Thème : Mémoires

Petites pensées sur tout et rien

« Nous sommes en un mot la liberté. Nous ; je ; lui : moi ; tu ; chacun de cela existe dans une complétude et une sensualité sans pareilles.»

Loin du vacarme, les mots, leur entrelacement, sont source de réconfort et de joie. Quand la vie chahute, blesse et fait plonger dans le désarroi, ils sont là, radeaux sur l’océan. Ce recueil invite à oser se confronter à l’intime, à plonger en soi pour en ressortir vivifié. Et pour accomplir ce tour de force, écrire, encore et toujours.

Mon Sens de la vie

« Les secrets de ma ville, de ma vie, sont difficiles à appréhender tant l’histoire est riche, complexe, parsemée de petits récits truculents. Elle ne peut pas laisser le lecteur indifférent malgré les malheurs, les défaites, les réussites. Je m’attache au familier, aux détails, à la rencontre de toutes les cultures. Je pense comme pour voir. Je suis fondamentalement dévoré de curiosités, fasciné par la découverte culturelle historique des monuments, des musées, des voyages, des rencontres, de l’inédit. »

La cathédrale de Sens, première cathédrale gothique, illustre la couverture de cette autobiographie documentaire comme la nomme son auteur.
Un homme et une ville au nom riche de résonances, François Thénard rend un hommage appuyé à la cité qui l’a vu naître et grandir. Il retrace également la destinée de sa famille sénonaise au travers d’une fresque où retentissent les échos de l’Histoire. Il célèbre ainsi son illustre ancêtre, le baron Louis-Jacques Thénard, découvreur du bleu-outremer.

La mort de l’Algérie française a-t-elle sonné le glas pour la France ?

« J’écris pour être lu et non pour me dorloter. J’écris pour éclairer ceux qui vivent et pour faire revivre les morts, les pauvres morts abandonnés dans les ronces des cimetières d’Algérie. J’écris pour l’amour et non la haine ; que l’on me pardonne si parfois, dans mes propos, perce quelque amertume. »

Deux frères, André, l’aîné et René, l’auteur, sont nés en Algérie, issus d’une famille enracinée dans ce pays depuis la fin du XIXe siècle. 1962, l’exode, l’un a 31 ans, l’autre 25, les voici éloignés l’un de l’autre. Or voici que, tardivement, ils échangent des lettres, notamment entre 2016 et 2017, jusqu’à la mort d’André le 13 octobre 2017.
Ce sont certaines lettres de René qu’on lira, d’autres trop personnelles ne seront pas publiées. Sur l’Algérie, principal sujet, mais non le seul, leurs opinions divergent profondément. L’auteur y montre que les Pieds-noirs étaient chez eux en Algérie, qu’ils formaient un peuple et que l’exode a été une monstrueuse injustice.
Évocation souvent émouvante des paysages bien aimés et des êtres chers, incarnations des vertus de ce peuple.
Dans la seconde partie, l’auteur, convaincu que ce qu’il nomme « le génocide géographique » a déjà et aura de terribles conséquences sur les destinées de la France, en appelle au sursaut salvateur de la Nation.

Une vie

« Suis-je un roseau penchant au gré du vent ? Les accidents de mon parcours de vie ont certainement changé la trajectoire de mon devenir. Ou ils renforcent ma capacité de résistance face aux difficultés de la vie, ou ils révèlent toutes mes faiblesses et défauts qui sont dus au manque de lien familial, me transformant ainsi en un individu dépourvu de tout point d’attache, comme un arbre sans racines prêt à tomber au premier coup de vent… »

Quelle vie ! Né au Viet Nam, d’un père français et d’une mère vietnamienne, l’auteur a grandi éloigné de ses parents, dans un profond désert affectif. Il ne retrouve sa mère qu’à l’adolescence, lorsqu’elle le fait venir en France dans le cadre d’un regroupement familial. Cette fois, c’est la découverte brutale du mode de vie occidental.

Lénine déboulonné… le socle reste !

