Thème : Romans

Quatre saisons pour un printemps

Aux leçons de morale du maître en classe et du curé à l’église, Eugène et Palmyre ajoutaient sans en avoir l’air des leçons de vie que le garçon intégrait naturellement et qu’il aurait sûrement à cœur, espéraient-ils secrètement, d’appliquer et de transmettre plus tard à ses propres enfants.

Le temps de l’adolescence est aussi celui où se construisent les bases de nos vies d’adultes. Avec ce roman touchant et éclairé sur la famille, l’instruction et le travail, l’auteur nous rappelle que l’éducation ne se fait pas seulement sur les bancs de l’école.

Une étrange aventure

« Mon esprit était fort inquiet. J’avais mes bonnes raisons. Je souhaitais quand même que la marche faite en flânant soulageât un peu mon inquiétude nerveuse. »

Dans une île imaginaire de l’archipel des Caraïbes, un homme jongle entre ses fonctions de médecin et de politicien dans une lutte acharnée pour la restauration d’un bonheur évanoui dans son pays natal. Ravagée par la violence surnaturelle de la nature et par les décisions de dirigeants incapables, cette terre mérite son salut et notre héros est fermement résolu à faire rayonner à nouveau les espoirs et les joies disparus.

Enfer et paradis

Marie a envie de s’exprimer sur ces années passées aux Antilles, sur tout ce qu’elle a engrangé de positif et de négatif, de faire le point.

Marie est bien dans sa vie. Soudain, tout s’effondre lorsque Pierre lui annonce sa décision de quitter la France. Traversant les affres du doute, elle décide finalement de le rejoindre sur l’île de Saint-Martin… S’ensuivent alors trois ans de découvertes et de rencontres, de joies intenses et de profonds désarrois. Cette aventure humaine nous incite à suivre son parcours pour découvrir ce qu’il se passe… Ailleurs.

Au pays du burn-out

« C’était ainsi à peu près chaque jour. Il composait avec lui-même, s’accordait encore quelques minutes. Du moins, il avait l’impression de composer. En fait, le sommeil, la fatigue, l’engourdissement étaient les plus forts et il ne trouvait pas d’argument assez convaincant pour prendre le dessus. »

Habituellement, on ne retient du burn-out que ses effets les plus redoutables. Ici, l’auteur nous entraîne tout au long du chemin qui y conduit : déni, perte de repères, retour vers le passé, futur illusoire. Il n’hésite pas pour cela à se risquer, s’il le faut, sur les routes oniriques de son imagination.

Les lions de Hong Kong

PARIS – 8 décembre 199915 h 47 – Sur Paris, le ciel était d’une couleur étrange, comme un océan de fange en suspension… Sur les marches d’escaliers du 10 du boulevard du Palais régnait une certaine effervescence… Beaucoup de gens en imper ou pardessus semblaient soudés à leurs portables… Par grappes, des journalistes qui n’avaient pas eu leur entrée à l’intérieur de la cour d’assises, tournaient en rond tels des fauves encagés dans les limites du cordon de police…

Hong Kong. Octobre 2016. 8 h 55. Dans cette partie de la ville, les tatouages servent de passeport. Les ruelles abritent des mendiants estropiés et des jeunes prostituées droguées. Pour ce petit monde, vivre, c’est commencer à mourir. Une sorte de tour de Babel où l’on entend les sabirs les plus baroques. Un bouillon d’êtres vivants réunis en horreur et en absolu.

