Thème : Romans

La queue du lézard

« Il lui fallait toujours être impeccable, forte de ses compétences, susciter l’admiration, recevoir des compliments. Un besoin de reconnaissance chevillé au corps, porteur de tous les dépassements et responsable de toutes les détresses. Bientôt, elle pourrait faire taire cet impitoyable juge intérieur en arrêtant de se fixer des objectifs trop élevés. En limitant les «  il faut  » et les «  je dois  ». Bientôt, elle pourrait lâcher prise, enfin ! »

Avec «  La queue du lézard », Muriel Batave-Matton nous livre le septième opus d’une fresque humaine orchestrée de main de maître. On y retrouvera d’un côté Anne, sur le point de prendre sa retraite, et de l’autre Mathieu et Pauline, qui se questionnent sur le déroulement de leur futur. Quel est le rôle de la transmission, dans ces relations ? On observera à travers ces personnages aux émotions bien réelles, ciselées avec finesse, un cycle sans cesse renouvelé, celui de la vie humaine qui se prolonge à l’infini, déjouant la mort, au propre comme au figuré.
Muriel Batave-Matton reste fidèle aux auteurs réalistes du XIXème siècle qui ont baigné sa jeunesse et ses études littéraires. Analyste éclairée de ses semblables, elle excelle à traduire les sentiments de ses personnages avec lucidité et pertinence. Son écriture rythmée nous emporte dans son élan, de la première à la dernière page.

Miracle d’un jour

« Mais ce secret de famille semait des indices, une atmosphère, le goût d’une couleur, une manière de se tenir, d’aimer, des messes basses, une signature, une musique déchirante.
Ce fardeau épouvantable qui lui rongeait l’esprit refaisait inlassablement surface, telles les vagues d’une mer déchaînée.
Frédérique savait au fond d’elle-même qu’elle n’était pas heureuse, mais elle savait très bien faire croire aux autres que tout était parfait dans sa vie et donner l’image de la sérénité, mais elle était toujours insatisfaite, et ignorait ce qui pourrait la combler. »

Frédérique retrouve sa mère biologique, mais son passé la ronge et la fait voyager jusqu’à Saint-Pétersbourg. Victoire rencontre le mystérieux Bruno, avec qui elle échangera des lettres passionnées. Jeanne s’engage pour une mission humanitaire en Afrique, mais lorsqu’elle doit rentrer, elle est amenée jusqu’à Londres, un jour d’attentat… Trois destins de femmes se croisent au fil des lignes de ce roman au rythme effréné, mêlant vengeance, meurtre et passion.
Les héroïnes de ce second roman de David Arroyo luttent, se débattent contre un passé qui les vampirise. Ne jamais baisser la garde, sinon…

Écorché

« Un système qui ne sert qu’à battre monnaie et qui a détruit tout ce que l’art peut apporter à notre culture. Mettre un coup de pied dans cette vieille fourmilière institutionnelle qui a corrompu les marchés, le ministère de la Culture et fait que l’art ne symbolise plus que le profit. Les battre sur leur terrain avec leurs armes, leurs piquets, leurs réacs si importants à leurs systèmes. »

Benjamin Langlois, jeune galeriste arrogant et désabusé, est à la recherche du « coup » qui lui permettra de rafler la mise sur le marché de l’art contemporain.
Lorsqu’il entend parler d’une modification de la loi qui tend à légaliser la vente d’organes, il a une idée…
Est-il possible d’acheter et de vendre des tatouages humains ? Pourquoi ne pas spéculer sur cet art éphémère ?
Aidé de ses amis les plus proches, Alan, un avocat et Roni, un tatoueur de renom, il ira jusqu’au bout de ce sinistre projet.
Ce roman est une critique de l’art contemporain autant qu’un hommage au monde du tatouage.

