Thème : Témoignages

La Porte

« J’écris avec sincérité des évènements lointains qui ont jalonné l’existence d’une femme que je ne suis plus. Pourtant, tout est dans mon corps, inscrit dans mon cerveau mémoire. J’ouvre ces tiroirs comme on sort des archives, sans état d’âme, comme un temps de paix après une guerre. C’est passé. »

L’autrice se livre à l’exercice difficile de la biographie avec une honnêteté désarmante. Elle fait le récit d’une existence bouleversée par un drame : le viol. Pour elle, les difficultés se sont enchaînées sans qu’elle ne trouve d’aide extérieure aux moments cruciaux, malgré les efforts déployés. Sans chercher d’excuses, consciente de ses manques, elle n’hésite pas également à interroger les relations avec sa fille.

La fille des ruines

« Nous avons en commun le fait d’être des victimes d’actes de pédophilie et d’abus sexuels, toutes ces questions qui rendent fou et cette quête viscérale de réponses, ce besoin de reconnaissance du crime et de la responsabilité de nos bourreaux. C’est la seule solution pour que la honte et la culpabilité changent de camp, pour réussir à tourner la page et à trouver un peu de paix. »

Il y a les filles « de » qui donneraient tout pour ne pas l’être. Celles dont le géniteur est montré du doigt. Celles qui ont honte. Alice Guitton a fait partie de cette caste.
Elle a grandi dans un univers familial toxique face à un père maltraitant, manipulateur et qui a su contourner un système judiciaire défaillant pour assouvir ses pulsions destructrices. Si elle a échappé aux abus incestueux de son père, elle est pourtant devenue le jouet d’un autre prédateur. Alors comment sortir de ce cercle infernal, de cette perversité psychologique qui conditionne un enfant maltraité à devenir une victime désignée ?
C’est ce combat que raconte Alice, pour libérer sa parole, faire reconnaître devant la cour son calvaire et se reconstruire sur les ruines d’une enfance saccagée.
Elle nous dit l’effroi au quotidien et la farouche volonté de tenir tête, avec panache, avec fierté, parce qu’on se doit à soi-même de survivre.

La revanche du Bonnet d’Âne

« Voyant les faces hilares de tous, les rires, les moqueries, sentant les boules de gomme, les boulettes de papier lancées sur moi, subissant la cruauté des professeurs qui excitaient la raillerie de leurs élèves, personne ne comprend, personne ne comprendra jamais qu’en cet instant, j’éprouvais un sentiment d’absolue délivrance malgré l’humiliation : je devins plus farouche et plus fort qu’un lion.
Non, plus jamais je ne me laisserais humilier à l’avenir. »

Comment s’en sortir lorsque tout se ligue contre vous depuis l’enfance ? Brutalisé par son père, privé de la tendresse d’une mère, l’auteur est laissé à son sort entre les murs d’un pensionnat, dès l’âge tendre de 7 ans. Le coup de grâce prend la forme du bonnet d’âne dont les pères l’affublent en une dégradante punition. Ils croyaient le faire sombrer, ce sera le contraire. Au propre comme au figuré, Jean-Luc Charrière sse sauve. Il s’enfuit à Paris. Il n’a que 14 ans et va se relever, seul, et décider de prendre sa revanche en saisissant toutes les opportunités qui se présentent à lui.
Durant son service militaire, il obtient tous les permis de conduire possibles et part au Brésil piloter des engins de déforestation. Une première expérience suivie de biens d’autres au Moyen-Orient et en Afrique, jusqu’à la consécration : la fondation de sa propre entreprise de transports.

Le dernier prisonnier d’Arusha

« Je voudrais dire au lecteur qu’il a devant lui le récit d’un condamné par une juridiction dans laquelle il a toujours perçu des germes profonds d’injustice, cela même avant qu’il ne soit arrêté et jugé »

Durant plus de deux ans, l’auteur a été l’unique prisonnier du Centre de Détention onusienne à Arusha (Tanzanie), après le transfert de ses co-détenus dans d’autres pays.
Augustin Ngirabatware expose cette vie derrière les barreaux, pointant l’injustice qu’il a subie sans divulguer d’identités dans le respect des décisions du tribunal. Condamné par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), il s’étend sur les manipulations politiques et les lacunes de la quasi-totalité des procès du TPIR qui n’ont ciblé que les membres d’un seul groupe ethnique rwandais. Pour sauver la justice pénale internationale qu’il estime partisane, il propose la création par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une Commission Juridique Internationale Indépendante pour le Rwanda devant faire la relecture du legs du TPIR et proposer des solutions idoines.

