Thème : Romans

La liberté des songes

« Le pire des dîners était celui de Noël. Une tension indescriptible venait renforcer l’obligation de se tenir un long moment à table pour y partager le nécessaire et traditionnel festin.
Chaque Noël était un drame, une nuit digne de l’Inquisition. Non, Jésus ne naissait pas. Il n’était pas non plus descendu sur terre pour nous sauver. Au contraire, chez nous, il nous crucifiait. »

La légende dit que lorsque l’on meurt on voit défiler sa vie. Gabrielle, elle, la rejoue entièrement de son adolescence bourgeoise des années 80 à l’Alzheimer de sa mère. Dans ce passé imaginaire, elle n’est plus tout à fait la même et ses parents sont des gens heureux. D’une scène à l’autre, blonde puis brune, mince ou non, enfant ou mère, elle déambule dans un univers au technicolor presque parfait.
Mais Gabrielle trébuche sur le réel, toujours là, tapi pour mieux blesser.

Le destin prévisible d’un homme en pleine tempête

« Baptiste ne savait rien de tout cela, car même à lui, je préférais en dire le moins possible. D’une certaine façon, mon silence était un moyen de nous protéger mutuellement : lui, de donner son opinion ; et moi, de l’entendre. Et puis, si mon engouement était naturel, je ne pouvais en demander autant de lui, qui n’était pas à l’origine de cette étude. Malgré tout, je dois bien le dire, cet appel téléphonique, juste après l’envoi du mail, me fit prendre conscience de l’ampleur de la tâche qui m’attendait à partir du moment où commencerait l’expérience.»

Voilà déjà cinq semaines que Baptiste a perdu la mémoire dans un terrible accident de voiture. Ses blessures se résorbent rapidement, grâce au personnel médical de l’école militaire où il est hébergé. D’après le neuropsychologue qui le suit au quotidien, Baptiste souffre d’un type d’amnésie encore inconnu. C’est précisément ce qui intéresse tant le Colonel Rocca, le directeur de l’établissement qui dirige l’expérience dont Baptiste est le sujet.
Le jeune homme voudrait maintenant rentrer chez lui et retrouver sa famille, mais le colonel s’y oppose. Et selon Ménès Fonte, l’instigateur du projet, Baptiste s’est porté volontaire pour ces essais. Le problème, c’est que ce drôle de personnage n’a pas non plus l’air d’avoir toute sa tête…

Une grande fille

« Apolline attrape son cahier et se met à griffonner des milliers de souve- nirs qu’elle a eus autrefois. Raconter pour exorciser sa douleur. Elle voudrait chasser les ombres et les fantômes à grands coups de pied.
Écrire au présent, c’est le seul moyen pour elle de le rester. »

La maison est devenue silencieuse, Apolline vient de perdre l’homme qu’elle aimait. Elle décide alors d’ouvrir le cahier des mots de sa vie, dans lequel elle a consigné tant d’instants tendres ou déchirants.
« Une grande fille » rassemble ces histoires qui bondissent du passé au présent et font revivre pour les enfants et petits-enfants d’Apolline les rêves écartelés de l’enfance et la naissance de l’amour.
Sous la plume d’Annie-Gisèle Cousty la tendresse se fait verbe, la douceur se glace de la conscience du temps qui file.

Dialogue dans l’au-delà entre le juif et l’esclave

« Après notre mort et après avoir passé cent ans chez Baron Samedi, le juif et moi, l’esclave, nous nous sommes rencontrés dans l’au-delà. À notre arrivée, tout est magnifique et d’une beauté que l’on n’a jamais vue, soudain nous voyons Dieu qui arrive et s’installe auprès de nous en disant : « Mes enfants, vous êtes enfin arrivés dans l’au-delà. » Il nous disait que dans ce lieu, tout est conçu pour que les arrivants se sentent heureux. »

L’un était certain d’accéder à l’au-delà, ainsi que le Seigneur l’avait promis à son peuple, l’autre craignait d’en être évincé. Le juif et l’esclave se retrouvent là-haut et le maître des lieux les engage à discuter pour comprendre et résoudre leurs discordes. Leur dialogue s’instaure et se poursuit sur terre en vue de réconcilier entre eux leurs frères humains.