La race des seniors

« – L’objectif est le suivant : se faire entendre pour que nous puissions être maîtres de notre destin et ce même si nous tirons nos dernières cartouches, alors que nous avons tous plus de 70 ans et que tout le monde nous prend pour des gâteux ralentis.
– Eh bien oui, nous sommes ralentis, surenchérit Jacques, mais nous avons l’expérience, le nombre et la disponibilité… Tu vas voir ralenti ! Nous sommes tous à moitié insomniaques, ce qui nous donne encore plus de temps pour mettre en place nos projets Tu vas voir ce que ce que c’est que d’être ralenti ! »

« Ce n’est pas parce que l’on a un pied dans la tombe qu’on doit se laisser marcher sur l’autre ». Ainsi s’ouvre ce roman ; le ton est donné : pugnace.
Un groupe d’amis ayant tous allégrement dépassé l’âge pivot réunissent leurs forces et leurs envies pour échapper au consumérisme et au tout-jetable, ce dernier incluant les personnes dites d’âge mûr.
Leurs enfants puis le gouvernement en place ne faisant pas cas de leurs revendications, niant leur existence, ils créent un parti politique symbole de leur capacité à vivre ensemble, de façon autonome. La guerre des générations est une réalité, alors autant prendre le taureau par les cornes…
Fiction ancrée dans une réalité ô combien actuelle, « La race des seniors » scande que la vie est belle à tout âge.

Réduit au silence

« À mon réveil, le soleil éclairait déjà la ville, miroitant sur la neige qui était tombée la veille. Quand je posai mon pied sur le sol froid, je ressentis toute la lourdeur des événements de la veille. Maggie était morte. Morte. Le mot seul me donnait la nausée. J’imaginais une place noire, terrible, où la joie n’existait pas. »

Killarney, Vancouver. Le matin du réveillon de Noël, la jeune Ariel découvre avec effroi le corps sans vie de sa meilleure amie, Maggie. Avec l’aide d’Arthur, le père de cette dernière et commissaire de police de la ville, elle mettra tout en œuvre pour découvrir qui est l’auteur de cet acte irréparable. Ensemble, ils découvriront que Maggie est loin d’être la seule victime…

Un jaguar sur un vélo

« Mon ami, tu crois que tu vas revenir en Belgique indemne, en racontant à tes collègues que tu as bien voyagé ? Avec de belles photos ? Eh bien, tu te goures complet. Quand on a posé un pied en Amérique latine, ce n’est pas un acte anodin, tu ne verras plus les choses de la même manière, tu n’aimeras plus les frites et la gueuse. Ton âme sera ancrée ici pour toujours.»

Un homme ordinaire, sur une impulsion extraordinaire, décide de visiter le Mexique à vélo. Ce voyage à la lenteur exquise lui permet de s’imprégner des trésors naturels, citadins comme humains de ce pays… et de devenir un véritable aventurier ! De contemplation douce en situation fantasque, il se laissera emporter par le fabuleux contraste mexicain et découvrira, avec ses compagnons rencontrés en chemin, des richesses insoupçonnées…

Le retour du roi Rudolf Duala Manga Bell

« C’est notre icône à jamais. Il avait un regard insoutenable, plein de clairvoyance, qui enflammait. C’était un baobab. Dans nos sociétés africaines, on a toujours un arbre qui nous donne un peu de vent et d’ombre. Quand cet arbre tombe, il faut attendre longtemps pour qu’un autre repousse et donne de l’ombre. »

Rudolf Manga Bell fut un roi d’exception, à l’époque de la colonisation allemande. Prêt à tous les sacrifices pour son peuple, il est l’incarnation même du nationalisme camerounais. Cela, personne ne l’ignore. Accusé de trahison, il fut pendu le 8 août 1914 à Douala. Dans ce récit, l’auteur imagine un retour de cet illustre personnage et les conseils et avis qu’il pourrait prodiguer à nos contemporains.
Calvin Djouari aborde l’histoire de son pays natal, le Cameroun, sous un angle original et patriote. Honoré, en 2019, du titre de meilleur écrivain de la diaspora pour son roman Quand elle passait, Calvin Djouari est également l’auteur de Revoir Yangba et Nkongsamba (Grand Prix Aimé Césaire).

