Thème : Romans

La Fille du miel

« Nos têtes sont inclinées près du visage blafard de notre mère. Ses yeux sont clos. Ses belles mains amaigries reposent sur le drap blanc.
La petite aiguille de son horloge intime s’est arrêtée à dix heures. J’ai crié encore une fois « maman ». Ce mot tellement répété s’est étouffé dans ma poitrine. Dans le grand silence de cette chambre, nous l’avons regardée longtemps. Nous voulions nous imprégner d’elle. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés, muets, figés. Mon frère s’est levé :
– Rose, je vais au jardin.
Le vent rabat quelques légers flocons de neige contre les vitres.
Je ne peux pas la quitter, je sais ce qu’elle attend encore de moi. »

Marcelle est une petite suissesse. Entourée d’une famille aimante, elle grandit dans un pays qu’elle chérit. Mais lorsque la fillette va avoir douze ans, son père décide de s’exiler en France. Devant quitter tout ce à quoi elle est attachée, une profonde rupture naît en elle. Marcelle est bouleversée, ce changement de vie la marquera à jamais.

D’une plume triste et sincère, l’auteure dévoile l’histoire d’une femme en proie à toutes les difficultés d’aimer. Brisée dès son plus jeune âge, celle qui n’arrivera jamais à se défaire de cet éloignement nous transporte dans un spleen sans équivoque.

Le tourbillon de la vie

« Maurice avait tenu à inviter le curé de l’église Saint-Sulpice à l’office. C’était important, le prêtre avait toujours répondu présent, ces dernières décennies, face à ses doutes, ses détresses, voire à ses indignations. Il était en quelque sorte le régulateur spirituel du chef de famille, comme Maurice aimait à le souligner. »

Paris, 1978. Quelques années sont passées, Clarisse finalise sa thèse de philosophie et découvre le bonheur parental avec Philippe. David, frère de Philippe, a pris un virage personnel inattendu. Gérard, frère de Clarisse, débarque du Brésil sans crier gare, tandis que les deux familles se trouvent plongées dans une pittoresque et frénétique chasse au trésor !

C’est dans un style enlevé que nous retrouvons ainsi nos deux familles bourgeoises de l’est parisien à la fin des années 70. À travers toute cette agitation urbaine, le fil conducteur semble être le mariage promis de Clarisse et de Philippe. Un dénouement que tous les proches semblent attendre avec impatience. Trop intensément, peut-être ?

Le livre de Bernard Allègre

« Il fit très chaud cet été-là dans la vallée du Rhône. Certains après-midi de la fin du mois de juillet, la température sous abri atteignit et dépassa même 40 degrés… Les fruits donnèrent tous les signes d’une maturité précoce. La saison en arboriculture s’en trouva presque partout écourtée ».

Le lecteur trouvera ici la suite des trois précédents tomes du Livre de Bernard Allègre, livre que son auteur nous a dit vouloir, comme Chrétien de Troyes pour le premier des siens, qu’il reste « dans les mémoires tant que durera la chrétienté ».

Cette curieuse volonté, nous l’avons vu, termine un long avertissement que l’auteur, âgé et désireux de garder l’anonymat, se réserve de mettre un jour en exergue à l’œuvre complète, si, comme il le dit, Dieu lui prête vie.

Le présent quatrième tome voit donc s’achever le cycle des années de formation intellectuelle du héros, mais il poursuit le récit de ses « périlleuses aventures » morales en France et bientôt en Afrique.

Version moderne d’une « nouvelle continuation » donnée à la dernière œuvre inachevée de Chrétien de Troyes, nouvelle quête aussi d’un Graal pleinement restitué à ses origines chrétiennes, ce récit lucide et sans concession retrace la quête existentielle, mais surtout spirituelle, d’un jeune chrétien de la fin du XXe siècle.

Des larmes de miel

« Un visage agréable qui inspire le calme, la douceur. Il a des cheveux grisonnants, il devait être blond. Je n’aime pas spécialement les hommes blonds, celui-là dégage quelque chose d’apaisant, de serein.
Il semble un peu aventurier, un peu globe-trotteur. Pourquoi ne pas faire plus ample connaissance avec lui ? Derrière mon écran, je ne cours aucun risque… »

Lise rencontre Claude au hasard de ses navigations virtuelles. Un homme intéressant, voyageur, avec qui elle finit par développer un lien plus qu’amical, via Internet… Mais Claude est bien trop mystérieux pour être honnête et Lise, loin d’être naïve, cherche à découvrir le pot aux roses !

