères de l’histoire. Bien sûr, il ne peut pas tout savoir et cela le désole, mais sa passion guide ses actes et l’amène à changer de direction. »

Mêlant souvenirs et anecdotes, poèmes, tableaux et photographies, ce récit d’une existence met en lumière le parcours d’un autodidacte passionné. Dernier né d’une famille de mineurs, Paul Bouillot a travaillé lui aussi à la mine avant de devenir gérant d’un restaurant puis directeur d’un ensemble instrumental.
Une vie consacrée aux arts, un artiste raconté par son épouse, Les chemins de la destinée sont ceux que foule Paul Bouillot, multi-instrumentiste, professeur, chef d’orchestre, compositeur, peintre et poète. Un chemin aux mille facettes, guidé par l’amour des arts et de ses semblables.

Souvenirs de campagne et de captivité

« Parti de mon foyer le matin du 3 août à destination de Cherbourg où je devais rejoindre mon corps d’armée, je laissais derrière moi une femme tout en pleurs, à peine rétablie de ses couches, et une fillette âgée de six semaines à peine dont la santé laissait beaucoup à désirer, ce qui nous causait bien des inquiétudes. Dans ces conditions, le départ était loin l’être gai et l’avenir apparaissait de tous côtés chargé d’orages. »

Émile Lemerre a 30 ans lorsqu’il est appelé sous les drapeaux, en juillet 1914. Au début de l’année 1916, il puise dans ses souvenirs des mois écoulés pour annoter de petits carnets. Séparation d’avec les êtres aimés, vie quotidienne des soldats durant le conflit, souffrance, ce récit émouvant nous reporte il y a plus de 100 ans, dans la boue et les tranchées.

Petites pensées sur tout et rien

« Nous sommes en un mot la liberté. Nous ; je ; lui : moi ; tu ; chacun de cela existe dans une complétude et une sensualité sans pareilles.»

Loin du vacarme, les mots, leur entrelacement, sont source de réconfort et de joie. Quand la vie chahute, blesse et fait plonger dans le désarroi, ils sont là, radeaux sur l’océan. Ce recueil invite à oser se confronter à l’intime, à plonger en soi pour en ressortir vivifié. Et pour accomplir ce tour de force, écrire, encore et toujours.

Mon Sens de la vie

« Les secrets de ma ville, de ma vie, sont difficiles à appréhender tant l’histoire est riche, complexe, parsemée de petits récits truculents. Elle ne peut pas laisser le lecteur indifférent malgré les malheurs, les défaites, les réussites. Je m’attache au familier, aux détails, à la rencontre de toutes les cultures. Je pense comme pour voir. Je suis fondamentalement dévoré de curiosités, fasciné par la découverte culturelle historique des monuments, des musées, des voyages, des rencontres, de l’inédit. »

La cathédrale de Sens, première cathédrale gothique, illustre la couverture de cette autobiographie documentaire comme la nomme son auteur.
Un homme et une ville au nom riche de résonances, François Thénard rend un hommage appuyé à la cité qui l’a vu naître et grandir. Il retrace également la destinée de sa famille sénonaise au travers d’une fresque où retentissent les échos de l’Histoire. Il célèbre ainsi son illustre ancêtre, le baron Louis-Jacques Thénard, découvreur du bleu-outremer.

L’espoir

« Depuis, plus d’optimisme, plus de bonnes idées, plus de cieux bariolés comme je les aimais, chéris et rêvés.
Mon caractère s’est endurci. Mes pensées prennent un cours nouveau, teintées de gris, sombres et obsédantes.
Que sont les autres hommes, les autres femmes qui subitement se sont trouvés dans une situation autre que celle qu’ils connaissaient, qu’ils poursuivaient tranquillement ? Que sont-ils devenus ? Que sont-elles devenues ? »

Le 8 février 2017 est sinistrement gravé dans la mémoire de l’auteur. Ce jour-là, victime d’un accident de la circulation, il est transporté aux urgences. Mais alors que son corps est soigné, son esprit se met à ruminer l’événement, jusqu’à transformer son existence en un long calvaire. Rapporté sous forme de journal, « L’espoir » revient sur ces moments où le temps s’étire jusqu’à nous plonger dans une angoisse dévorante. Au fil du récit, on voit poindre ce sentiment libérateur qui se dessine et qu’il attend avec beaucoup d’impatience.

La mort de l’Algérie française a-t-elle sonné le glas pour la France ?