L’homme providentiel

« D’aussi loin qu’il se souvienne, les gens l’ont toujours intéressé, il aime les observer, les écouter, au-delà des paroles, dans leurs gestes, leurs attitudes, leurs vibrations, leurs regards.
De ce langage verbal et non verbal, il déduit des sensations de bien-être, de mal-être, de maladie, de soucis qui, à sa grande surprise, se confirment lors des semaines, des mois à venir.
En un premier temps, il attribue cette aptitude à une forte intuition, sans se douter qu’il possède un don de clairvoyance. »

Marc a besoin de savoir qui il est vraiment. Il décide de partir, seul, sur les chemins de Compostelle.
Porté par une foi inébranlable, il se confronte à lui-même dans une nature bénéfique, se découvrant des ressources intimes, insoupçonnées. Grâce aux rencontres faites au long de son périple, son regard change, mute, s’enrichit au contact de l’humain. Une prise de conscience de sa force intérieure et de ses dons d’humanité qui vont changer le cours de sa vie.

À la découverte de Rouen

« Non ? Vous ne savez pas ce qu’est un jubé ? Ce n’est pas sérieux, hein ? Bon, je vais vous le préciser. Mais faudra être plus attentif à mes explications, n’est-ce pas ? Dans une église, le jubé est une tribune formant une clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef. »

Antoine voyage, avide de découvrir les merveilles du monde. Son premier périple l’emmène à Rouen pour un séjour qui se révèle particulièrement riche en découvertes. Visites de monuments et rétrospective complète de l’histoire de la cité sont au menu. Suivez le guide !
Née près de Rouen, Isabelle Renault se passionne pour l’histoire de sa région. Après un premier recueil de poèmes, « Instant présent » (2018), elle convie aujourd’hui ses lecteurs à une balade commentée dans la capitale historique de la Normandie.

Meurtres autour du passé

« Une semaine passa. Un mois d’octobre particulièrement ensoleillé laissa place à un mois de novembre plutôt maussade. L’enquête n’avançait pas, elle avait plutôt tendance à stagner, le peu de piste s’envolant au fur et à mesure des jours. Pourtant, je savais que c’était l’unique chance de me refaire une réputation dans le milieu. »

Plongé dans une enquête macabre, directement liée à son passé, l’inspecteur Lucas Telou tente de garder la tête froide. Sous la menace d’un chef acariâtre, il lui faut résoudre coûte que coûte cette affaire pour pouvoir conserver son poste.
Pour l’aider, Cyril, le séduisant médecin légiste dont le charme ne le laisse pas insensible…

Les pénitents de Breizh

« Sur le chemin qui conduit à la maison des Lyvinec, le docteur le Galès s’interroge encore, bien que ces signes cliniques soient très alarmants. « Qu’est-ce qui a bien pu se produire en l’espace de cinq petites heures, qui pourrait expliquer la dégradation brutale de l’état de santé de Jozon ? Aurait-il ingéré entre-temps quelque produit toxique, comme semblent l’indiquer les symptômes décrits par son fils aîné ? » Le médecin est curieux de le savoir et tout de même impatient de connaître le fin mot de l’histoire. »