Armen 33

« Ce fut alors l’ère des gourous et de la médiumnité. De nombreux journalistes et plusieurs virologues portaient des amulettes aux doigts et un talisman autour du cou. Que ce soit de la lune ou d’Hermès, tous les pentacles étaient portés et parfois juxtaposés pour conjurer les ténèbres, percer les secrets de la vie et surtout comprendre pourquoi y mettre fin. »

Armen 33 est le nom du virus à l’origine d’une pandémie qui a profondément perturbé l’ordre du monde et entraîné les décisions arbitraires des gouvernements. Jo Khaladi en est l’un des derniers rescapés. Il a dû fuir le jugement kafkaïen qu’il encourait, jusqu’à son retour en bord de Meuse où l’attend une nouvelle vie, accompagné d’Omer Picon, dit « Bouche-trou », un libertaire extravagant qui le poussera dans des aventures saugrenues.

L’horizon déchiré

« Les deux femmes étaient sincèrement très attristées de voir perdurer la tragédie, autant pour Sophie que pour moi. Marie-Jo était au bord des larmes, elle ne verrait pas sa demi-sœur de sitôt. De mon côté, ma vie intime allait continuer d’être un désert de tristesse. Mon horizon était déchiré. »

Julien et Sophie forment un couple heureux. Mariés depuis huit ans, ils sont amis de longue date avec Benoît et tous trois mènent une existence aisée et sans nuage. Jusqu’au jour où ils sont victimes d’un terrible attentat. Leur vie dorée commence alors à se déliter…

L’amour au bord des yeux

« Je me mets à trembler sous le Soleil.
L’horizon commence à changer sa couleur et sa texture ; soudainement, il perd toute sa merveille. Quelle folie est-ce alors de constater qu’avant et après un regard, plus rien n’est pareil ? Hélios brille de tout son éclat sous des nuages gris comme les ténèbres, on pourrait croire que le ciel va tomber. »

Cette suite de « L’âme erre au bord des yeux » nous emporte dans le sillage de Louise, à qui il ne manque qu’une chose après avoir survécu à toutes les vagues de l’âme : l’Amour. Elle part sur l’Océan à la recherche de celle qui lui a sauvé la vie, pour retrouver la profondeur des eaux, croisée dans ce regard… Un voyage aussi tangible qu’introspectif, aux trousses de l’amour mais aussi de soi. De comment le destin nous ballotte à travers l’existence, et de ce qui l’influence.

 

Envie d’ailleurs

« Et de se replonger quelques instants dans ces premières années qui vont structurer sa vraie personnalité. Les souvenirs reviennent, s’imposent malgré soi : des images, des voix, des émotions, parfois une réponse à son évolution, à ses interrogations, à ses comportements, à ses choix. »

Marie a parcouru le monde et feuillette ses journaux de voyage, qu’elle a agrémentés de ses tableaux. Instants croqués sur le vif, rencontres émouvantes, elle se remémore les belles feuilles de ses périples.
La beauté, l’humanité et le rejet de l’injustice irradient au travers des pages de ce carnet, servis par la plume caractéristique de Christiane Cassagnes-Zicaro.

Les affres de la réussite

« La société malinkée est hiérarchisée en trois classes.
D’abord, nous avons les nobles, les castes et les captifs.
Dans la société malinkée, la plus importante de toutes les classes sociales est celle des nobles. C’est d’elle que vient la famille Kéita qui est la famille royale par excellence du Mandé. Une famille dont tu es descendant. Selon les récits des griots, Kéita signifie Kinta qui veut dire en Malinké « prends ton héritage ». »

Le narrateur vit sa première journée d’embauche en entreprise. Son responsable est également son oncle, et les échanges des deux hommes sont ponctués de réflexions à visées morales, inspirées des contes traditionnels.
Hommage au conteur mandingue Amadou Sangaré, « Les affres de la réussite » mêle à une narration classique des fables et des éléments merveilleux pour davantage mettre en relief la force des récits oraux.

L’incandescence des Lauriers

« La vie de cour n’avait pas changé depuis les temps de Saint-Simon, de ses ducs et pairs, de ses présidents à mortiers, dont on faisait des brise- testament de roi et des émietteurs de carrière de ministre, songeait Pierre, en montant le grand escalier menant chez la PG, à qui il allait, sans rire, présenter ses compliments pour cette nouvelle »

Pierre Saint-Hellier savoure l’instant, il est maintenant premier président de la Cour d’appel. Intègre et idéaliste, il se heurte d’emblée aux décisions d’un pouvoir politique irréfléchi. Tiraillé également entre les factions internes et les sphères d’influences qui sont à la manœuvre dans le petit monde des cours, l’homme voit peu à peu sa charge devenir encombrant fardeau.