« À Oufa, pratiquement tout est manuel. Le boulier sert encore, les balances sont mécaniques ; mais cela ne m’a pas choquée. Un magasin près de chez nous s’intitule « électronique » : il vend quelques composants, vieillots et poussiéreux, rien d’élaboré.
Lorsque je rentre à Pau en 86, tout le matériel automatique me saute à la figure : balance, paiement avec code optique, par carte bleue, gestion des stocks par ordinateur, ouverture de portes, affichage, jeux d’enfants, minitel, etc.
Je viens de changer de siècle. »

1985 – Claudie Pangaud, paisible habitante du Béarn, déménage en Bachkirie, alors république autonome soviétique, où son mari supervise le démarrage d’une usine. Elle nous raconte son quotidien émaillé de tracasseries diverses voire d’arrangements avec la vérité… À Oufa, au pied de l’Oural, les coutumes et les idées reçues ont la peau dure. Chronique d’un séjour aux accents difficiles.

Une vie (peu) exemplaire

« Les sagas ne sont vécues que par des familles à histoires complexes et romanesques et on nous impose qu’elles nous soient racontées par des journalistes de talent ou des écrivains à succès.
Très modestement, en écrivant mon histoire, je suis sûr de toucher la sensibilité et l’affection de mes proches. J’ai vécu des moments à nuls autres pareils, pourquoi ne pas les raconter ? »

Au cours de son existence chaotique, Gérard Morlier a été amené à faire des choix plus ou moins faciles, plus ou moins acceptés. Syndiqué depuis toujours à la CGT, membre du Parti communiste pendant de très nombreuses années, il va, au fil des rencontres et des évènements, raffermir ses engagements.
Dans cet ouvrage, il donne sa version des faits et plus encore son ressenti sur tout ce qui a pu lui arriver, ce qui rend son récit d’autant plus humain et touchant.

Il y a belle lurette

« Je dois mon existence à une religieuse catholique. Mon père avait dix ans et l’appendicite. Il était soigné à l’hôpital, à Vienne, dans son Autriche natale, par des bonnes sœurs. Un jour, l’une d’entre elles s’aperçoit, en le lavant, que mon père est circoncis. Elle le traite de « sale petit Juif » et lui tord les testicules. Mon père a compris l’antisémitisme très tôt et dans sa chair. C’est ce qui l’a sauvé et cela m’a permis de venir au monde deux décennies plus tard. »

Les parents d’Elizabeth Blot ont quitté l’Autriche en 1936, conscients de la tempête qui allait bientôt s’abattre sur l’Europe continentale.
L’autrice a ainsi vu le jour à Londres en 1937 et c’est le récit de son enfance et de sa jeunesse en Angleterre qui est ici narré, avec un panache et une drôlerie qui en font tout le sel.
Porté par un sens de l’autodérision réjouissant, « Il y a belle lurette » nous emporte dans une époque révolue, mais rendue proche par la magie d’une écriture tout en grâce.

Promenades en mer

« Heureusement, les histoires de marins se racontent aussi à terre. Même si elles assassinent parfois les enseignements de la mer. Souvent lors de ces soirées d’évadés de l’existence, d’échappés de la vie qui malgré une vie quelconque ont beaucoup de choses à raconter et qui réussissent parce qu’ils s’embrument, parce qu’ils s’emboissonnent, à faire des soirées mieux réussies que leur existence. »

Comme le ressac, incontrôlable et inexorable, la mémoire a ceci de beau qu’elle est à la fois constamment présente et insaisissable. Dans Promenades en mer, l’auteur livre pêle-mêle des vagues de souvenirs et d’expériences vécues, telle qu’elles lui viennent. De voyages en mer en voyages intérieurs et en introspections, une réflexion intime sur une existence mouvementée.

Le Baroudeur : l’Afrique, l’Europe, le Brésil…

« Un jour, un de mes petits-fils me demande :
Quand tu étais plus jeune, tu faisais quoi, toi, papy ?
Saisi sur le coup, réfléchissant en écoutant cette question… je me suis dit que si cet enfant voulait savoir ce qu’avait été vraiment ma vie, ce n’est pas en trente secondes, en lui disant deux ou trois phrases lapidaires sur mon long parcours, que je satisferais cet enfant de ma réponse. »