Parallèlement, à l’angle d’une avenue, se dresse la massive Global Iganawa Group. Une tour d’acier et de verre gardée par deux immenses lions dorés, à la fois structure symbolique pour les autochtones et attraction touristique pour les visiteurs. Mais ces deux univers en opposition masquent une réalité beaucoup plus inquiétante…

Black Mamba – Le Mamba Noir

« – Bonsoir, mon capitaine, excusez-moi de vous déranger si tard. Mais il y a un mort, ou plutôt une morte à l’hôpital « Les Pins ». Non, ils n’ont pas loupé une opération. C’est un accident, ou un suicide ou un crime, je ne sais pas. Le médecin-chef n’a pas voulu m’en dire davantage. Il a seulement insisté pour que je vous téléphone et pour que vous veniez aussi vite que possible. »

Une aide-soignante est retrouvée morte sur son lieu de travail. Convaincu qu’il s’agit d’une overdose, le médecin-chef de l’hôpital « Les Pins » décide de faire appel au capitaine de police, François de Fleurville. Habitué à ce type d’intervention, il est appuyé par le gendarme Lespine, l’adjudante-chef Jennifer et l’intarissable journaliste Joséphine. Une escouade hors pair dont les découvertes ne tarderont pas à les désorienter…

D’une plume vive et malicieuse, l’auteur nous entraîne ainsi au cœur d’une enquête insolite. Était-ce un accident, un suicide ou un homicide ? Une chose est sûre, ce polar saura jouer subtilement avec vos nerfs.

La ligne d’horizon

« Jamais de la vie on ne l’avait gratifiée de paroles si tendres, si fortes, si humaines. Même son propre père, Ulysse, ne lui avait jamais dit :
« Ma fille, je t’aime. »
En vérité, ces mots n’avaient jamais fait partie de son vocabulaire. Pourquoi un tel comportement  ? Il ne l’avait jamais aimée et considérée comme sa fille. »0

L’existence nous fait parfois de drôles de cadeaux : hériter des erreurs de nos aînés et les perpétuer en fait partie. La vie de Monita nous est racontée, sa croisade familiale dévoilée afin que nous puissions y voir plus clair dans la nôtre. Une identification salvatrice, qui nous amène dans un tourbillon parfois un peu fou, parfois incroyable, vers nos propres vérités.

Néfertary princesse rebelle

« Ah ! Me voilà responsable des orphelins, eh bien d’accord, je m’en occuperai, mais au moins ils me verront et ne passeront pas leur vie à attendre de connaître leur bienfaitrice. Concernant mes parents, j’avais été à bonne école avec ma tante, pas question qu’ils espèrent que j’oublie ce qu’ils m’avaient fait subir. Je sortis de mes songes quand j’entendis frapper à la porte de mon bureau. »

À douze ans, Néfertary fille de Néfermaât, Pharaon d’Égypte, s’installe dans le palais que lui assigne son père et devient responsable de l’orphelinat de Thèbes. Amoureuse de Nykarê, capitaine de sa garde, elle souhaite l’épouser. Confrontée au refus de Pharaon et décidée à vivre librement, la princesse fuit l’Égypte et trouve asile à la cour du roi de Nubie, où elle épouse son bien-aimé. Après sept ans d’exil, l’opportunité de revenir en Égypte lui est offerte…

C’est avec une plume vive et authentique que l’auteur livre ce récit palpitant, véritable voyage dans le temps sur les pas d’une jeune femme à la poursuite de son destin.

Le Rabbin et l’Empereur

« Tibère songeait ainsi à ces différentes périodes de sa jeunesse tout en admirant Rome qui s’étalait au pied du Palais.
-… Rome ! Ma ville tant aimée ! Toi seule m’auras compris tout au long de mon règne ! Et tu apprendras un jour toutes ces embûches vécues avant que je devienne ton Empereur ! Toi seule m’auras réellement compris ! Toi seule… et ce jeune Juif de Galilée. »

Trop peu de gens savent que l’empereur romain Tibère s’est intéressé de près à Jésus de Nazareth au cours de ses prédications en Galilée et en Judée. Jésus était certes un rabbin pharisien, mais il était pris en étau entre les consignes de l’occupant romain et les lois dictées par le Temple. Le caractère autant religieux que politique de sa mission fut déterminant dès le début de notre ère et vient encore percuter les croyances de nos contemporains.