1788. Le bruit court à Saint-Vougay, dans le Haut-Léon en Finistère, que Gabrielle, héritière du marquisat de Kerjean s’est laissé séduire par Goulven, le fils du forgeron du château.
Afin de laver cet affront, Jozon, le père du galant, demande au marquis Édouard de Hautefort la main de Gabrielle pour son aîné. Le châtelain refuse de déroger et rumine un plan diabolique. La nuit de Noël, tandis que Jozon bat le fer sur l’enclume, l’Ankou, le messager de la mort fait une terrifiante apparition. Les croyances ancestrales liées au trépas sont vivaces en Bretagne. La peur du forgeron est telle que son cœur fragile se brise. Délivré de l’importun, Édouard donne un bal pour les dix-sept ans de sa fille à l’issue duquel elle désignera son futur époux ou prendra le voile. Résignée à faire un mariage de raison, Gabrielle tombe dans les griffes d’un libertin, le marquis de Beauregard.
Grâce aux idées nouvelles propagées par les philosophes des Lumières, les amants déchus triompheront-ils des obstacles liés à leur rang ?
Sur fond de Révolution, l’intrigue policière et amoureuse nous amène à croiser des personnages attachants qui, parfois, nous glacent le sang. Les sentiments les plus purs de la condition humaine s’affrontent en un duel éternel et universel : amitié, désir, passion ; trahison, jalousie, haine ou vengeance. Si l’honneur est le maître mot, l’infamie est à l’affût tandis que vice et vertu s’unissent en un même lit. Sous les faux-semblants, enfouie dans le secret des âmes, aussi blessante que le tranchant d’une lame acérée, la vérité éclate comme un rayon de soleil dans un ciel obscur.

Basta

« La vie de l’immigrant diffère de celle des résidents du pays d’accueil, car à son arrivée, il affronte un mode de vie différent à tous les points de vue de celui de son pays d’origine.
L’immigrant se trouve dans le besoin continuel de faire la comparaison entre les coutumes et les traditions pratiquées dans son pays d’origine et celles du pays qui l’a adopté. (…) Il doit faire des compromis et adopter ce qui lui convient le mieux pour vivre en équilibre avec ses nouveaux compatriotes.»

Petit-fils d’immigrés libanais, originaires de l’arrondissement de Basta, à Beyrouth Ouest, et installés au Canada durant la guerre civile, Labib est très proche de ses grands-parents avec lesquels il discute souvent. Au cœur de leurs conversations revient, tel un leitmotiv, la question de l’adaptation du nouvel arrivant dans son pays d’accueil. Quelles traditions conserver et quelles autres laisser derrière soi ? Première et troisième génération ont chacune leur mot à dire.

Libraire malgré lui

« Il a passé la journée à pleurer sur son sort. Entre canapé et balcon. Une journée à s’interroger, à tout mélanger, à râler. Et ses pas, ce soir, le ramènent à la librairie. Il est plus de dix-neuf heures, mais les lumières de la devanture trouent la nuit. Et derrière la vitrine, les yeux verts. Elle est là, qui range, qui nettoie, qui s’affaire. Elle ne l’a pas remarqué, dans la rue, alors il en profite pour la regarder, tranquillement, longuement. »

Ce que David aime ? Faire du vélo, regarder le foot… et rien d’autre. Alors imaginez l’encombrant fardeau lorsque, bien malgré lui, il hérite d’une librairie ! Il lui faut la vendre au plus vite, pour reprendre le cours de son existence. Et tant pis s’il doit mettre tout le monde à la porte, y compris la belle libraire aux yeux verts… Sa vie devient un roman tout en rebondissements, auquel il espère bien mettre un terme rapidement.

La main sur le corps

« Quand elles se sont vues la première fois, leurs regards ont fait des étincelles comme des lucioles dans la nuit et même des éclairs, des décharges électriques. Elles ne savent pas encore ce qui les attend, mais elles le pressentent : une amitié totale et réciproque, sans doute scandaleuse, un rejet des autres, une incompréhension de la famille, une singularité lourde à porter, un insupportable silence, une déchirure assurée et des souvenirs de cristal, de ceux qui se brisent net, irréparables. »

Deux adolescentes, fières et attachantes représentantes des sixties, éprouvent dès leur rencontre un attrait irrépressible l’une pour l’autre. Bravade, rejet dépité des garçons ou appel de la nature imprévisible ? Amitié, admiration, amour ambigu se mêlent dans les yeux, les mains et les cœurs de ces jeunes filles, elles qui cherchent leur place dans un monde qu’elles arpentent et affrontent de concert, et qui fait tout pour les séparer.
Devenues adultes, les deux anciennes amies se retrouvent par hasard, bouleversées, et évoquent leurs parcours si opposés. Elles s’interrogent sur leur passé, leur résilience, leurs blessures, la destinée…
À quel moment se sont-elles fourvoyées ? Question existentielle, lancinante et vaine, quasi métaphysique qui taraude plus ou moins consciemment les personnages puisque jamais on ne retourne en arrière.