À cœur vaillant

« Les gars… Faut que je vous annonce un truc de ouf ! J’ai un cancer ! Ah ! Vous ne vous attendiez pas à ça ? Vous pensiez que j’allais vous dire que j’avais enfin réussi à dompter le cœur de cette fille… Je vais dompter une nouvelle maladie, ça compte, non ? dis-je à ma bande en essayant de passer par l’humour pour qu’ils ne s’inquiètent pas. »

« Votre enfant a une maladie génétique très rare, nous ne savons pas ce qu’il a exactement ni… s’il survivra… » L’arrivée au monde de l’auteur a été saluée par ces mots suivis du funeste diagnostic de cytopathie mitochondriale. Terry Lourties a appris à marcher dans les couloirs de l’hôpital, frôlé la mort à plusieurs reprises et subi une greffe du foie.
Aujourd’hui, il court le monde et raconte avec un humour ravageur son parcours hors norme. Études, voyages, il dévore la vie à pleines dents, comme un pied de nez à la maladie qui l’a longtemps ligoté.

J’ai tué ma mère

« Je me sens tellement bien que je refuse à nouveau de me considérer comme une simple malade psychiatrique ! Je suis tombée à la suite de plusieurs échecs mais ce sont des accidents de parcours ! Je suis normale, comme les autres ! »

Tuer la mère ou le père, nous l’avons tous fait, la psychanalyse nous le confirme. Pour celle ou celui qui souffre de troubles psychiatriques, ce n’est pas un phénomène normal dans sa croissance psychique, mais une tension, source de grande détresse. Avec cette plongée autobiographique dans son mal-être, l’auteure nous entraîne dans son parcours souvent douloureux, constellé de doutes, à la recherche de solutions qui lui offriront un temps de répit.

La vie est un vaudeville

« Je repense au Vaudeville de ma vie et je plane. La vie est une fleur et l’amour est le miel et tout est si parfait que cela fait presque mal. Je pense à la maison que nous allons construire ensemble. Remplie de toiles d’araignées pour l’instant, il va falloir faire souffler notre vent. Que de fêtes allons-nous organiser dans notre maison ! Que de rires vont résonner dans ces murs ! »

Secrets d’un comique de situation réussi : la répétition, le quiproquo, la légèreté. La vie, nos vies, nous offrent tout cela avec une certaine constance. Aussi, plutôt qu’en prendre ombrage, profitons de ces faux pas offerts par le destin.
Faire son miel des belles choses et des plus tristes, en les écrivant, en les croquant, en les peignant, Anne de Kerchove et Annabelle Speeckaert ont fait leurs ce credo et le partagent avec entrain.

Mosaïque amoureuse

« Ils étaient mes muses éphémères – des hommes diurnes qui n’ont en chair plus que le mot, et de cher plus que le souvenir qui s’oublie.»

« Mosaïque amoureuse » est un recueil de fragments qui, chacun à leur façon, tentent de dire l’amour, et murmurent ses ruines quand il faillit. Tous sont nés de rencontres passionnées, parfois échouées, d’autres fois bienvenues. Certaines ne durèrent que le temps d’un soir, d’un rêve, d’autres furent un pan d’existence.
Aussi différents soient ces fragments, ils cherchent tous à raconter le souvenir, et aussi singuliers soient-ils, à évoquer un sentiment universel trop bien connu, mais à jamais trop peu compris – l’amour.

Touché par la grâce

« Dès les premiers soins, j’avais eu cette sensation qu’en fait, je n’étais qu’un miroir dans lequel les êtres se voyaient. Plus le miroir est pur, plus celui qui se regarde dedans voit son propre éclat, sa beauté. C’est le premier pas vers la guérison. La vérité est la lumière de l’âme. »

Après deux années de lutte, l’auteur a accepté la grâce qu’il a reçue, lui, l’homme ordinaire touché par l’extraordinaire. Cette expérience, il en témoigne, lui a apporté la Liberté d’âme. La foi, les vertus et les dons qui lui ont été confiés, font de lui un Serviteur du Vivant, un messager de la bonne parole.

Carnet d’un étranger au Japon

« Un torii surplombait l’entrée de l’allée, marquant la frontière entre la réalité et l’au-delà. Plus loin, tout était plus vieux, endommagé voire à l’abandon. Des portes, rouillées, tombaient en lambeaux. J’ai marché environ dix minutes sans savoir où cette voie me mènerait. Au bout trônait un sanctuaire recouvert de mousse, figé dans le temps. »

Récit d’un périple mémorable, ce carnet de voyage propose une aventure immersive au cœur de la beauté, de la diversité et de la richesse culturelle du Japon. L’auteur nous entraîne à sa suite dans une découverte du pays du Soleil Levant avec près de 600 km parcourus à pied et trois fois cette distance en train.
Sanctuaires paisibles au cœur de l’agitation urbaine, ruelles animées, expériences sensorielles retranscrites au plus près de l’émotion, ce livre est une invitation à l’émerveillement et à la curiosité.