Dans un récit tout en rebondissements au parfum de vécu, Lucette Bohl délie une plume tendre et espiègle pour nous montrer avec simplicité que les ficelles ne sont pas toujours tirées par celui qui le croit.

Jeanne

« 1900 dans la belle Dordogne
C’était la fête au village de Saint-Genis du Bois.
Berthe quitta la maison accompagnée de son frère, elle était heureuse, elle allait retrouver le beau Frédéric qui n’avait d’yeux que pour elle. Elle avait mis sa jolie robe blanche, bien corsetée, ses jolies bottines et dans sa petite bourse, le mouchoir qu’elle avait brodé et qu’elle devait lui offrir. Les joues rougies sur une peau mate tannée par le soleil de Gascogne, ses beaux cheveux bruns tombant sur ses reins, lui donnaient l’air d’une petite sauvageonne au regard ardent.
Alors que son frère confiait son attelage au garçon d’écurie, Berthe aperçut au loin Frédéric ; à chaque rencontre, elle retombait sous le charme de ce garçon aux cheveux bruns frisés, aux yeux gris-vert où passaient tous ses sentiments ; son sourire rehaussé d’une fine moustache le distinguait des autres garçons de la commune, il était beau de cette beauté virile et raffinée qui contrastait avec la rudesse de ses camarades. »

Poser sa pensée et y trouver le fil qui mène à raconter une histoire, son histoire. Tel est le point de départ de l’auteur qui retrace un parcours parsemé d’épreuves, de douceurs et souvent de difficultés. De la Dordogne à Paris, une chose est sûre, sa force intérieure s’est décuplée !

Au fil des pages, l’auteur se souvient, invente, mélange et digresse. Entre rêve et réalité, il en ressort une profonde envie de mettre à jour une tristesse exultée et un bonheur espéré.

De formation classique, Jeanne Huteau est toujours restée attachée à ces valeurs traditionnelles. Profondément encline à l’art, elle aime l’écriture virile de Joseph Kessel autant que la puissance vocale de Louis Armstrong. Une forme d’éclectisme retrouvée dans le style de ce premier ouvrage.

L’espion laissé en rade

« Donner un petit coup de pouce aux savants soviétiques, à “l’ours”, dans leurs travaux sur la conquête spatiale ou la fission de l’atome et – ce n’était jamais exprimé – dans la conquête du monde où lui-même et des milliers d’autres pourraient alors reposer en paix, avec la satisfaction du devoir accompli, de services rendus à l’humanité, dans l’ombre certes, mais avec zèle et efficacité, constituait pour lui une haute et magnifique mission sur terre : la paix dans la justice, l’égalité et la fraternité des peuples, la fin de l’esclavage pour les prolétaires de tous pays. Utopie ? »

1982, quelque part dans les bois d’un massif montagneux à la frontière franco-italienne. Lorsqu’il découvre le cadavre en décomposition d’un inconnu, le commissaire, fin limier, devine aussitôt que l’enquête sera aussi longue que difficile. En effet, se trouve à proximité une centrale hydro-électrique abritant des recherches ultra confidentielles et sans doute explosives, dans tous les sens du terme. Les opposants et autres intrus ne sont pas rares dans le secteur : un espion, brillant ingénieur naturalisé allemand et acquis à l’idéologie communiste, entend y subtiliser des secrets majeurs. Sa fille, conditionnée pour devenir une redoutable et irrésistible Mata-Hari, l’accompagne pour séduire le responsable de cette usine décidément très convoitée… Arriveront-ils à leurs fins ?

D’une plume aussi drôle que débridée, Jy Hache enchaîne les rebondissements sur fond d’événements historiques marquants, et que nous redécouvrons avec intérêt, curiosité et parfois même, étonnement.

Les 29 jours du Roi Bissextile

Pour être bissextile, une année doit remplir deux conditions : être multiple de 4 et, pour les centaines, multiple de 400. Mais pour être Roi, quelles sont-elles ?

Pour être bissextile, une année doit remplir deux conditions : être multiple de 4 et, pour les centaines, multiple de 400. Mais pour être Roi, quelles sont-elles ?