« J’écris pour être lu et non pour me dorloter. J’écris pour éclairer ceux qui vivent et pour faire revivre les morts, les pauvres morts abandonnés dans les ronces des cimetières d’Algérie. J’écris pour l’amour et non la haine ; que l’on me pardonne si parfois, dans mes propos, perce quelque amertume. »

Deux frères, André, l’aîné et René, l’auteur, sont nés en Algérie, issus d’une famille enracinée dans ce pays depuis la fin du XIXe siècle. 1962, l’exode, l’un a 31 ans, l’autre 25, les voici éloignés l’un de l’autre. Or voici que, tardivement, ils échangent des lettres, notamment entre 2016 et 2017, jusqu’à la mort d’André le 13 octobre 2017.
Ce sont certaines lettres de René qu’on lira, d’autres trop personnelles ne seront pas publiées. Sur l’Algérie, principal sujet, mais non le seul, leurs opinions divergent profondément. L’auteur y montre que les Pieds-noirs étaient chez eux en Algérie, qu’ils formaient un peuple et que l’exode a été une monstrueuse injustice.
Évocation souvent émouvante des paysages bien aimés et des êtres chers, incarnations des vertus de ce peuple.
Dans la seconde partie, l’auteur, convaincu que ce qu’il nomme « le génocide géographique » a déjà et aura de terribles conséquences sur les destinées de la France, en appelle au sursaut salvateur de la Nation.

Une vie

« Suis-je un roseau penchant au gré du vent ? Les accidents de mon parcours de vie ont certainement changé la trajectoire de mon devenir. Ou ils renforcent ma capacité de résistance face aux difficultés de la vie, ou ils révèlent toutes mes faiblesses et défauts qui sont dus au manque de lien familial, me transformant ainsi en un individu dépourvu de tout point d’attache, comme un arbre sans racines prêt à tomber au premier coup de vent… »

Quelle vie ! Né au Viet Nam, d’un père français et d’une mère vietnamienne, l’auteur a grandi éloigné de ses parents, dans un profond désert affectif. Il ne retrouve sa mère qu’à l’adolescence, lorsqu’elle le fait venir en France dans le cadre d’un regroupement familial. Cette fois, c’est la découverte brutale du mode de vie occidental.

Barthélemy Binia Mbowere, prêtre diocésain et missionnaire

« A la veille de mes cinquante ans de sacerdoce, certains confrères prêtres et amis m’ont suggéré d’écrire ma propre biographie : tâche difficile et délicate, car jongler entre l’histoire personnelle et l’humilité n’est pas chose facile. Toutefois, la proposition en vaut la peine, parce qu’avec l’âge, beaucoup de souvenirs s’émoussent et se dissolvent comme la rosée du matin. »

Le Père Barthélemy Binia Mbowere est prêtre du diocèse d’Idiofa, au Congo, depuis 1971. Figure incontestée de la liturgie congolaise, il livre dans cette autobiographie certaines des pages de son histoire : éclosion de sa vocation sacerdotale et missionnaire, contribution à nombre d’œuvres liturgiques et découverte de la musique comme levier puissant de l’annonce de l’Évangile ; ses mémoires sont une ouverture sur un quotidien auréolé de foi.

Lénine déboulonné… le socle reste !

« À Oufa, pratiquement tout est manuel. Le boulier sert encore, les balances sont mécaniques ; mais cela ne m’a pas choquée. Un magasin près de chez nous s’intitule « électronique » : il vend quelques composants, vieillots et poussiéreux, rien d’élaboré.
Lorsque je rentre à Pau en 86, tout le matériel automatique me saute à la figure : balance, paiement avec code optique, par carte bleue, gestion des stocks par ordinateur, ouverture de portes, affichage, jeux d’enfants, minitel, etc.
Je viens de changer de siècle. »

1985 – Claudie Pangaud, paisible habitante du Béarn, déménage en Bachkirie, alors république autonome soviétique, où son mari supervise le démarrage d’une usine. Elle nous raconte son quotidien émaillé de tracasseries diverses voire d’arrangements avec la vérité… À Oufa, au pied de l’Oural, les coutumes et les idées reçues ont la peau dure. Chronique d’un séjour aux accents difficiles.

Une vie (peu) exemplaire

« Les sagas ne sont vécues que par des familles à histoires complexes et romanesques et on nous impose qu’elles nous soient racontées par des journalistes de talent ou des écrivains à succès.
Très modestement, en écrivant mon histoire, je suis sûr de toucher la sensibilité et l’affection de mes proches. J’ai vécu des moments à nuls autres pareils, pourquoi ne pas les raconter ? »

Au cours de son existence chaotique, Gérard Morlier a été amené à faire des choix plus ou moins faciles, plus ou moins acceptés. Syndiqué depuis toujours à la CGT, membre du Parti communiste pendant de très nombreuses années, il va, au fil des rencontres et des évènements, raffermir ses engagements.
Dans cet ouvrage, il donne sa version des faits et plus encore son ressenti sur tout ce qui a pu lui arriver, ce qui rend son récit d’autant plus humain et touchant.

Il y a belle lurette

« Je dois mon existence à une religieuse catholique. Mon père avait dix ans et l’appendicite. Il était soigné à l’hôpital, à Vienne, dans son Autriche natale, par des bonnes sœurs. Un jour, l’une d’entre elles s’aperçoit, en le lavant, que mon père est circoncis. Elle le traite de « sale petit Juif » et lui tord les testicules. Mon père a compris l’antisémitisme très tôt et dans sa chair. C’est ce qui l’a sauvé et cela m’a permis de venir au monde deux décennies plus tard. »

Les parents d’Elizabeth Blot ont quitté l’Autriche en 1936, conscients de la tempête qui allait bientôt s’abattre sur l’Europe continentale.
L’autrice a ainsi vu le jour à Londres en 1937 et c’est le récit de son enfance et de sa jeunesse en Angleterre qui est ici narré, avec un panache et une drôlerie qui en font tout le sel.
Porté par un sens de l’autodérision réjouissant, « Il y a belle lurette » nous emporte dans une époque révolue, mais rendue proche par la magie d’une écriture tout en grâce.