La condamnation

« Vivre dix-huit ans de sa vie fut un vaillant combat. Ce qui semble être un parcours logique de l’enfance à l’adolescence pour franchir le seuil qui mène à la jeunesse puis à l’âge adulte n’est pas vécu de la même façon dans une société tumultueuse qui a connu le génocide de la guerre et de l’ostracisme. »

À l’aube du vingt et unième siècle, dans un pays perpétuellement embrasé par la guerre et la violence, une rencontre a lieu. Un amour naît, inavoué, incompris, entravé par la vie et la révolution. Dans ce monde intemporel et chaotique où se mêlent foi et désillusion, nos deux héros cherchent leur identité, leur raison de vivre et puis, enfin, peut-être au loin… l’apaisement. Un récit introspectif qui touche du doigt à l’intime et à la philosophie.

Alexandre

« À mesure que le vendredi fatidique s’approchait, le ciel océan d’Alexandre tournait progressivement au sombre chaque nouveau jour qui naissait. Son soleil complice traversait son ciel sans trop d’éclat. Nul ne peut traverser sa forêt de vie sans rencontrer au moins une clairière. Un espace de repos à ciel ouvert qui permet de consulter au moins sa boussole pour s’orienter convenablement. Pas parce que l’on croit avoir perdu le nord, non ! Mais plutôt pour se convaincre que c’est une étape secondaire nécessaire avant de fignoler un quelconque projet. »

Le héros de ce roman est intelligent, brillant même, cependant quelque peu influençable, il est à l’image de bien des jeunes gens. La vie n’est pas toujours pour lui un chemin pavé de roses, mais il a su surmonter les difficultés qui se présentaient à lui. C’est en Afrique, sur la terre de ses ancêtres, qu’il a trouvé une forme d’apaisement avec soi. Joseph Yancolo dépeint avec finesse le parcours d’un homme, depuis la Guadeloupe de son enfance jusqu’à son dernier souffle.

Sorcière pour l’éternité

« Pour être plus pragmatique, ceux qui utilisent un calendrier lunaire pour jardiner font appel à des forces invisibles. C’est de la magie. N’importe quel acte de la vie relève de la magie puisque nous passons d’une conception mentale à une réalisation concrète, en faisant confiance à des forces invisibles, telles que l’énergie musculaire, les messages sensitifs moteurs, les intuitions qui vont réorienter notre programme. La pesanteur et l’électricité statique, par exemple, sont explicables mais invisibles, pourtant nous basons tant de notre quotidien sur leur usage ! »

Levy vit dans les Pyrénées-Orientales. Suivant les conseils d’une amie chère à son cœur, il reçoit un soin énergétique qui va agir comme un déclencheur spirituel. Levy rencontre en effet un homme étrange et bienveillant qui lui ouvre les portes de son histoire, mais aussi de celle de toutes les femmes, persécutées en raison de leur genre.

Je suis vivant

« Les heures, les jours, les mois qui suivirent furent atroces.
C’était comme un long brouillard. Les images n’apparaissaient jamais clairement, étouffées par sa volonté, impuissante, d’oublier. Ne pas y penser, au moins quelques minutes, était le seul moyen de connaître un bref apaisement. »

Un mariage heureux, de beaux enfants, une situation confortable. Dans le monde de Jeanne, tout est harmonie jusqu’au jour où tout s’écroule.
Mais comme la roue de la vie tourne sans interruption, l’espoir renaît, sombre à nouveau puis jaillit encore. Jeanne, toujours, demeure sur le qui-vive, prête à arracher toute miette de bonheur qui passera à sa portée.

Manipulation

« Je travaille sur un projet scientifique que je connais, avec le gouvernement. Une partie de moi a hâte de voir les progrès qui ont été mis en place. Et une autre partie de moi a peur de ce que l’on va lui présenter. Quoi qu’il en soit, je veux me prouver ce dont je suis capable. Pourquoi a-t-on besoin de moi sur un projet de régénérescence ? Je suis prêt à reprendre là où je me suis arrêté.»