À cette sensibilité que nous lui connaissions déjà, Jean-Paul Rosart s’arme ici de dérision et s’empare du surréalisme. En y injectant l’absurde, il lui donne tout son sens : qu’il soit Ubu, élu ou imaginaire, ce roi en intérim n’est qu’une satire du pouvoir, l’ectoplasme d’un gouvernement. Résolument théâtral – car l’auteur sait teindre sa plume d’une cruelle gravité tragique – ce récit sonne comme le chant du cygne de la toute-puissance, le grincement désespéré d’un rouage condamné à tourner dans le vide. C’est qu’il a toujours manqué une pièce dans l’engrenage des chefs et un boulon chez les hautes instances. D’hier à aujourd’hui, le constat de l’écrivain reste le même : inchangé, le texte n’en est que plus lucide.

Comme une colombe en plein vol…

« Si lourd qu’ait été le passé, il reste pour elle, éminemment respectable et plus glorieux que le présent décadent qu’elle vit à présent et qu’elle supporte de moins en moins.
C’est ce passé qui lui a donné ses racines puissantes, qui lui a permis de s’ancrer durablement dans ce monde hostile et les moyens d’affronter sans faillir toutes les tempêtes.
C’est ce passé qui a façonné la femme qu’elle est devenue avec ses fragilités, mais sa force aussi. »

Pour Odette, une petite paysanne vouée aux durs travaux de la ferme et des champs dans les années 40 en Corrèze, l’horizon qui se profile n’est pas bien palpitant. Mais en saisissant avec courage les opportunités qui se présentent à elle, la jeune campagnarde prend son envol, envers et contre tous. Direction Paris ! Sera-t-elle suffisamment forte pour affronter les réalités de la vie citadine ?

À travers ce récit, Muriel Batave-Matton nous entraîne avec émotion sur deux décennies faites des rêves, espoirs, des découvertes et doutes de son héroïne. Du cœur de la campagne profonde aux sommets des mirages de la vie parisienne, ce roman dépeint l’exode rural et brosse une fresque humaine et résolument féminine, en entrecroisant plusieurs portraits singuliers.

Sous le masque

Londres, 2008, le soir d’Halloween. Josué est un beau trentenaire français, déguisé pour l’occasion, à qui tout semble avoir réussi. Pourtant, sous le masque qu’il porte, le désespoir le ronge… Seul et enivré sur le pont de Waterloo, il se penche vers le vide. Soudain, quelqu’un l’arrête : une jeune fille à la chevelure rousse, masquée elle aussi.

Qui est cette étrange inconnue qui lui a sauvé la vie, sans lui laisser ni nom, ni visage ? Pourrait-il la reconnaître ? Aurait-il rêvé ?

Après cette rencontre aussi anonyme qu’intense, le retour à la réalité frappe durement le jeune homme. Mais au fond de lui, quelque chose a changé : l’espérance d’obtenir des réponses à ses questions, et surtout, de retrouver un jour son amie au masque blanc.

L’héritier du vent. Tome III : La Nuit des Flambeaux

Sans se défaire de son assurance, Satora s’expliqua sur ses intentions. « Sois rassuré mon ami, je sais parfaitement ce que je fais. Vois-tu, le petit peuple se dresse comme un chien. Il peut facilement prendre un nouveau maître si celui-ci assure sa pitance et sa sécurité… Ce n’est pas vrai que le monde s’est régulièrement fait asservir par des dictateurs car là où personne n’obéit, aucun individu seul ne peut diriger. Mais parfois, un aboyeur haineux doublé d’un roquet démagogue séduit les simplets. Et il lui est ensuite aisé de former des suiveurs, des collaborateurs, des soldats ou des matons. En bref, de parfaits citoyens seront prêts à soumettre leurs semblables pour un toit et un morceau de pain. Même si leur chef donne des ordres moralement discutables, qui vont à l’encontre du bien public, ces ignares le serviront aveuglément, jusqu’à remplir des camps de contestataires, réprimer des insurrections populaires, abattre des innocents, alimenter les bûchers et creuser les fosses communes.
La nature humaine est fascinante et je pense qu’il n’y a aucune limite à sa cruauté dès lors qu’un supérieur assume la responsabilité des pires exactions… Je compte mettre ces connaissances à profit pour m’attacher les services de troupes fidèles… L’essentiel étant que leurs membres ne réfléchissent pas ! Ils doivent juste obéir aveuglément et charger sans hésitation la foule des dissidents, même s’il se trouve dans les rangs des insatisfaits leurs parents ou leurs propres enfants… Un pays ne se soumet pas à un homme, il se soumet aux forces de répression qui travaillent pour cet homme. »