Tous des chiens galeux

« Le ballet des hommes de la scientifique, aux allures de cosmonautes dans leur combinaison et leurs bottes blanches, semblait toucher à sa fin. Celui qui devait être le chef de groupe avait rassemblé sa tribu devant l’université et faisait apparemment un point avec, dans les mains, ce qui ressemblait à s’y méprendre à un plan des locaux. Plusieurs boîtes étaient empilées à leurs pieds et les policiers faisaient l’inventaire de leur butin, genre carte au trésor, les hélicoptères en moins. »

Sylvie Pagini, la quarantaine chic, est professeure à l’université et n’apprécie que très modérément son métier et ses collègues. Au moment où elle pensait que sa carrière n’évoluerait plus, elle se voit du jour au lendemain propulsée, par son directeur, cheffe de projet dans le cadre de la préparation d’un colloque international.
Alors que cette nouvelle responsabilité aurait dû la hisser au sommet de la gloire dans la sphère universitaire, l’enseignante va vivre un véritable calvaire et devoir faire face à de nombreuses péripéties qui finiront par la mettre en danger.
Pourquoi son assistant qui lui était entièrement dévoué disparaît-il subitement à quelques jours du colloque ? Quels sont les liens obscurs qui se tissent entre les membres de son équipe et qui conduisent parfois certains à des passages à l’acte effroyables ?
Pourquoi cette association de réinsertion installée chaque semaine dans le hall de la faculté pour vendre des gâteaux, connaît-elle autant de turbulences ?
Existe-t-il un lien entre ces différents éléments ou est-ce simplement le fruit du hasard ?
Docteure en gestion, Michèle Van de Portal publie. habituellement dans des revues scientifiques traitant des Ressources humaines. Passionnée de littérature policière et de romans psychosociologiques, elle met à nouveau en scène dans ce roman très noir, le tandem improbable des deux policiers Zandi et Djorka.

La lueur de l’ombre

« – Je ne suis pas humain. Je suis autre chose.
Lyra recula tellement qu’elle se retrouva plaquée contre un mur. Elle commençait à paniquer.
– Tu es quoi, alors ? demanda-t-elle, tremblante.
– Je suis… un vampire.
Lyra éclata de rire nerveusement. « Un vampire, et puis quoi encore ? »
– Tu ne me crois pas. Je vais te le prouver.
Il avança vers elle d’un pas décidé et planta ses pupilles émeraude dans les siennes. Arrivé à sa hauteur, il montra ses dents et fit sortir de sa gencive deux canines mesurant un doigt chacune et tranchantes comme des couteaux. »

Bientôt la rentrée… autrement dit, encore un mauvais moment à passer pour Lyra. Mais cette année, tout est différent : elle commence à se transformer en vampire ! Avec l’aide de Trey, nouveau dans sa classe et vampire lui aussi, elle se familiarise doucement avec sa nouvelle nature et ses implications. Contrainte de quitter sa famille pour la protéger, elle part avec son nouvel ami… allant de surprises en surprises.