Ben mène une vie de rêve avec Marjorie… Mais le rêve s’effrite, puis s’effondre avec la disparition de celle-ci. Après un éprouvant deuil, Ben reprend son destin en main et, lorsqu’il croit sa vie redevenue stable, ses fondations tremblent à nouveau : embarqué malgré lui dans un conflit aux conséquences inimaginables, il doit se dépêtrer d’une sombre affaire de manipulation… Qu’adviendra-t-il de notre héros ? Saura-t-il garder son intégrité après toutes ces épreuves ?

Les Hommes de l’espoir

« Une semaine passa et Louis semblait s’être plus ou moins adapté au lieu. Il avait désormais acquis quelques habitudes, comme celle d’aller marcher dehors après chaque repas pour mieux digérer, entretenir son carnet privé et boire un chocolat chaud le matin à 10 h 30 à la cafétéria. Certains jours, certains soirs, la peine le gagnait tout de même, mais il ne se sentait plus aussi étranger qu’à son arrivée. »

Louis se présente aux admissions d’un hôpital psychiatrique dans l’espoir de guérir des troubles qui le handicapent. Peu après son arrivée, alors qu’il commence à douter de l’intérêt de sa présence en ces lieux peu accueillants, il fait une rencontre qui, contre toute attente, va l’aider à changer sa perception du monde. Accueilli dans le cercle des patients, Louis découvre une vertu qu’il ignorait jusqu’alors : l’espérance.

Le perce-oreille

« Je pleure comme une enfant. J’ai du mal à respirer et je tente de reprendre mon souffle entre deux sanglots. Mon corps tremble sous l’impact de ce déversement. Lui, m’enlace et attend que ça passe. Que peut-il faire d’autre ? Cette douleur-là est plus forte que tout, rien ne peut l’endiguer. Aucune parole, aucun geste, rien. »

Ce récit est l’histoire d’une relation qui prend fin brutalement et d’une autre qui voudrait prendre racine tranquillement. C’est une courtepointe faite de morceaux de l’histoire personnelle de l’auteure autour desquels sont brodés les fruits de son imagination empreints de son expérience avec la psychologie. Le récit est construit autour du thème des relations humaines, celles qui nous blessent et celles qui nous aident à guérir.

Le Donneur

« Une lumière s’alluma soudain et fit sortir Katharine de la pénombre dans laquelle elle se trouvait. Il n’y avait plus personne dans l’Auditoire. Elle était seule. Seule face à une chaise vide. Seule face à mon destin, se dit la jeune fille. »

Dans une société cloisonnée, chaque membre se voit attribuer à sa majorité une profession qu’il exécutera toute sa vie.
Katharine, elle, devient la récipiendaire de la mémoire vive de sa communauté. Un rôle bien lourd pour l’adolescente confrontée rapidement à des choix périlleux. Taire tous les secrets ou dévoiler les plus corrosifs…

Le médecin, la vie, la mort et l’amour…

« Plus les mois passaient, plus on pouvait espérer que la greffe réussissait et que le rein fonctionnerait normalement.
Jep reprenait des forces et tentait de retrouver une place dans un monde qu’il s’était préparé à quitter.
C’était un revenant ! »

Jean-Philippe Royney est médecin. Il a vécu, dans sa chair, « le duel prodigieux entre la mort et la vie ». Après un moment de révolte, bénéficiant d’une greffe de rein, il se sent redevable d’une seconde vie, y compris dans un amour dont il avait rêvé. Il rejoint les French Doctors, afin de s’acquitter de sa dette.
Les progrès de la médecine tendent à la découverte de traitements « personnalisés ». Mais une fois le diagnostic posé, le patient « est dépersonnalisé ». Il entre dans « une planification des procédures » dans laquelle se multiplient les spécialistes et les technologies ». Le robot-confident – et l’intelligence artificielle – sont en passe de remplacer le psychiatre, et la mort n’intéresse plus que le médecin légiste.

Lyonderground – Station Providence

« Visages contemplés, rêves envolés. Visages volés, histoires imaginées. Visages regardés et si vite oubliés… »

Voyageurs, nous croisons dans le métro, des dizaines, voire des centaines de personnes sans leur prêter attention, distraits que nous sommes par nos propres pensées. Pourtant, chacune a son histoire, ses rêves pour la bercer entre deux stations… Le métro lui-même a peut-être quelque chose à exprimer ! C’est tout ceci que nous invite à découvrir l’autrice de ce roman choral. Prêts à embarquer sur le quai de la station Providence ?