Thème : Témoignages

Des deux côtés de la frontière

« J’ai quitté l’Allemagne, un matin, très tôt. Je me suis retourné une dernière fois sur les murs de ce camp où je venais de passer ces deux dernières années, ces murs qui m’avaient évité un sort plus funeste que celui de travailleur forcé. J’emportais ce passé, plein d’espoir en l’avenir. J’ai repris mon chemin pour retrouver ma famille, du côté français. »

8 mai 1945, l’Armistice, mais pas la fin de toutes les hostilités. Il demeure des rancœurs bien ancrées dans les mentalités de l’après-guerre. Dans les décombres, la haine des Boches et la fatalité vont indéniablement séparer une famille. Le non-dit durera 70 ans.
Ce récit s’inspire de faits réels, de ceux qui traversent en sourdine les générations pour rejaillir avec fracas des décennies plus tard. Il y est question d’un petit garçon né en Allemagne, d’un père revenu du STO et à qui on a intimé l’ordre de garder le silence sur cet enfant.

Deux vies parallèles reliées par le sang

« Car lors de la naissance, il y a toujours une personne qui dit : « Oh ! Il a tes yeux, il a ton nez. » Ça pouvait paraître anodin pour les gens, mais pour moi, ça me rappelait que je ne ressemblais pas à Yvette, ma mère adoptive (elle est blonde aux yeux verts alors que je suis brune aux yeux marron). »

C’est le récit poignant d’une jeune femme adoptée et de sa quête pour retrouver ses parents biologiques. Elle évoque avec sincérité les obstacles et les doutes auxquels elle doit faire face. Parce qu’aller à la rencontre de ses géniteurs, jeter un pont entre deux existences qui ont longtemps avancé sans se croiser, c’est bouleverser toutes ses certitudes et ses ancrages.

Les dérives du système de la protection de l’enfance

« Mon histoire n’a pas pour objectif de faire pleurer dans les chaumières, mais d’alerter les députés, les sénateurs, le président, les ministres, que notre système va mal. J’ai écrit à de nombreuses personnes influentes : ministre de la Justice, IGAS, médiateur de la République, secrétaire d’État et Première dame de la République. »

La tragédie vécue par une mère et qui pourrait être celle de tant d’autres parents. C’est ce que raconte l’auteure, elle dont la fille a été placée en foyer éducatif il y a plusieurs mois. Un placement décidé de manière expéditive sur la base de rapports orientés et infondés alors que la loi prévoit des alternatives.
Cette maman raconte son combat pour retrouver son enfant. Elle souligne, preuves à l’appui, l’acharnement des services sociaux et la partialité de certains professionnels, juges, pédopsychiatres.

Pute et soumise

« Alors je me suis mise à lui expliquer la loi du trottoir, moi on me respectait déjà, car j’étais devenue une dure, à force. Nous avons travaillé ensemble, parlons en ce terme, travail. »

Lorsque ses parents se séparent, violemment, la vie d’une jeune fille bascule. Elle grandit sous les coups et les brimades avant d’être mise à la porte de son domicile, à sa majorité. Commence alors l’enfer de la rue, cette fois sous l’emprise d’un proxénète.
Comment dire l’impensable, la honte et la peur et retrouver le respect de soi-même ? C’est un long chemin à parcourir, de l’ombre vers la lumière, du regard des autres à l’amour de soi.

Pour une autre humanité

L’état psychique dans lequel inconsciemment je me trouvais avait dû contaminer mes interlocuteurs, car nous sommes restés à en débattre jusqu’à une heure avancée de la nuit, et plus le temps passait, plus j’étais envahi par une excitation cérébrale extraordinaire qui, trois jours durant, ne m’a pas quitté, m’empêchant de dormir sans pour autant que j’en ressente de la fatigue. J’ai vécu cette nuit-là, dans l’ambiance d’une aube nouvelle pour le monde ou pour l’humanité, quelque chose qui n’était jamais arrivé. Quoi ? Je n’en savais encore rien. »

Avoir, être, aimer et faire, les quatre verbes qui, selon l’auteur, peuvent résumer les points cardinaux de la vie humaine. Il nous incite pourtant à les dépasser, à les sublimer en quête de l’essentiel : retrouver une harmonie entre les êtres et leur environnement.