Promenades en mer

« Heureusement, les histoires de marins se racontent aussi à terre. Même si elles assassinent parfois les enseignements de la mer. Souvent lors de ces soirées d’évadés de l’existence, d’échappés de la vie qui malgré une vie quelconque ont beaucoup de choses à raconter et qui réussissent parce qu’ils s’embrument, parce qu’ils s’emboissonnent, à faire des soirées mieux réussies que leur existence. »

Comme le ressac, incontrôlable et inexorable, la mémoire a ceci de beau qu’elle est à la fois constamment présente et insaisissable. Dans Promenades en mer, l’auteur livre pêle-mêle des vagues de souvenirs et d’expériences vécues, telle qu’elles lui viennent. De voyages en mer en voyages intérieurs et en introspections, une réflexion intime sur une existence mouvementée.

Le Baroudeur : l’Afrique, l’Europe, le Brésil…

« Un jour, un de mes petits-fils me demande :
Quand tu étais plus jeune, tu faisais quoi, toi, papy ?
Saisi sur le coup, réfléchissant en écoutant cette question… je me suis dit que si cet enfant voulait savoir ce qu’avait été vraiment ma vie, ce n’est pas en trente secondes, en lui disant deux ou trois phrases lapidaires sur mon long parcours, que je satisferais cet enfant de ma réponse. »

Jean-Pierre Jolliet est l’homme qui dit non. C’est un homme libre et un aventurier.
Tout commence par ce « Non » à son père, quand celui-ci veut qu’il reprenne la ferme. Ce « Non » va devenir son marqueur de vie. Non à une carrière dans l’armée, malgré un début d’ascension tonitruante, non au salariat. Au volant de son camion, sur les routes d’Europe, c’est patron, qu’il décide de devenir. Rien d’autre. À la tête d’une flotte de camions, puis, il bouge. On le retrouve en Tunisie associé dans une usine de textile. Hyperactif, Jean-Pierre se met à vouloir fournir aux restaurants du pays les lapins de son exploitation. En Libye, il vendra de grosses cylindrées allemandes, en Tunisie des blocs-moteurs français. Il ira retrouver un ami restaurateur au Brésil. Cet ami qu’il avait connu au volant de son camion au début de toutes ces aventures… Ils étaient tous les deux partants pour exaucer ce rêve, ils s’étaient promis de changer de vie, de voyager, de vivre libre !
Promesse tenue !

Jeff, une vie

« Plus tard, je fus baptisé « Jeff » par mes camarades de classe et d’internat (prononcez « djeff »). À l’époque, j’étais un meneur suivi et respecté, qui… n’hésitait pas à braver l’autorité. C’est surtout lors de cette période de ma vie que j’ai totalement remis en question les valeurs qui m’avaient été inculquées. Je trouvais peu à peu ma voie et déterminais un cap… que j’ai su garder.
Mais commençons par le début, il faut avant toute chose que je vous parle d’une autre époque… »

Réunir les anecdotes qui, reliées les unes aux autres, donneront un aperçu de son parcours, c’est le défi que s’est lancé l’auteur en narrant ses mémoires.
Né durant la seconde guerre mondiale, Jean-François Herriot a vécu dans les pays du Maghreb puis au Vietnam avant d’être scolarisé chez les enfants de troupe.
Son avenir en main, il passera le Capes, enseignera, vivra quelques fabuleuses années à Tahiti.

Amère Amérique, « Si c’est un rêve, je le saurai »

« A Lincoln, ma petite notoriété d’activiste s’était localement construite via la publication de quelques articles au vitriol dans les colonnes du Daily Nebraskan, journal publié cinq jours par semaine par l’université. La rédaction me présentait désormais comme un contributeur régulier.
Il y avait également mes prises de parole, elles aussi régulières, à Hyde Park. Se référant au célèbre Speakers Corner du grand parc londonien, c’est ainsi que ses animateurs, pour la plupart étudiants dans le département de journalisme de l’université du Nebraska, avaient baptisé l’événement hebdomadaire qu’ils organisaient le jeudi, en fin d’après-midi, dans la grande salle polyvalente, la bal room, de la Student Union. »

Entre l’Amérique fantasmée et la réalité, 3 années fondatrices qui ont sonné le glas de la relation très particulière que l’auteur entretenait depuis l’enfance avec les U.S.A.
L’obtention d’une bourse d’étude, en 1965, permet à Bernard « J. » Durand de rejoindre l’université de Virginie. Sa rencontre avec le sénateur Robert Kennedy, auprès duquel il s’engage, fait vibrer ce rêve américain… Jusqu’à l’assassinat du candidat à la présidence le 5 juin 1968. Le château de cartes s’effondre.