C’est en nous replongeant dans cette époque troublée que l’auteur révèle comment un vieil empereur romain a fait de Jésus le sujet d’une imposture involontaire. Quel a été le véritable rôle de Pilate, préfet de Judée et celui de Caïphe, Grand Prêtre du Sanhédrin ? Pour quelles raisons Jésus a-t-il été crucifié ? Le récit de sa mort et de la Résurrection cache-t-il une autre réalité ? Suffit-il de donner aux peuples la fin apparente qu’ils attendent pour mieux les détourner de la vérité ? Ce fut le pari de Tibère, un pari longtemps dissimulé, puis contesté mais aujourd’hui avancé par certains chercheurs.

Le roman historique de Jean-Henry Maisonneuve s’appuie sur l’analyse d’archives compilées ces dix dernières années. Et c’est grâce à la pédagogie permise par le roman que l’auteur fait appel au sens imaginatif du lecteur, afin d’apporter un tout nouveau regard sur un sujet délicat et controversé.

Les yeux du jaguar

À la première page, mon grand-père avait écrit un petit mot adressé à ma mère : « Quand tu recevras ce journal, tu seras encore trop jeune pour comprendre. Attends jusqu’à ce que tu sois devenue une grande fille. Je t’aime. »

C’est en découvrant le journal intime de son aïeul que François décide de partir sur ses traces. Durant cet itinéraire, il parcourt différents continents et se plonge dans une profonde méditation sur la nature humaine. Un périple qui le mène au cœur d’un peuple indien dont il prendra la tête, afin de défendre les intérêts de ceux qui lui ont finalement offert une nouvelle vie…

Écrit d’une plume enlevée, construit comme un film, appuyé sur une chronologie minutieuse, ce roman nous plonge dans un voyage initiatique inclassable. Au fil des pages, l’expérience s’installe pour laisser place à la plus grande des sagesses.

Avis de tempête

« Des nuages noirs se poursuivaient encore dans le ciel, masquant et découvrant tour à tour la lune. Il avait fallu allumer les lampes dès cinq heures. Et chacun, se sentant écrasé par les éléments, se terrait dans son appartement ou sa chaumière, calfeutrant ses fenêtres et cherchant un peu de chaleur près de la cheminée ou à l’abri des fauteuils. Les chats se tapissaient sous les couvertures, les pattes repliées dans leur épaisse fourrure. Les gens du pays le savaient : les dieux en colère rugissaient, des dieux dont on ne connaissait plus les noms. Un mauvais moment à passer en Bretagne. »

1975, dans la Bretagne profonde : Juliette découvre le métier d’enseignante dans une petite école catholique qui se trouve être le théâtre de bien des mystères… La police est sur l’affaire. Tenace et intelligente, la jeune femme entreprend une enquête qui va la mener sur des terrains insoupçonnés, et parfois très personnels.

À la fois enquête policière et roman d’apprentissage, «Avis de tempête» est un roman polymorphe. Alliant le tragique et le tendre, le mystère et l’humour, le suspense et l’intime, l’auteur embarque son lecteur dans une intrigue palpitante sur fond de religion et de tradition.

Dormir avec les anges

« Quelques jours plus tard le verdict tombe, comme un couperet : l’ensemble du système lymphatique des mamelles est atteint, les boules vont se reformer, grossir, saigner. Tu ne guériras jamais.
À plus ou moins longue échéance, tu es condamnée. Je m’effondre.
Je n’ai jamais connu de cas similaire auparavant, d’attente aussi atroce. Comment vais-je le vivre ? »

Lors d’un séjour à Londres, une femme a le coup de foudre pour une petite femelle teckel aperçue dans une vitrine. Elle la ramène à Étretat, où commencera une belle histoire aux accents tragiques…

Sa plume met ainsi en lumière l’histoire d’un lien indéfectible : celui d’une femme et son chien. Un récit émouvant, passant du point de vue de l’animal à celui de sa maîtresse, qui révèle la joie mais aussi la souffrance engendrées par cet attachement inaltérable.