La valse à 5 temps

« En fait, je veux transmettre avant de disparaître pour que les vies passées ne soient pas perdues.
L’intention n’est pas testimoniale dans le sens classique mais repose bien sur une envie de transparence et de transmission. Je sais que parfois la vie n’accorde pas assez de temps pour déployer cet espace de la transmission entre les générations. »

Loin de la danse de salon, cette valse asymétrique nous emporte sur le flot d’une vie intranquille. Orphelin trop tôt d’un père tant aimé, papa de filles adorées, divorcé, séparé, l’auteur passe en revue les étapes mémorables de son existence qui le voient faire un grand écart professionnel, géographique et sentimental. Témoignage mêlé d’un intime bilan, La valse à 5 temps décompose et analyse les figures imposées par la réalité : sous une apparente simplicité, une attention de tous les instants et la nécessité d’avancer en accord avec sa partenaire et ses propres valeurs.

Le vent du changement

« Et d’invitation en invitation, les apéritifs s’enchaînent. Tout cela, malgré tout, reste dans la limite du raisonnable. Mais tout de même, c’est relativement répétitif. Je rencontre également les personnes qu’il considère comme sa seconde famille et, à chaque visite, nous ne buvons pas que de l’eau ! »

L’alcool est une boisson festive qui peut, insidieusement, devenir un problème. Si chacun a sa façon de faire face au quotidien, aux difficultés, d’exprimer ses émotions, l’héroïne de ce récit témoigne avec beaucoup d’honnêteté de l’addiction qui a été la sienne. Elle évoque son combat pour s’en sortir et partage avec le lecteur tous ses espoirs concernant sa nouvelle vie.

Dialogue de sourdes

« Surdité : Oui, je sais. Mais tu réalises que, ça, c’est parti,
fini. Que je ne m’en irai pas. Que, peu à peu, je serai tout
entière toi. Comment peux-tu conserver une part de déni ?
Catherine : Cela fait déjà longtemps qu’intellectuellement,
j’ai entamé le deuil de mon audition. Mais c’est un processus
long. Et psychologiquement et émotionnellement,
j’avoue que je n’y suis pas encore arrivée. Pitié, non ! Tout
plutôt que de ne plus pouvoir communiquer, communier. »

Elles se toisent, s’observent, entre elles l’animosité est palpable. L’une, épanouie, vive, répond à l’autre, terne et malveillante. Elles sont les deux visages de l’auteure : la femme rayonnante à qui tout semble réussir et la femme porteuse d’un handicap invisible qui la fait souffrir.
Leur dialogue en forme d’introspection est un témoignage profond, poignant et drôle à la fois, qui dévoile le combat de tous les instants que mène l’auteure, pour prendre appui sur sa surdité et en faire une force intérieure qui balaye tous les obstacles.

1940 Histoire d’une défaite : ses conséquences

« Le lendemain, je revois aussi les hommes réunis qui conversaient entre eux sur ce qu’allait être leur devenir… Ils parlaient de l’arme dans laquelle ils avaient fait leur service militaire et de leur affectation probable. Un jour ou deux après, je revois le maire de la commune fixant avec des clous sur une porte de grange l’affiche de la mobilisation générale.
Ainsi, le sort en est jeté »

Lorsque la guerre éclate en 1939, l’auteur a sept ans. Il est un adolescent lorsqu’elle s’achève. Aujourd’hui encore, il garde un souvenir très vif de toute cette période.
Il revient sur les événements et les figures les plus saillantes, Pétain et Laval notamment. Et soulève la brûlante question de la Collaboration : en quoi consistait-elle ? Qui étaient ses zélateurs ? Les dirigeants d’alors ont-ils composé avec l’ennemi pour servir la France ou au contraire la trahir ?
L’auteur replonge dans ce passé avec neutralité, en portant à la connaissance du lecteur les pièces à charge et décharge.

Les griffes du médecin

« À force de devoir être forte, de pleurer et de crier seule dans ma chambre, de devoir affronter mes peines, seule, je suis devenue super indépendante »

Mêlant réflexions et anecdotes, ce témoignage âpre et déroutant nous invite à adopter la bienveillance comme mode de pensée. L’autrice présente son parcours de jeune maman et d’artiste, raconte les larmes, les épreuves et la façon dont elle a appris à s’en extraire. Une leçon de courage et d’amour.