« Quelle ironie ! » Cracha Aïhann. « Gens d’armes et militaires sont supposés défendre une nation et finalement, ils servent surtout à dominer le peuple, tout en le tenant à l’écart du grand banquet où festoie une minorité de fous ! »

Satora lâcha un rire cynique qui résonna dans la grande salle de réception. « Fais attention au vocabulaire que tu utilises ! C’est nous qui sommes désormais à la table du banquet ! »

Ô Sorbonne !

« Mais qu’est-ce que j’y foutais, moi, se dit P’titjean, dans cette auberge mystérieuse, en plein Moyen Âge, en compagnie de gens aussi bizarres ? Comme cet abbé trop plein de science, qui pour faire étalage de son érudition ne parle que par sentences ? Ou ce ménestrel ambulant qui se fait passer pour troubadour et qui assure sa substance quotidienne en se traînant par les tavernes pour échanger d’improbables générosités avec ses chansons d’amour courtois ? »

À tout juste 18 ans, P’titjean est un jeune homme lunaire et rêveur, absorbé par la lecture. En mouvement constant, il s’invente d’autres personnages, d’autres lieux, d’autres liaisons, si légères et si fluides que son corps et son esprit voltigent dans les nuages, dans un univers étrange et lointain. Et c’est ainsi qu’au cours de ses rêveries, le temps court, se dérobe et s’emporte. En un rien il passe d’une époque à l’autre, d’un lieu au suivant, sans souci de précision. Alternant entre imagination et réalité, il se double en un P’titjean illusoire, au gré des époques et des espaces.

Au travers de ce roman, Giorgio De Piaggi s’empare à nouveau de ce qu’il aime à tordre, distendre, rendre impalpable ou au contraire inévitable : le temps et l’espace. Éthérée, parfois troublée, il recrée une temporalité reflétée par le seul prisme de l’imagination, insoumise aux caprices des hommes.

Laureline ou le dernier run

« – Papa ! Papa, tu t’es endormi ?
– C’est ton tank aseptisé qui m’a assommé. Je ne me suis jamais endormi sur ma bécane.
– Je sais, papa, mais ta bécane, c’était il y a vingt ans. Tu ne peux pas vivre toujours dans le passé. Tu as soixante-seize ans, il serait temps de changer de disque, non ?
Je détournai les yeux du tableau de bord du Range Rover sport qui me traînait vers un nouveau mouroir… un de plus. Le paysage qui défi lait ressemblait à un décor de film à petit budget, et les commerces ternes qui bordaient la route me donnaient la nausée. La voiture s’engagea sans heurt sur un petit chemin goudronné, à travers un parc planté de pins. Je sentais Christian tendu. Mon fils ! Encore aujourd’hui, j’ai du mal à associer ces deux mots. »

Jack est un vétéran de la vie. Arrivé depuis peu dans une énième maison de retraite, il y fait la rencontre d’Albert, fonctionnaire retraité, et de Melvin, ancien légionnaire au passé trouble. En dépit de leur méconnaissance, Albert identifie rapidement Jack, car même si leurs routes ne se sont jamais croisées, un point les rattache : Laureline.

De cette rencontre va naître une réelle complicité, mais pour Jack, la fraternité a un sens particulier, et quand Albert se retrouve menacé, les méthodes peu orthodoxes qui ont guidé sa vie vont vite reprendre le dessus… On les croyait déjà morts, on se trompait !

Thierry Vigouroux Saint-Jacques révèle ici un roman d’aventure vif et touchant. Inspiré par des grands noms tels que Jacques Audiard, Henri Lœvenbruck ou encore Éric Giacometti, l’auteur joue avec les références tel un funambule agile.

Frères de Plume

À l’évidence, chacun de nous, a, en matière de journalisme, ses maîtres et ses modèles. Les miens resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Ce sont mes frères de plume, « mes » Français de Maroc-Presse.

Sa première carte professionnelle : l’acte de naissance du journaliste ! Son heure vient de sonner à la grande horloge de la Presse. Le voici admis au sein des fins ciseleurs du verbe, des titreurs d’élite et rubricards hors pair, des funambules du calembour et de la métaphore. Avec ou sans stylo, avec ou sans filet.