Pacte avec la Déesse

« Étendue tout habillée sur son lit, Dame Graëta, les yeux mi-clos, paraissait réveillée et consciente du va-et-vient silencieux qui animait son habitation ; elle semblait tout observer paisiblement, mais sans bouger. Elle ne tournait même pas la tête pour voir les mounes qui venaient près de son lit, les visages inquiets qui se penchaient vers elle, l’un après l’autre, et qui entretenaient le fol espoir d’être celui, enfin, auquel elle dirait quelques mots.
Elle ne disait rien, elle ne murmurait rien. C’était déconcertant, incompréhensible, anormal !
Bien que visiblement réveillée, elle ne semblait pas pouvoir s’insuffler suffisamment d’énergie pour bouger la main ou ne serait-ce qu’un doigt. Quel sens donner à cela ? »

Dame Graëta subit une ankylose. Aldron, son époux, cherche conseil auprès du magü à la Rotonde où sa mounette Djeesa, très précoce, étudie les Karounas sacrés. Il sait que sa fille possède le don des mains bleues des princesses de Newiheule et espère qu’elle pourra guérir sa mère. Cependant, il arrive rapidement au constat que la Dame a offensé la Déesse par omission. Accompagné de Djeesa, il décide alors de s’envoler pour le Nord d’Hispéria afin de comprendre et d’obtenir la médecine divine capable d’interrompre l’errance de l’esprit de Graëta.

Parviendront-ils à découvrir le ressort de sa maladie afin de pouvoir la guérir ? Djeesa trouvera-t-elle en elle la volonté d’accomplir sa destinée ? C’est dans un ensemble finement composé que l’auteure nous entraîne dans un univers sacré habité de personnages merveilleux. Quelle que soit la finalité de ce périple, une chose est sûre, vous venez d’entrer à Hispéria…

Forever, l’amour toujours – Tome II : Hauts les coeurs, bas les masques

« Plongée dans un profond coma depuis six heures, et ayant frôlé la mort de près, j’ouvris les yeux au Sydney Adventist Hospital. Jetant un rapide regard autour de moi, je compris où je me trouvais, et constatai avec un immense bonheur, et un fort soulagement, que mon beau portoricain était à mes côtés. Il était endormi sur une chaise, sa tête déposée sur ma main droite, légèrement appuyée sur le bord de mon lit. Reprenant lentement mes idées, je fus attendrie par sa posture. Avec délicatesse, je retirai mes doigts un à un, ne voulant pas le faire sursauter. Il était terriblement beau lorsqu’il dormait, si bien que je ne pus m’empêcher de rester à l’admirer quelques secondes avant de le réveiller. »

Paloma se réveille à l’hôpital de Sydney. Rassurée de voir Rick auprès d’elle, elle absorbe sans retenue l’énergie frénétique de celui qui compte le plus à ses yeux. Aux prises avec la complexité d’une famille qui tente de l’éloigner de celui qu’elle aime, Paloma doit apprivoiser ses pulsions et apprendre à se confronter aux différents avis qui l’entourent.

Dans cette fresque en perpétuel mouvement, on retrouve l’héroïne du premier roman de Cécile Blot-Vase, paru en 2016. Avec son écriture sauvage et son sens inné de la description, l’auteure poursuit ici son exploration de l’amour au travers d’un couple que tout oppose.