Une ombre dans le tableau

« J’ai l’âge de caresser mes rêves du bout des doigts et de voir mes illusions se transformer en espoir.
J’ai l’âge où l’amour est parfois une flamme qui a besoin de se consumer dans le feu d’une passion désirée, parfois un havre de paix, tel un coucher de soleil sur la mer.
J’ai quel âge ?
Je n’ai pas besoin de nombre, car mes désirs réalisés, les larmes que j’ai versées en voyant mes illusions se briser… valent beaucoup plus que ça. »

« Nous ne pouvons rien changer à notre passé, faire que les dommages qui nous ont été infligés dans notre enfance n’aient pas eu lieu. Mais nous pouvons nous changer, nous « réparer », regagner notre intégrité perdue. »
Ainsi commence le récit de Mélinda Sand. Depuis le promontoire des épreuves passées, elle observe l’agitation vaine, les faux-semblants qui l’ont autrefois marquée et qui aujourd’hui se détachent d’elle. Avec une lucidité douloureuse mais indispensable, elle évoque son parcours, les atteintes dont elle fut victime et le long chemin qu’elle a parcouru depuis vers sa lumière.

Ram’Adam

« J’ai honte de mes pensées. Nos amis nous parlent d’un acte héroïque. Pour nous, ce n’est qu’un acte juste, un besoin de leur venir en aide, essayer de combler, pour un seul, le vide humanitaire immense dont on a honte. »

Si l’on parle beaucoup des migrants comme d’un problème, peu de personnes, en réalité, agissent concrètement pour leur venir en aide. L’auteure nous fait ici le récit de l’accueil d’Adam, un jeune Soudanais, dans sa famille. Ne cachant ni les difficultés du parcours, ni les joies intenses, elle se livre à cœur ouvert pour conter une aventure avant tout humaine.

Enfance violée, vie brisée

« Évidemment, elle faisait profil bas dans les premiers temps, mais cela n’a pas duré très longtemps. En effet, quinze jours après cela, elle me mettait à l’écart de mon père, elle m’envoyait à droite à gauche, il fallait que je sois à ses ordres. »

Dans cet ouvrage autobiographique, l’auteure confesse une enfance brisée par des violences physiques et psychologiques au sein de sa famille. La douleur l’a poursuivie jusqu’à l’âge adulte, où elle a enfin rencontré la personne qui l’a aidée à quitter ce cycle infernal de malheur.

Mes incroyables guérisons

« Je sentais que je flottais dans l’air près du plafond et je me promenais dans la chambre, dans le hall et dans la cuisine ! Je n’étais pas un fantôme ! Je savais que j’étais souvent à l’intérieur d’une bulle qui semblait être faite d’une sorte de vapeur. »

À trois reprises, l’auteure a échappé à la mort. Trois moments qui lui ont rappelé la fragilité de la vie. Elle raconte les faits tels qu’ils se sont déroulés, partage les sensations et les sentiments ressentis alors. Elle propose également ses réflexions après son expérience de mort imminente (EMI). Un ouvrage qui ouvre des portes autant spirituelles que psychologiques à qui veut entrevoir la lumière.

Le sel de nos vies

« En quelques semaines, je décide avec Sarah de mettre en place un projet sportif, qui soit aussi une action solidaire de  tous  ceux  qui  mènent  le  combat  contre  la  mucoviscidose. Ensemble, nous souhaitions que ce projet soit plus qu’une aventure familiale. Ce devait être un défi qui nous porterait plus loin que nos petites personnes, notre cocon nucléaire ! »

Rejoindre à vélo le Centre de Ressources et de Compétences de la Mucoviscidose de Roscoff dans le Finistère depuis Carry-le-Rouet dans les Bouches-du-Rhône, soit un périple de 1 500 km, c’est le défi un peu fou qu’Emmanuel de Calan a relevé en 2021.
Tout à la fois récit de voyages, recueil de témoignages et d’informations médicales, « Le sel de nos vies » touche du doigt ce qui rend belles nos existences, malgré les doutes, malgré les blessures.

Mes rencontres sur les sites de rencontres

« Aujourd’hui, le couple idéal, c’est chacun chez soi et l’on se voit le week-end. Entre les gardes partagées, les week-ends sur deux, les pères qui passent leur tour et les couples en guerre, l’honneur est aux mecs sympas de mon style qui accueillent facilement chez eux, qui font un petit repas suivi d’un bon massage. »

Les relations hommes-femmes vues à travers les prismes des applications de rencontres : Sonny Séverin raconte les conquêtes, d’un soir ou de quelques nuits, les petits et grands arrangements avec la vérité. Sans concession pour les fausses pudeurs, il dévoile les rouages qui entraînent ces nouvelles mécaniques amoureuses : stratégies commerciales, consumérisme, marchandisation de l’autre.