Jean-Pierre Jolliet est l’homme qui dit non. C’est un homme libre et un aventurier.
Tout commence par ce « Non » à son père, quand celui-ci veut qu’il reprenne la ferme. Ce « Non » va devenir son marqueur de vie. Non à une carrière dans l’armée, malgré un début d’ascension tonitruante, non au salariat. Au volant de son camion, sur les routes d’Europe, c’est patron, qu’il décide de devenir. Rien d’autre. À la tête d’une flotte de camions, puis, il bouge. On le retrouve en Tunisie associé dans une usine de textile. Hyperactif, Jean-Pierre se met à vouloir fournir aux restaurants du pays les lapins de son exploitation. En Libye, il vendra de grosses cylindrées allemandes, en Tunisie des blocs-moteurs français. Il ira retrouver un ami restaurateur au Brésil. Cet ami qu’il avait connu au volant de son camion au début de toutes ces aventures… Ils étaient tous les deux partants pour exaucer ce rêve, ils s’étaient promis de changer de vie, de voyager, de vivre libre !
Promesse tenue !

Jeff, une vie

« Plus tard, je fus baptisé « Jeff » par mes camarades de classe et d’internat (prononcez « djeff »). À l’époque, j’étais un meneur suivi et respecté, qui… n’hésitait pas à braver l’autorité. C’est surtout lors de cette période de ma vie que j’ai totalement remis en question les valeurs qui m’avaient été inculquées. Je trouvais peu à peu ma voie et déterminais un cap… que j’ai su garder.
Mais commençons par le début, il faut avant toute chose que je vous parle d’une autre époque… »

Réunir les anecdotes qui, reliées les unes aux autres, donneront un aperçu de son parcours, c’est le défi que s’est lancé l’auteur en narrant ses mémoires.
Né durant la seconde guerre mondiale, Jean-François Herriot a vécu dans les pays du Maghreb puis au Vietnam avant d’être scolarisé chez les enfants de troupe.
Son avenir en main, il passera le Capes, enseignera, vivra quelques fabuleuses années à Tahiti.

Amère Amérique, « Si c’est un rêve, je le saurai »

« A Lincoln, ma petite notoriété d’activiste s’était localement construite via la publication de quelques articles au vitriol dans les colonnes du Daily Nebraskan, journal publié cinq jours par semaine par l’université. La rédaction me présentait désormais comme un contributeur régulier.
Il y avait également mes prises de parole, elles aussi régulières, à Hyde Park. Se référant au célèbre Speakers Corner du grand parc londonien, c’est ainsi que ses animateurs, pour la plupart étudiants dans le département de journalisme de l’université du Nebraska, avaient baptisé l’événement hebdomadaire qu’ils organisaient le jeudi, en fin d’après-midi, dans la grande salle polyvalente, la bal room, de la Student Union. »

Entre l’Amérique fantasmée et la réalité, 3 années fondatrices qui ont sonné le glas de la relation très particulière que l’auteur entretenait depuis l’enfance avec les U.S.A.
L’obtention d’une bourse d’étude, en 1965, permet à Bernard « J. » Durand de rejoindre l’université de Virginie. Sa rencontre avec le sénateur Robert Kennedy, auprès duquel il s’engage, fait vibrer ce rêve américain… Jusqu’à l’assassinat du candidat à la présidence le 5 juin 1968. Le château de cartes s’effondre.

Amis disparus, amis apparus…

« Faut-il raconter les choses comme elles viennent ou dans l’ordre où elles se sont produites  ? Les souvenirs naissent à mesure que je les écris. D’une phrase, qui auparavant n’existait pas, surgit une autre phrase, comme si elle n’attendait que ce moment-là. »

Grâce au pouvoir de l’imagination et de la mémoire, Remi Clignet réussit, l’espace d’un livre, à retrouver ses amis disparus, qui vivent dans son cœur à jamais et l’accompagnent au fil du temps. Ensemble et silencieusement, ils remontent le fleuve de la vie de ce grand voyageur. Les amis ravivent les souvenirs endormis sur ses berges et rattrapent le temps perdu en trouvant enfin, sans le chercher, le chemin du bonheur.
« Chaque personne qui passe dans notre vie est unique. Elle laisse toujours un peu d’elle-même, et s’en va avec un peu de nous. » Jorge Luis Borges.
Après « Naïf ou le petit chose » (Éditions du Panthéon, 2019), Remi Clignet emprunte à nouveau les sentiers délicieux de la mémoire, avec émotion et humour.