Le périple de Lucien Pichet

« Lucien Pichet, dit “Lulu”, ne quitte jamais sa côte bleue, ses bottes vertes et sa casquette en velours. Il est encore assez costaud, même s’il commence à traîner des pieds : on n’a plus vingt ans quand même ! Il est veuf, les enfants et petits-enfants sont partis loin, à la grande ville. Il se lève tous les jours aux aurores pour traire ses vaches et parfois même la nuit pour donner le biberon aux petits moutons. Sa ferme n’est pas très grande, mais ça lui suffit pour vivre. C’est pas à quatre-vingt-cinq ans et quelques… à partir d’un moment on ne compte plus, qu’il va chercher à se développer. Il paraît même que maintenant, les vaches se traient toutes seules, avec des machines, des ordinateurs. Non mais, dans quel monde on va ? »

Lucien Pichet vit dans une ferme en Bretagne. Il y mène une vie paisible, entre joies simples et travail de dur labeur. Mais sa routine va être chamboulée à la réception d’une lettre inquiétante envoyée par sa cousine. Il décide alors d’aller lui rendre visite en prenant la route au volant de son authentique Simca Aronde.

Au cours de cette traversée rocambolesque, Lucien fera de nombreuses rencontres et décidera de prolonger ce périple en allant rendre visite à ses enfants, oubliés depuis trop longtemps… Parviendra-t-il à s’accommoder à tant de changements ? Une chose est sûre, cet homme n’a pas fini d’être fatigué par la grande ville…

La Fille du miel

« Nos têtes sont inclinées près du visage blafard de notre mère. Ses yeux sont clos. Ses belles mains amaigries reposent sur le drap blanc.
La petite aiguille de son horloge intime s’est arrêtée à dix heures. J’ai crié encore une fois « maman ». Ce mot tellement répété s’est étouffé dans ma poitrine. Dans le grand silence de cette chambre, nous l’avons regardée longtemps. Nous voulions nous imprégner d’elle. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés, muets, figés. Mon frère s’est levé :
– Rose, je vais au jardin.
Le vent rabat quelques légers flocons de neige contre les vitres.
Je ne peux pas la quitter, je sais ce qu’elle attend encore de moi. »

Marcelle est une petite suissesse. Entourée d’une famille aimante, elle grandit dans un pays qu’elle chérit. Mais lorsque la fillette va avoir douze ans, son père décide de s’exiler en France. Devant quitter tout ce à quoi elle est attachée, une profonde rupture naît en elle. Marcelle est bouleversée, ce changement de vie la marquera à jamais.

D’une plume triste et sincère, l’auteure dévoile l’histoire d’une femme en proie à toutes les difficultés d’aimer. Brisée dès son plus jeune âge, celle qui n’arrivera jamais à se défaire de cet éloignement nous transporte dans un spleen sans équivoque.

Le tourbillon de la vie

« Maurice avait tenu à inviter le curé de l’église Saint-Sulpice à l’office. C’était important, le prêtre avait toujours répondu présent, ces dernières décennies, face à ses doutes, ses détresses, voire à ses indignations. Il était en quelque sorte le régulateur spirituel du chef de famille, comme Maurice aimait à le souligner. »

Paris, 1978. Quelques années sont passées, Clarisse finalise sa thèse de philosophie et découvre le bonheur parental avec Philippe. David, frère de Philippe, a pris un virage personnel inattendu. Gérard, frère de Clarisse, débarque du Brésil sans crier gare, tandis que les deux familles se trouvent plongées dans une pittoresque et frénétique chasse au trésor !

C’est dans un style enlevé que nous retrouvons ainsi nos deux familles bourgeoises de l’est parisien à la fin des années 70. À travers toute cette agitation urbaine, le fil conducteur semble être le mariage promis de Clarisse et de Philippe. Un dénouement que tous les proches semblent attendre avec impatience. Trop intensément, peut-être ?

Le livre de Bernard Allègre

« Il fit très chaud cet été-là dans la vallée du Rhône. Certains après-midi de la fin du mois de juillet, la température sous abri atteignit et dépassa même 40 degrés… Les fruits donnèrent tous les signes d’une maturité précoce. La saison en arboriculture s’en trouva presque partout écourtée ».