Le condamné

« Avec mon effondrement judiciaire, j’ai appris à hiérarchiser les coups durs. Ainsi, la perte de mon travail arrivait seulement en troisième position dans l’échelle de gravité de mes peines, derrière la prison et le divorce. Même le dégoût se banalise. J’accusais réception des mauvaises nouvelles, mais ma désocialisation me rendait insensible. »

Accusé du pire des crimes, reconnu coupable et condamné à la perpétuité incompressible, il purge sa peine, de longues années, avant d’être libéré en un coup de théâtre dont la société a le secret. Innocenté par la science mais encore à la marge, il fait ses premiers pas d’homme libre.
Alors qu’on lui parle de « malheureuse méprise », qu’on lui demande de ne pas faire de vagues, il rêve de voir l’effroi dans les yeux de ceux qui l’ont unanimement rejeté : épouse, parents, amis. Reprendre le cours d’une vie brisée, retrouver l’amour, le narrateur ouvre la porte d’un nouveau monde, celui de la résilience sans oubli.
Récit à la première personne, construit en courts chapitres incisifs, « Le condamné » met en exergue les valeurs humanistes que l’espace social ne possède plus, seules capables, peut-être, de sauver l’innocent de la folie.

Elle habitait à Sandwich

« Non, ceux qui sont partis n’ont pas de facto réussi.
Pourquoi tu ne nous as pas dit, ma belle société :
Que tes émigrés s’éprouvent dans leur propre déchirement et se trouvent parfois dans des conditions minables ?
Qu’ils goûtent tous les jours à la saveur de la séparation ?
Qu’ils ne sont pas en absolu des chanceux ?
Et que même s’ils se sont éloignés des risques qui les guettent à chaque instant, et que même s’ils croient avoir sauvé leur peau et celle de leurs enfants, ils ont parfois des cadavres dans leurs placards ?

Thérèse, Franco-Libanaise vivant à Sandwich, Midwest, a claqué la porte sans se retourner. À trente-sept ans, elle se questionne sur les raisons de son émigration et se demande si elle a fait les bons choix en suivant son mari aux États-Unis, dix ans auparavant. Cet exil, la fondation de sa famille et l’établissement de la réussite de son époux ont longtemps occupé son esprit… Aujourd’hui étreinte par une indicible nostalgie, elle remet tout en question, pour le meilleur ou pour le pire.

La lettre à Véra

« En vérité, à la lecture de « Lettre à Véra » il m’est apparu que la remémoration par l’auteur de notre relation amoureuse ne constituait qu’un pré-texte, un point d’entrée spécifique dans son récit autobiographique sur ses vingt premières années ; le moment où notre histoire commune prend fin et où commence pour lui une renaissance. »

Comme tout apprentissage, la jeunesse est une aventure complexe. Celle d’Alexandre, enfant du Casablanca d’autrefois, n’échappe pas à la règle, ni aux enchevêtrements, ni aux empêtrements… Son premier amour avec Véra et sa scolarité à la dérive y figurent en bonne place. Malgré tout, Alexandre croit en lui, il est prêt à tout pour faire de ses échecs autant de défis à relever, pour se trouver lui-même et ainsi trouver l’autre.

Néfertary une reine adulée

« Le 9ème jour du mois de Méchir, après vingt et un ans d’absence je me retrouvai avec le plus grand plaisir dans ce palais qui me fut offert jadis par mon père, lorsque j’eus atteint l’âge de douze ans. Deux décennies s’étaient écoulées depuis, et pourtant quand j’y repensais, les souvenirs étaient tellement proches dans ma tête que j’avais l’impression que tout s’était passé hier. »

Après douze ans de règne, Néfertary cède le trône d’Égypte à son fils Ramsès. Elle reprend possession du palais et de l’orphelinat de Thèbes que lui avait offerts son père vingt ans auparavant. Lorsqu’elle invite ses anciens pensionnaires, elle apprend qu’ils ont disparu et va remuer ciel et terre pour les retrouver et châtier les responsables de leur disparition. Une vie de reine ne va pas sans embûches.
Suite de « Néfertary princesse rebelle », paru aux Éditions du Panthéon en 2017, ce nouveau roman nous emporte dans le temps sur les pas d’une femme face à son destin.