Toute famille a une histoire

« Après avoir exploré le temps pour essayer de trouver ses racines, il restait une petite branche mise de côté, éloignée, insondable, juste un ancien papier griffonné à la plume par un vieil oncle, l’aîné de la famille maternelle.
Adolescent, je l’avais questionné sur l’histoire de sa parentèle. Il m’avait alors remis ce papier sur lequel se trouvait un dessin, réalisé sous la dictée de son père, résumant cette généalogie. Une petite branche à droite décrivait trois sœurs, leurs maris, leurs enfants, dont Eugène Million, célèbre carrossier au XIXe siècle, Stanislas de Charnal, un auteur dramatique qui serait parti pour l’Amérique avec une actrice de théâtre, et Élisabeth Giroud, sa grand-mère.
Cette petite branche portait des fruits étonnants, décou-verts après des années de recherches. »

Les archives et bibliothèques recèlent des richesses infinies. Y accéder est la promesse de découvertes savoureuses, émouvantes, à tout le moins pleines de surprises.
Hughes Legrand s’immerge ainsi dans le destin de quelques aïeux du XIXe siècle, et nous entraîne à sa suite. Les méandres, les impasses et les obstacles de cette enquête sont autant de péripéties qui captivent et alimentent notre intérêt.
Son diplôme d’architecte sur la restauration d’un couvent du XVIIe siècle, transformé en prison, a donné à Hughes Legrand le goût des archives et l’excitation des recherches. Sa vie professionnelle lui a donné plusieurs fois l’occasion de diriger des projets immobiliers qui avaient par une curieuse prédétermination, un lien direct avec sa vie passée ou celle de ses ancêtres.

Le dernier soupir

« Quand ma belle-famille est venue demander ma main pour leur cher fils, mes parents ont immédiatement donné leur accord. Ils ont répondu affirmativement. Cette alliance, je ne peux dire qu’elle me sera bénéfique mais, au moins, j’étais des plus heureuses.
Je n’avais aucune notion du mariage, ce que je savais, c’est que c’est une union basée sur l’amour, la confiance et la fidélité et que c’est un lien sacré par une déclaration solennelle. »

Malika Aoualit retrace son parcours afin d’en disséquer ses expériences de vie. De ses années adolescentes à l’ambiance du foyer familial, elle revient sur des souvenirs enfouis, ceux qui resteront à jamais gravés, reflets de ce qu’il y a de plus intime en elle.

Avec douceur, elle nous invite ainsi dans ses pensées, révélant des émotions et une sensibilité qui nous bouleversent. Son mariage, ses souffrances et son acharnement face à cette existence parfois si complexe. Qui sait de quoi sera fait demain ?

Les heures tardives

« Juste être vivante. Me donner voilure car la mer est grande. »

Maïeuticienne de son passé, les souvenirs de Danièle Mermoud ressurgissent avec une gravité déchirante mais toujours juste. Son style à vif taille dans la chair pour mieux atteindre les sentiments, ceux qui serrent le cœur, ceux qui étreignent nos poumons et font battre le sang aux creux des tempes. Les sentez-vous ces pulsations ?

Mémoires d’un homme du passé

« […] Nous étions heureux et fiers d’avoir passé ces péripéties qui forgent le caractère et confèrent au corps une capacité, un pouvoir de résistance et d’endurance impressionnants. C’était comme une sorte de baptême, non de feu, mais d’endurcissement, de patience et de philosophie. »

Aujourd’hui retraité, Ahmed Marcil se remémore sa vie. Toujours intacts, ses souvenirs affluent : son enfance à Rabat, entre les déménagements et la Médina, le rationnement et la crainte de la guerre. Avec une sincérité touchante, il évoque son éveil croissant à l’école coranique puis sa révélation pour l’armée. Transporté, il nous fait intimement ressentir sa fierté d’étudier à St-Cyr, et sa terrible mortification à Caen, ville stigmate de la barbarie humaine. Avec une précision vibrante teintée d’émotion, il restitue tous les aspects et détails de son passé militaire.