Le lecteur trouvera ici la suite des trois précédents tomes du Livre de Bernard Allègre, livre que son auteur nous a dit vouloir, comme Chrétien de Troyes pour le premier des siens, qu’il reste « dans les mémoires tant que durera la chrétienté ».

Cette curieuse volonté, nous l’avons vu, termine un long avertissement que l’auteur, âgé et désireux de garder l’anonymat, se réserve de mettre un jour en exergue à l’œuvre complète, si, comme il le dit, Dieu lui prête vie.

Le présent quatrième tome voit donc s’achever le cycle des années de formation intellectuelle du héros, mais il poursuit le récit de ses « périlleuses aventures » morales en France et bientôt en Afrique.

Version moderne d’une « nouvelle continuation » donnée à la dernière œuvre inachevée de Chrétien de Troyes, nouvelle quête aussi d’un Graal pleinement restitué à ses origines chrétiennes, ce récit lucide et sans concession retrace la quête existentielle, mais surtout spirituelle, d’un jeune chrétien de la fin du XXe siècle.

Des larmes de miel

« Un visage agréable qui inspire le calme, la douceur. Il a des cheveux grisonnants, il devait être blond. Je n’aime pas spécialement les hommes blonds, celui-là dégage quelque chose d’apaisant, de serein.
Il semble un peu aventurier, un peu globe-trotteur. Pourquoi ne pas faire plus ample connaissance avec lui ? Derrière mon écran, je ne cours aucun risque… »

Lise rencontre Claude au hasard de ses navigations virtuelles. Un homme intéressant, voyageur, avec qui elle finit par développer un lien plus qu’amical, via Internet… Mais Claude est bien trop mystérieux pour être honnête et Lise, loin d’être naïve, cherche à découvrir le pot aux roses !

Dans un récit tout en rebondissements au parfum de vécu, Lucette Bohl délie une plume tendre et espiègle pour nous montrer avec simplicité que les ficelles ne sont pas toujours tirées par celui qui le croit.

Jeanne

« 1900 dans la belle Dordogne
C’était la fête au village de Saint-Genis du Bois.
Berthe quitta la maison accompagnée de son frère, elle était heureuse, elle allait retrouver le beau Frédéric qui n’avait d’yeux que pour elle. Elle avait mis sa jolie robe blanche, bien corsetée, ses jolies bottines et dans sa petite bourse, le mouchoir qu’elle avait brodé et qu’elle devait lui offrir. Les joues rougies sur une peau mate tannée par le soleil de Gascogne, ses beaux cheveux bruns tombant sur ses reins, lui donnaient l’air d’une petite sauvageonne au regard ardent.
Alors que son frère confiait son attelage au garçon d’écurie, Berthe aperçut au loin Frédéric ; à chaque rencontre, elle retombait sous le charme de ce garçon aux cheveux bruns frisés, aux yeux gris-vert où passaient tous ses sentiments ; son sourire rehaussé d’une fine moustache le distinguait des autres garçons de la commune, il était beau de cette beauté virile et raffinée qui contrastait avec la rudesse de ses camarades. »

Poser sa pensée et y trouver le fil qui mène à raconter une histoire, son histoire. Tel est le point de départ de l’auteur qui retrace un parcours parsemé d’épreuves, de douceurs et souvent de difficultés. De la Dordogne à Paris, une chose est sûre, sa force intérieure s’est décuplée !

Au fil des pages, l’auteur se souvient, invente, mélange et digresse. Entre rêve et réalité, il en ressort une profonde envie de mettre à jour une tristesse exultée et un bonheur espéré.

De formation classique, Jeanne Huteau est toujours restée attachée à ces valeurs traditionnelles. Profondément encline à l’art, elle aime l’écriture virile de Joseph Kessel autant que la puissance vocale de Louis Armstrong. Une forme d’éclectisme retrouvée dans le style de ce premier ouvrage.