Le cheminement selon Kim – De l’ombre vers l’immanence de ma quintessence

« il nous faut arrêter de nous retrouver en position d’autosabotage. Ainsi, pour y arriver, on se doit d’aller à la découverte de son soi intérieur. Il nous faut prendre conscience de nos forces et faiblesses, les reconnaître en toute humilité, afin de les travailler, de façon honnête et réelle, et ainsi nous permettre de cheminer. »

Vivre avec des émotions qui vous débordent, une empathie qui vient petit à petit dévorer toute sérénité, c’est le quotidien que l’auteure décrit. Hypersensible, elle a éprouvé toute la gamme des sentiments, des plus beaux aux plus angoissants.
Son cheminement l’a conduit à accepter son rôle, celui d’une messagère, pour évoluer, grandir et finalement guérir du mal de vivre.

Il est temps

« Notre façon d’agir en tant qu’adultes influence celle de penser de nos enfants et les rend de moins en moins libres de penser par eux-mêmes. Tout cela stoppe leur véritable créativité qui leur permettrait de garder leur pouvoir intérieur pour avancer sur leur chemin. »

Dans ce témoignage sincère et empreint de bienveillance, l’auteure raconte les traumatismes subis depuis sa plus tendre enfance, qui ont mené à un puissant éveil spirituel.
Elle a su identifier et embrasser ses faiblesses et ses blessures émotionnelles afin de pouvoir grandir à travers elles. Une belle leçon de résilience.

Être Fille Unique

« « En tant que fille unique, on m’enviait, on me disait :
« Mais tu as une super grande chambre ! »
Ce n’était pas d’espace dont j’avais besoin mais de présence. On plaque des généralités sur les filles uniques. On dit qu’elles sont capricieuses, trop gâtées, égoïstes. Moi, j’ai toujours voulu partager. Très tôt, mes parents m’ont envoyée chez un psy qui a dit à mon père qu’il me couvait trop. Il l’a mal pris. »

Grandir seule, sans partager ses jeux, ses joies, ses chagrins avec des frères et des sœurs. Se construire sans la complicité d’une fratrie. Et plus tard, porter seule la responsabilité de parents vieillissants. « Par contre, on n’est pas obligées de partager notre chambre, nos jouets, ou la dernière part de tarte ! » disent-elles. C’est aussi cela être fille unique.
À travers des rencontres avec des femmes de toutes origines, de quatorze à quatre-vingt-cinq ans, les auteures explorent ce domaine jusque-là inédit. Leurs témoignages constituent de passionnantes biographies qui font découvrir les parcours familiaux, professionnels, amoureux et les attentes de leurs parents qui, misant tout sur elles, les obligent à réussir. Les mots de ces femmes, émouvants, parfois durs, souvent drôles, révèlent la singularité de leurs existences.

Délire sur Dieu écrit par un bipolaire – Tome II

« Chaque chose viendra en son temps, pense d’abord à ta santé et garde contact avec le concret et la réalité car sinon tu risques de t’enfermer dans une prison psychique… »

Dans ce second opus, Daniel Cunha poursuit sa quête de sens à travers ce journal qui relate son quotidien avec la bipolarité, maladie invalidante qui teinte chacun de ses gestes. Sa réflexion porte sur le rôle de Dieu dans nos existences et sur l’origine de l’Homme sur Terre. L’auteur revient ensuite par strates à l’infime fil doré qu’est sa vie dans l’infinie pelote du destin, pour mieux se comprendre et cohabiter avec sa maladie.

Le chemin jusqu’à nous

« Cette réalité qui nous rattrape, celle où l’on s’aperçoit qu’on a tout faux, que l’on se trompe de chemin, que ce que l’on vit n’est pas en accord avec ce que l’on ressent, beaucoup de mamans l’ont vécu comme moi. Parfois, cette frustration existe parce qu’on n’a pas le choix. Il n’y a aucun jugement dans mes propos. »

À 30 ans, Alicia a passé plus de la moitié de sa vie à souffrir d’endométriose. Cette maladie a fait de sa vie un cauchemar durant des années. Pourtant, malgré les douleurs physiques, malgré les souffrances morales et psychologiques, elle a toujours conservé, défendu, entretenu la rage de gagner son bonheur et d’embrasser un jour la maternité. Pour autant, devenir parent n’est pas qu’affaire de gestation. Cela exige de s’apprendre soi-même, d’apprivoiser la confiance, la rendre éclairée.