Il allait vivre des éternités, des années, des mois, des heures uniques aux montres. Approcher et connaître des êtres d’exception qui ont écrit l’Histoire de son pays : Mohammed V, Hassan II, Mohammed VI, Mehdi Ben Barka, Mehdi El Manjra, Mahjoub Ben Seddik, Mohammed Zerktouni, Brahim Roudani et leurs compagnons de lutte. Et ses frères de plume, ses Français de Maroc-Presse.

Il s’y voyait déjà, saisi d’une jubilation muette, à la Une. Un règne sans partage, un squat de long en large, sur cinq colonnes – pas une de moins – à coups de scoops, d’enquêtes et de grands reportages. Albert Londres n’est pas son cousin !

Mais très vite, la réalité s’impose à ses rêves de novice. Avant même de remettre sa première copie, il reçoit de la Presse sa première leçon : « Tu passeras ta vie à faire tes débuts… ».

Les beaux enfants du Marais

« – Heureusement que je t’aime bien mon frérot. Néanmoins, un mao n’a que faire des staliniens ; alors ne comptez pas sur moi pour faire l’offusqué. Je ne suis même pas effleuré par cette annonce.
Ils commandèrent leur repas, sans plus penser à leurs démêlés familiaux. Si les parents étaient tristes, les enfants semblaient beaucoup moins affectés, au moins tous les trois étaient soudés et se nourrissaient de cette force unitaire. »

Paris, 1973. Dans une France post-soixante-huitarde en quête d’un second souffle, deux familles unies par l’amitié et l’amour de leurs enfants sont confrontées à de multiples démêlés politiques, judiciaires et professionnels. Clarisse, Philippe et David finissent leurs études, deviennent professeurs ou s’établissent en usine. Les rues du Quartier latin sont un peu leur jardin, et quand un cousin débarque en fuite de Tahiti, de nouvelles aventures parisiennes les attendent. Les parents, lancés en politique ou à leur compte, ne sont pas en reste…

Ce récit est celui des années 70, des certitudes, des combats et des bouleversements sociétaux de l’époque, alors que pointait déjà la crise économique en Occident et que les réformes des droits des femmes bousculaient enfin les schémas de pensée traditionnels.

Le livre de Bernard Allègre

« Bernard était sous le charme… Toute la personne et le discours du professeur éveillaient, attisaient maintenant sa curiosité… La richesse et la netteté du panorama littéraire qu’il dressa dans le quart d’heure le remplit d’admiration. Il eut le sentiment très net, et proprement enthousiasmant, d’apprendre pour la première fois beaucoup en très peu de temps. »

Le lecteur trouvera ici la suite du Livre de Bernard Allègre, livre que son auteur nous a dit vouloir, comme Chrétien de Troyes pour le premier des siens, qu’il reste « dans les mémoires tant que durera la chrétienté ».

Cette curieuse volonté termine un long avertissement que l’auteur, âgé et désireux de garder l’anonymat, se réserve de mettre un jour en exergue à l’œuvre complète, si, comme il le dit, Dieu lui prête vie.
Le présent troisième tome poursuit le cycle des années de formation et d’apprentissage du héros. Il sera donc suivi de plusieurs autres qui achèveront le récit de la vie et des aventures de Bernard Allègre en France et en Afrique. Version moderne d’une « nouvelle continuation » donnée à la dernière œuvre inachevée de Chrétien de Troyes, nouvelle quête aussi d’un Graal pleinement restitué à ses origines chrétiennes, ce récit lucide et sans concession retrace la quête existentielle, mais surtout spirituelle, d’un jeune chrétien du XXe siècle.

Mise à nu

« Maxence a toujours été en haut, depuis l’âge de 22 ans, il ne connaît pas les joies et les peines des différentes marches vers le sommet. Sa capacité à discuter avec les corps intermédiaires est quasi nulle. Il délègue les sales besognes et paye pour cela. Il trouve toujours des volontaires. De ce point de vue, il est devenu clinique, cynique, égotique et obsédé.
Le malheur des autres ne le touche pas tant il est habité par un bonheur présent et futur : le sien qu’il assimile un peu sommairement au bonheur de ses employés. »