Mes nuits sont aussi belles que mes jours

« Une petite préférence à cette époque pour les femmes mariées délaissées ou en manque.
Un peu de psychologie pour les reconnaître et quelques phrases bien choisies pour les faire sourire et il arrivait que la rencontre se fasse.
Et me voilà reparti dans ce qui était devenu mon loisir. Le sexe, toujours le sexe, encore le sexe et toujours plus de sexe.
Aujourd’hui, avec le web, tout cela est simple.
À cette époque, il fallait du talent et du charme, et j’en avais. »

Ce livre propose une plongée dans la vie mouvementée du narrateur. Abusé lorsqu’il était jeune, il s’est ensuite découvert une passion pour le libertinage, ce qui n’a pas été sans répercussions sur sa vie personnelle. Il en garde pourtant de jolis souvenirs…

De l’Enfant intérieur

« Ouvre les yeux, Enfant, ne les ferme pas. Ouvre-les au monde entier, pour l’Amour de Dieu dans le cœur de chaque homme. Alléluia ! Que Dieu soit loué ! L’heure est proche, ne l’oubliez pas. Avance, ne doute pas, même si les apparences sont trompeuses. Les chemins sont tortueux et souvent déroutants, tu le sais, Enfant. Reste dans l’Amour ! Dieu te garde. »

« De l’Enfant intérieur » se présente comme un recueil de messages reçus par canalisation d’anges et d’archanges des hautes sphères ainsi que de l’Être de la rectitude en tant que flamme jumelle. Les encouragements succèdent aux mots d’amour, avec tendresse et douceur, dans le but de guérir l’âme de l’autrice.
Ce parcours, Véronique Klesse en fait part comme une inspiration à l’élévation et invite ses lecteurs à prêter attention au souffle divin.

Chroniques du mépris ordinaire – Placements abusifs

« Dans cette matière qui désormais est ma maison règne le silence, en raison du huis clos que l’on impose, car il s’agit d’enfants. Pas de public, pas de journalistes aux audiences, pas de proches, pas plus aux rendez-vous avec les services, le silence est la loi. Un silence qui vient parfois, souvent, trop souvent, couvrir des dérapages inacceptables et violents, qui viennent détruire la vie des gens. Alors, depuis un peu plus de deux ans, je témoigne de ce que j’ai vu. De ce que j’ai entendu, de ce qui est l’horreur que vivent les parents d’enfants placés. »

330 000 enfants relèvent de l’aide sociale à l’enfance et 226 000 sont placés en famille d’accueil ou en foyer.
Maître Michel Amas, avocat au barreau de Marseille, défend les familles d’enfants placés. Il dresse un état des lieux accablant des institutions chargées de protéger ces mineurs. Au travers de 50 cas, 50 dossiers, il surligne les problèmes et les errements de ce système à bout de souffle.Il formule surtout des propositions pour que les enfants placés soient en France véritablement accompagnés, sauvés et soutenus.

Bestiaire « d’animamitié »

« Il y a des zoos qui ont assez d’espace pour créer des zones de semi-liberté pour les animaux et ces derniers souffrent moins que dans les zoos où ils n’ont qu’une cage ou un petit espace pour vivre. Ces lieux restent cependant des prisons pour les animaux. L’ours tourne en rond dans une petite cage, ce qui, comme le lion, le rend fou. Les éléphants, grands marcheurs à l’état naturel, se balancent tout le jour de droite à gauche en signe d’ennui profond. »

Animamitié ? L’auteure a forgé ce néologisme pour désigner l’amitié qui devrait exister entre les animaux quels qu’ils soient et l’homme, en évitant toute prédation. Ginette Dubouis prend le parti de la condition animale et narre dans ce manifeste sa relation avec eux, cigale, pie, chien, chat, lapins… Eux tous, nos égaux, de chair et de sang, ayant leur psychologie et vie sociale propres.

Mémoires d’une enfance rurale

« Nous sommes deux décennies après la fin de la Seconde Guerre mondiale, époque où les îles sont fortement rurales, la décolonisation s’instaure dans la plupart des pays du tiers-monde, et l’urbanisation en est à ses balbutiements.
Un petit garçon naît et découvre très tôt ce monde rural, avec les travaux des champs, le rythme des saisons bien marqué aux Antilles, l’hivernage correspondant à la période des pluies de juin à décembre, et le carême à la période sèche de janvier à mai, c’est à cette période que la récolte de la canne à sucre bat son plein. »

L’auteur se laisse voguer au gré des souvenirs et des émotions soulevés par les paysages de Guadeloupe. Il évoque ses jeunes années à Basse-Terre, dans un environnement agricole – son père dirigeait une exploitation cannière -, puis au Lamentin dans le village de sa mère.
Témoignage précieux d’usages maintenant quasi disparus, « Mémoires d’une enfance rurale » fait revivre entre ses pages les activités et traditions populaires qui rythmaient alors la vie agraire.