Dans le cockpit

« Supersonique ! Banzaï, la pression monte. Si je ne peaufine pas ma géométrie d’interception au degré et au nœud près, je risque de me faire transpercer par cette fléchette supersonique sans jamais pouvoir la rattraper. Et ce sera un échec retentissant. La sueur perle sur mon front, alors que je croise déjà le niveau de vol FL 200 en montée et que je traverse le mur du son à pleine charge postcombustion. »

Point de fuite sur un horizon hérissé d’épreuves, le vol à bord d’un avion supersonique. C’est le Graal atteint par l’auteur, devenu à vingt-quatre ans pilote de chasse sur Mirage 2000 puis sur CF-18. Né gaucher dans un monde voué aux droitiers, il a franchi tous les obstacles d’une formation implacable pour s’extraire de la gravité terrestre et de la droiture imposée. Il a aussi appris à dépasser la peur et à faire corps avec sa machine, des nécessités vitales durant chaque mission.

C’est le Mektoub, Joseph…

« Quelle aventure à cette époque pour un gamin pas peu fier de ce privilège, que le vol au-dessus de la Méditerranée, dans le ventre impressionnant du gros DC4 à hélices, jusqu’à Marseille-Marignane ! C’est bien sûr aussi pour moi, la découverte de la France métropolitaine, celle de « nos ancêtres, les Gaulois » que nous enseignaient nos maîtres d’école, connue uniquement au travers des livres de géographie ou des bribes de récits saisis au vol des conversations de nos proches, anciens de l’Armée d’Afrique. »

L’Algérie, quittée il y a plusieurs décennies, brille de tous les feux du souvenir dans ce récit mêlant la grande et la petite histoire. Par le prisme d’une saga familiale dans lequel de nombreux Pieds-noirs se reconnaîtront, Gérard Guibilato restitue l’ambiance et les couleurs, comme les paradoxes et les fausses certitudes dans lesquels étaient enveloppés les habitants de la colonie.
Dans une histoire universelle du déracinement, depuis ses ancêtres napolitains qui émigrèrent en Afrique du Nord jusqu’au rapatriement de sa famille et son installation en France, l’auteur brosse ce portrait d’un peuple, évoque un pays qui n’existe plus et une guerre qui mit fin à un rêve, en une toile de fond encore prégnante de nos jours.

Coquille.

« Il serait plus humaniste de viser un épanouissement collectif plutôt que de constamment prôner un développement personnel. »

L’autrice nous fait entrer dans sa coquille qui, comme un kaléidoscope, se révèle sous ses mille et une facettes. Exploration des sens et des émotions sous forme d’un journal poétique, Coquille. nous mène à toucher délicatement le voile ténu qui se forme sur l’existence pour qui connaît ce bonheur douloureux du trouble de la personnalité limite ou borderline et de l’hypersensibilité en résultant. Un triptyque marquant 365 jours d’une évolution, plongée vers l’intérieur, renversée vers l’extérieur.
Émotions à foison, souvent intenses, quelquefois socialement inadaptées, forment le quotidien d’Odeline Flore Cerisier. Écrire canalise ce flux, écrire introduit de la distance là où régnait un maelström de sensations.

Assistante maternelle : rompre avec le silence

« Encore une fois, je suis seule face à la situation. Si je ne dis rien, je suis témoin, non-assistance à personne en danger et donc complice. À l’inverse, si je dis quoi que ce soit, la maman peut se braquer et ne plus me faire confiance. »

Son CAP Petite enfance en poche, la narratrice commence sa carrière d’assistante maternelle. Elle découvre sa profession avec enthousiasme et une passion toujours renouvelée, jusqu’à ce mois de décembre 2020.
Que faire lorsque l’on se rend compte de maltraitance au sein d’une famille ? Comment agir au mieux des intérêts de tous, et de soi. Car l’assistante maternelle peut à son tour se voir accusée, y compris à tort.