Maxence de Belleaucourt est un jeune homme bien né au destin prometteur. Intelligent et ambitieux, il assure son ascension sociale et professionnelle en prenant la direction d’un grand groupe et en se composant une famille modèle. Mais alors qu’il est au sommet, le monde – son monde – s’écroule : abandonné de tous, il se noie dans une profondeur qui lui paraît infinie. Mis à nu, c’est échoué sur la berge de sa propre solitude que Maxence part à la recherche de son âme…

L’enfant de la montagne

« En osmose avec Gaellka, nous filons dans l’espace. De temps en temps, Gaellka se met en surbrillance et je vois un puissant serpentin brillant à l’infini devant moi. Avec Gaellka, nous communiquons par télépathie. »

Vivian descend des étoiles et embarque pour un voyage peu banal. Dans l’infinité cosmique, « l’enfant de Vénus », parcourt la galaxie et se déplace au gré de la Voie lactée. Doté de pouvoirs démesurés, il absorbe toute la connaissance du monde, remonte les âges et défie l’histoire. Éveillé par sa force positive, il chasse l’obscurantisme. Omniprésente, la magie l’entoure. Redevenu terrien, l’enfant de la montagne naît dans une famille miséreuse mais honnête : élevé dans l’amour, il propage la sagesse et la bienveillance autour de lui. Du mystère au paranormal, il n’y a parfois qu’un pas…

Le mystère Siegrid

« Tous humains, tous végétaux… tous étaient concernés par cette réalité de fait : oui, Il, Lui, le Christ était de retour sur Terre. Les télévisions transmettaient. Les radios électrocutaient à coup de Christ, de crucifix, de amen et tous autres gadgets religio-culturels. On faisait des films sur moi. On pensait 24 h sur 24 h à moi. J’étais celui dont on parlait… »

Quelque part entre l’ici et l’ailleurs, le rêve et la réalité, l’imaginaire et le réel, le vrai et le faux, José Russotto attend Siegrid. Belle, blonde et gironde, elle est telle qu’il se l’est toujours imaginée. Parfaite mais insaisissable, Siegrid est un mystère universel représentant à elle seule le secret de la femme et de ses fantasmes, du oui et du non, du peut-être et du jamais.
Alors qu’il est tout-puissant, elle le rejette et s’enfuit. Pourra-t-il un jour la retrouver, afin de s’unir à elle et ressusciter les morts ?

Raizy, le manager est un imposteur

« Mais une chose est remarquable chez Raizy ; là où il n’y a point de défi, il en crée pour lui afin de donner plus d’ambiance à sa vie et susciter l’intérêt ou la curiosité du plus grand nombre à sa personne. Il dit toujours que les grands dans la vie ne construisent pas leur vie, mais construisent une histoire pour bâtir la vie des autres. »

Raizy l’a toujours su : si la vie nous réserve beaucoup de surprises, il faut la surprendre afin d’éviter d’être l’une de ses nombreuses victimes. À la fois sage et ambitieux, il fait de ce leitmotiv une vraie rigueur morale.

Pour le jeune leader, tous les hommes sont des managers en devenir, appelés à gérer au mieux et en permanence leur image, leur personnalité et leur vie. Et pour réussir, il faut incarner avec perfection plusieurs rôles, plaisants ou non. C’est alors que le manager devient un imposteur.

Une année en France

« Une saveur printanière doublée d’une gravité de bon aloi auréolait des
visages à la fois détendus et déterminés. Les premiers slogans hostiles à
l’autorité, aux forces de l’ordre et au pouvoir se fabriquaient avec une forme
de spontanéité à peine contenue. »

Étouffés par le carcan moral étreignant la France gaulliste des années soixante
et opposés à la société de consommation imposée, la jeunesse française s’est
brusquement révoltée lors des célèbres affrontements de mai 68. Philosophe
féru de politique, Christophe Agogué imagine une fresque sociale vivante,
dans laquelle deux familles parisiennes se confrontent aux événements sans
précédent de cette période historique.
Dans ce récit dynamique au style contemporain, il noue une intrigue prenante
tout en nous interpellant sur les origines de ce mouvement révolutionnaire, à
la fois poétique et idyllique, à la limite de l’utopie. À travers les péripéties de
ses protagonistes, il ranime les remises en cause des modèles économiques,
éducatifs et sociétaux. Convainquant, il nous entraîne dans une promenade
à travers un Paris en pleine mutation urbaine et idéologique. Sous les pavés,
déjà, la plage…